Interview de la semaine

« Les compagnies doivent prendre conscience des avantages compétitifs du marché français »

Publié le 25 août 2016 à 8h00    Mis à jour le 2 septembre 2016 à 18h01

Florence Duflot

Mathieu Berrurier, président du Groupe Eyssautier

Florence Duflot
chef de rubrique

Courtier d’assurance spécialisé en transport et Lloyd’s broker, le Groupe Eyssautier réalise de plus en plus de missions d’audit et de conseil. Son président, Mathieu Berrurier, commente les évolutions du marché et les travaux de l’Ucamat.

Vous avez repris la présidence du cabinet Eyssautier au printemps dernier dans un contexte particulier. Comment appréhendez vous votre nouvelle fonction ?

Comme vous le savez, Paul-Eric Eyssautier, petit-fils du fondateur, est décédé brutalement à Dubaï en mars dernier alors qu’il y avait ouvert un bureau en novembre 2015, obtenu la licence et engrangé ses premières affaires. J’étais son bras droit et travaillais avec lui depuis une quinzaine d’années. L’assemblée générale des actionnaires (familiaux, managers et fonds d’investissement) m’a promu à la présidence pour reprendre le flambeau. Il m’appartient de relever ce défi dans un environnement économique très difficile. Car toutes les branches du transport sont en panne. Armateurs, traders, chargeurs souffrent de la crise. Nos résultats 2015 s’en ressentent. Nous accusons un repli de notre chiffre d’affaires cette année, mais je suis très optimiste pour l’avenir.

Comment se positionne aujourd’hui le Groupe Eyssautier et quels sont ses points différenciants ?

Ce courtier familial, au profil atypique, a été pendant vingt ans dans le giron de Gras Savoye et en 2013 nous avons repris notre indépendance. Nous sommes un courtier de niche avec une équipe commando d’une cinquantaine de personnes. Pour traiter nos affaires, nous nous appuyons sur des juristes spécialisés en droit maritime. Nous intervenons pour le compte de nos clients armateurs, affréteurs, traders, chargeurs et autres professionnels du transport. Outre notre métier de courtier d’assurance, nous réalisons de plus en plus de missions d’audit et de consulting pour ces derniers. L’une de nos forces est, au travers de nos quatre sites (Paris, Marseille, Londres et Genève) de privilégier la relation la plus directe entre nos clients et nos assureurs. Pour cette raison, nous sommes Lloyd’s broker depuis 2005, et si nous privilégions toujours les assureurs du marché français, nous plaçons aussi une part importante de nos risques hors de l’Hexagone. Nous comptons beaucoup de clients internationaux dans notre portefeuille et un nombre croissant de grands groupes industriels et de sociétés du CAC 40.

Comment se présente le marché d’assurance transport pour les courtiers ?

La concurrence est vive mais pour la grande majorité d’entre nous, la discipline de souscription reste de mise. Une vingtaine de courtiers se partage le gâteau en France. Il n’y a plus de nouveaux entrants et la concentration se poursuit. Exemple avec S2H qui a racheté Cap Marine. Les primes restent orientées à la baisse alors que la sinistralité ne cesse d’augmenter. Nous nous attendons donc à un renversement des tendances de marché pour cette fin d’année.

Quels sont les relais de croissance de la branche et les innovations produits ?

Les compagnies doivent innover, prendre conscience des avantages compétitifs du marché français, se rassembler, en d’autres termes, être moins individualistes et revenir au corporatisme, cher aux Anglais. Des risques émergent, tels que les énergies marines renouvelables (EMR). Les risques de guerre, risques terroristes et politiques évoluent, et des réflexions sont en cours chez nous pour développer de nouveaux produits. Pour répondre aux besoins de nos clients, nous tablons sur notre expertise, sur notre valeur ajoutée, sur l’excellence de nos équipes et sur leur grande disponibilité.

L’Union des courtiers d’assurance maritime, aviation et transport (Ucamat) cherche justement à rassembler et relancer l’idée du marché français de l’assurance maritime et transport. Quelles actions compte-t-elle mettre en place ?

L’Ucamat, que présidait Paul-Eric Eyssautier, tiendra son assemblée générale en octobre prochain. Un nouveau président sera élu pour trois ans et d’ici là, les deux vice-présidents, Henri Allard et moi-même, assurons la transition. L’Ucamat regroupe les courtiers d’origine familiale et les branches transport des cabinets généralistes. Parmi les actions déjà conduites, le Forum de l’Ucamat, lancé il y a trois ans dans le cadre du Rendez-vous de l’assurance transport, a connu un succès grandissant (35 participants en 2014, 70 l’an passé et plus de 130 cette année). Nous avons aussi relancé plusieurs commissions techniques dont certaines avec la Comat*. Mais notre grand chantier est effectivement de relancer l’idée du marché français de l’assurance maritime et transport car nous ne cessons de perdre des places dans le classement mondial selon l'International Union of Marine Insurance (IUMI). Un grand chantier a été lancé en juin dernier avec nos partenaires assureurs et avec le Cesam et nous y travaillons tous ensemble.

Enfin, l’Ucamat a activement participé avec la Comat au lancement du premier module d’e-learning de l’Amrae dédié à l’assurance transport l'an dernier. Nous espérons que d’autres suivront.

Quelle relation entretient l’Ucamat avec la CSCA ?

L’Ucamat a participé aux réflexions et aux travaux de la Chambre syndicale des courtiers d'assurances (CSCA) qui ont conduit à sa récente réunification. Elle y tient sa place en tant que syndicat catégoriel et participe activement à ses travaux. Elle fonde beaucoup d’espoir dans sa nouvelle organisation, car elle apprécie le travail fourni par son nouveau président et par toute l’équipe de la CSCA.

* la Comat est la commission assurance transports de la FFSA maintenant FFA.

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