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« Les assureurs sont en train de changer de métier »

Publié le 2 avril 2020 à 8h00

Elisabeth Torres

Jean-François Lequoy, membre du comité de direction générale de Natixis en charge du pôle assurances, directeur général de Natixis assurances

Elisabeth Torres
journaliste

Le dirigeant revient sur l'actualité et les perspectives du groupe BPCE (retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le numéro d'avril de La Tribune de l'assurance).

Quelle est la stratégie poursuivie par le groupe en matière d’assurance ?

Nous entendons permettre au groupe BPCE de saisir les opportunités de développement qui existent sur le marché de la bancassurance. De fait, les bancassureurs détiennent deux tiers du marché de l’assurance vie et il n’y a pas de raison que cette position faiblisse à l’avenir. En non-vie, ils gagnent chaque année des parts de marché.

A la suite des mouvements opérés depuis 2014, nous avons conforté notre position et figurons au top 10 des assureurs français. Nous avons en effet eu une très forte croissance ces dernières années.

L’assurance est l’un des quatre métiers de Natixis – les trois autres étant la banque de grande clientèle, la gestion d’actifs et les paiements – et représente 15 % de son résultat. Nous sommes donc un moteur significatif de croissance pour Natixis.

Quels sont vos chiffres 2019 ? Sont-ils en phase avec vos objectifs ?

En 2019, nous avons réalisé un chiffre d’affaires global de 13 Md€ (en hausse de 4 %), dont 10,4 Md€ en épargne, 1,6 Md€ en dommages et 1 Md€ en prévoyance individuelle et assurance emprunteur.

2019 a été parfaitement en ligne avec notre ambition d’exploiter pleinement le potentiel des réseaux de BPCE en prévoyance individuelle et en dommages, domaines dans lesquels nous avons enregistré des croissances soutenues de respectivement 12 % et 6 %.

Notre potentiel de croissance reste très important dans ces deux secteurs d’activité. En dommages et en prévoyance, le taux d’équipement des clients du groupe – 26,6 % pour les Banques populaires et 29,9 % pour les Caisses d’épargne – est en effet sensiblement inférieur à celui des bancassureurs qui ont démarré leurs activités d’assurance avant nous.

En épargne, nous avons eu une croissance de 3 % en 2019, en ligne avec celle du marché, avec un taux d’unités de compte de 31 % quant à lui sensiblement supérieur à celui du marché.

Quelles sont vos priorités stratégiques ?

Notre objectif est de poursuivre notre développement en capitalisant sur les outils et les offres de toute dernière génération que nous avons construits au cours de ces dernières années. Comme je vous l’ai dit, nous avons encore des marges de progression très importantes en matière de taux d’équipement des clients des Caisses d’épargne et des Banques populaires. C’est notamment vrai en IARD et en prévoyance individuelle, mais également pour les offres prévoyance et retraite destinées aux professionnels.

Nous sommes d’ores et déjà en train d’élaborer le plan stratégique pour 2021/2024, lequel sera présenté au marché en novembre.

Quelle place pour le digital ?

Nous souhaitons être en mouvement permanent dans ce domaine pour tirer parti de toutes les opportunités qu’offre le digital afin d’améliorer l’expérience de nos clients et de nos collaborateurs ainsi que notre performance opérationnelle. Nous avons développé de manière conséquente les fonctionnalités de selfcare de manière à faciliter les parcours client en liaison avec les Caisses d’épargne et les Banques populaires. A cet effet, nous travaillons beaucoup avec des FinTech et AssurTech en écosystème, comme c’est le cas par exemple à Lille avec Euratechnologies.

Nous avons également changé de système de gestion de sinistres en juin 2019 en adoptant une nouvelle plate-forme nativement digitale et en développant de nombreux services annexes en lien avec des start-up. Nos clients peuvent désormais aisément déclarer et suivre la gestion de leurs sinistres, recourir à la télé expertise …

Allez-vous proposer une offre eurocroissance ?

Nous la développerons lorsque les taux remonteront. Dans le contexte actuel de taux négatifs, il n’est en effet pas possible de faire avec le fonds eurocroissance une meilleure promesse pour nos clients que celle du fonds euros.

L’assurance vie luxembourgeoise représente-t-elle une alternative ?

Elle offre des unités de compte intéressantes pour une clientèle patrimoniale. C’est une offre précieuse dans le contexte actuel.

Que pensez-vous du nouveau PER ? Allez-vous lancer ce nouveau produit ?

Nous pensons que le PER individuel est un bon produit et a vocation à prendre progressivement une place importante. Pour ce qui nous concerne, nous allons commercialiser un PER individuel cette année, à destination des particuliers et professionnels. Ce produit est d’ores et déjà réservable et sera mis en marché en juin prochain. Nous voulions avoir les trois compartiments requis par la loi Pacte avant de nous lancer.

Quelle est votre stratégie à l’égard des risques climatiques ?

Les assureurs sont très impactés par le risque climatique et on le mesure de plus en plus avec l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles. Nous sommes en train de changer de métier, l’assurance des catastrophes naturelles devient centrale dans notre activité.

Mais les assureurs ont aussi de nombreux leviers pour influer sur le climat de demain : en créant des produits qui encouragent les comportements vertueux et en gérant leurs investissements de manière responsable. En 2018, nous avons ainsi pris des engagements sur l’ensemble des actifs de nos compagnies pour aligner nos portefeuilles avec la trajectoire 2°C de l’accord de Paris (COP21) au plus tard en 2030.

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