David Dubois, président de l’Institut des actuaires -
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Au sortir d’un congrès annuel 2017 réussi, l’Institut des actuaires ouvre de nouveaux chantiers. David Dubois, son président, évoque ces travaux actuels et à venir.
Quels sont les grands enjeux qui s'annoncent pour l’Institut des actuaires ?
Depuis mon arrivée à la présidence de l’Institut des actuaires l’année dernière, et avec le soutien de l’ensemble des administrateurs du conseil, nous avons lancé une grande réflexion stratégique sur deux axes majeurs. D’abord sur la vision à long terme de l’institut comme association professionnelle de place, ensuite sur les actions à mener à moyen terme au sein de l’IA.
Sur le premier point, je considère que nous devons professionnaliser l’Institut des actuaires. Aujourd’hui, même si de nombreux bénévoles participent au bon fonctionnement de l’IA, nos 4 000 membres disposent de moins en moins de temps pour s’investir sur les sujets opérationnels de l’institut et se consacrent surtout aux sujets professionnels et techniques. L’institut doit désormais pouvoir se reposer sur une équipe de salariés pleinement investis, ce qui implique un fonctionnement culturel et opérationnel différent, avec un sujet de gestion RH important.
Cela passe également par une simplification de nos différentes structures – l’association IA, l’association Centre d'études actuarielles (CEA), l’Institut du Risk Management (IRM) ou la Société des actuaires (SDA), dédiée à l’organisation des manifestations pour le compte de l'Institut des actuaires – pour être plus agiles. Ce chantier de simplification de nos entités devrait être terminé fin 2017. Compte tenu de la cohésion entre les instances statutaires de l’IA et au sein du conseil d’administration, je n’ai aucun doute sur la réussite de ce chantier complexe qui impliquera également une révision de la gouvernance de l’institut.
Quelles autres actions souhaitez-vous mener au sein de l’IA ?
Le rapport annuel 2016-2017 que nous venons de publier détaille bon nombre des actions en cours. Pour n’en citer qu’une, nous avons proposé une nouvelle organisation pour les commissions et groupes de travail techniques afin de rendre leur organisation plus lisible et de mieux valoriser tout le travail intellectuel et scientifique produit. Cette nouvelle organisation nous est apparue nécessaire afin d’être encore mieux armés pour poursuivre les échanges réguliers que nous avons avec les acteurs de la place (ACPR, Trésor, FFA, etc.).
L’Institut des actuaires n’a pas vocation à devenir une fédération professionnelle mais est et restera une association reconnue d’utilité publique et un apporteur de matière technique sur des sujets de place.
Quid de la formation de vos membres ?
Nous avons également un sujet sur l’accompagnement de nos membres tout au long de leur carrière. Aujourd’hui, 50 % des actuaires membres de l’institut travaillent dans le secteur de l’assurance et 20 % dans le conseil, principalement aux assureurs. Nous souhaitons apporter les outils et les moyens nécessaires au développement de compétences supplémentaires en phase avec les évolutions que connaissent le secteur et les attentes de leurs employeurs, notamment au travers de nouvelles formations.
Le nombre d’actuaires membres de l’institut (3 896 au 31/12/2016) est en hausse continue d’environ 200 nouveaux membres chaque année et nous ne constatons pas encore de difficulté de placement des actuaires. Notre réflexion est plutôt sur la trajectoire que va prendre le métier à dix ans. Aujourd’hui, par exemple, les nouvelles pratiques digitales changent la donne sur nos pratiques et notre savoir-faire. Egalement, le besoin d’évaluation quantitative des effets des changements réglementaires incessants se fait de plus en plus pressant. Il est donc important que les actuaires puissent investir ces nouveaux champs, data science et conformité en tête.
Il faut donc s’y préparer à moyen/long terme et former les actuaires à évoluer tout au long de leur carrière grâce à des formations et de l’accompagnement sur toutes les nouvelles tendances du marché. Nous avons d’ailleurs lancé il y a quelques semaines une grande enquête auprès des dirigeants et des DRH des secteurs de l’assurance et de la banque pour mieux comprendre ce qu’ils attendent du métier actuariel dans les prochaines années et identifier les besoins de nouvelles compétences.