Interview de la semaine

«Les 480 agences Matmut constituent un actif à préserver»

Publié le 29 avril 2021 à 8h00    Mis à jour le 5 mai 2021 à 16h55

Elisabeth Torres

Nicolas Gomart, directeur général du groupe Matmut, vice-président de Sgam Matmut et de Matmut Sam

Elisabeth Torres
journaliste

Bilan 2020, stratégie pour les années à venir, et distribution sont au menu de l’interview que le directeur général du groupe Matmut, Nicolas Gomart, nous a accordée (retrouvez là en intégralité dans le n° 268 daté mai 2021 de La Tribune de l’assurance).

Quel bilan 2020 dressez-vous par segment d’activité ?

Nous avons bien entendu senti l’impact de la crise, qui s’est traduit par une baisse, somme toute raisonnable, de la production notamment lors du premier confinement, soit -7 % en fin d’exercice. 2019 avait été une année exceptionnelle, avec 1 060 000 souscriptions. En 2020, nous avons enregistré 987 000 affaires nouvelles, à comparer avec les 952 000 de 2018 ; au total, la bonne dynamique commerciale du groupe ne s’est pas démentie l’an dernier.

L’assurance IARD représente 80 % de notre activité, la santé 16 %, l’épargne-prévoyance 4 %. La part de la complémentaire santé continue de progresser depuis l’entrée d’Ociane Matmut au sein du groupe en 2017. Notre chiffre d’affaires global 2020 a augmenté de 1,5 % pour atteindre 2 287 M€, porté par l’IARD et la santé. En assurance vie, nous avons connu une baisse, mais cela correspond à un choix stratégique de notre part. Nous commercialisons désormais les produits de BNP Paribas Cardif en vie et en épargne retraite supplémentaire ; nous venons de signer un partenariat avec eux sur un PER individuel, distribué dans un premier temps via les conseillers patrimoniaux du groupe. En revanche, nous ne distribuerons pas de PER collectif.

Pourquoi ?

Notre chiffre d’affaires n’est réalisé qu’à hauteur de 9 % auprès des entreprises (professionnels indépendants et TPE), il n’y a pas pour l’instant de besoin exprimé pour le Perco. Nous faisons en revanche un peu de collectif en santé (30 %) et nous avons une activité IARD auprès des pros, que nous souhaitons développer. Ce fut d’ailleurs le cas en 2020, même si cela s’est traduit davantage par une augmentation du nombre de contrats, tandis que le chiffre d’affaires a diminué compte tenu de nos gestes de solidarité telles que des remises, voire des annulations de cotisations ou encore la non-augmentation de nos tarifs, annoncée avant même le souhait exprimé par le ministère de l’Economie. Nous continuons à nous développer sur le segment des entreprises par le biais de notre société commune avec la Macif : Inter mutuelles entreprises.

Qu’en est-il de vos éléments techniques ?

Notre ratio combiné s’élève au niveau confortable de 96 % pour 2020, contre 99 % en 2019. Nous avons connu, comme l’ensemble de la profession, une baisse de la fréquence de la sinistralité en auto, de l’ordre de 20 % sur l’année. Mais cette diminution est à tempérer par le coût moyen des pièces détachées qui a de son côté beaucoup augmenté l’an passé, à +8 % sur douze mois glissants. De fait, les réparateurs, ainsi que les constructeurs, ayant souffert de la baisse des volumes, ont relevé leurs tarifs. Le coût total des réparations a augmenté de presque 7 %. On a ainsi un effet ciseau entre la baisse de la fréquence liée aux périodes de confinement et la forte progression des coûts de la réparation.

En habitation, l’année 2020 s’est révélée plutôt favorable, mais moins qu’en automobile. Nous avons dû « recharger » les exercices antérieurs sur tout ce qui relève du risque sécheresse. La sinistralité climatique est devenue un sujet majeur pour une maison comme la nôtre. Alors qu’en 2015, notre provisionnement sur l’habitation s’établissait à 270 M€, il est passé à 560 M€ en 2020, soit plus du double. Et cette progression s’est faite essentiellement sur la partie climatique : 50 M€ de provisions il y a cinq ans, 400 M€ aujourd’hui. La sécheresse est le principal sujet de cette déformation du risque climatique. Elle est récurrente depuis 2017 et frappe sur les zones argileuses, ce qui en réalité concerne l’ensemble du territoire français, à l’exception de la Bretagne, région où nous sommes un peu moins présents. C’est un gros enjeu pour le groupe Matmut. Il s’agit de plus d’un risque à développement long et les arrêts Cat Nat sont de plus en plus fréquents. Désormais, on peut presque parler d’un risque systémique.

Quelles solutions pour l’amoindrir ?

La solution passe sans doute par davantage de sensibilisation et aussi par l’intégration du risque à titre préalable dans l’obtention de permis de construire, ainsi que dans les normes de construction. Le régime Cat Nat est en train d’évoluer. Mais la sécheresse semble devoir suivre un traitement un peu à part dans le cadre d’un texte spécifique. Le sujet est central dans l’appréciation du risque habitation, car la sécheresse, considérée jusque-là comme un risque décennal, est devenue un risque annuel et augmente sans cesse. Cela tempère assez fortement sur 2020 les effets positifs de la sinistralité. Hors sécheresse, 2020 s’est en effet avérée moins sinistrogène que les précédents exercices.

Avez-vous atteint les objectifs de votre plan stratégique 2018/2020 et quelle est votre politique en termes de distribution ?

Nous avons atteint nos objectifs 2018/2020, en particulier en ce qui concerne le renouvellement de nos offres, la refonte de nos parcours digitaux, la mise en place de nouveaux outils omnicanaux, autant de travaux réalisés qui plus est dans les délais prévus, en dépit de la crise sanitaire. Nous avons de même beaucoup travaillé sur le marketing digital.

Nos 480 agences réparties sur le territoire constituent un vrai actif à préserver. Certes, il peut y avoir une baisse de fréquentation physique dans certaines régions, mais les sociétaires ont une forte demande de proximité. Ces agences physiques contribuent à instaurer une relation de confiance supérieure à celle d’acteurs 100 % digitaux, même si une partie de l’activité se fait bien sûr à distance. Le maillage du territoire est par ailleurs un atout formidable.

Nos conseillers sont bien formés et bénéficient d’une culture de l’assurance qui leur confère un avantage indéniable, par exemple par rapport à des conseillers bancaires : historiquement formés à vendre de l’assurance, ils sont spécialisés, ce qui les rend plus compétitifs.

D’autant que, même si les agences ont été fermées durant le premier confinement, les équipes se sont adaptées grâce aux outils digitaux et ont pu assurer la continuité du service.

Matmut fête ses 60 ans, cet anniversaire donnera-t-il lieu à des événements particuliers ?

A l’occasion de nos 60 ans, nous avons prévu d’organiser un congrès pour annoncer la formalisation de la raison d’être du groupe, événement pour l’instant programmé en septembre prochain. Nous n’avons bien sûr pas attendu 60 ans pour avoir une raison d’être. Mais nous voyons là une opportunité de mieux exprimer la vocation de notre groupe, tant en interne qu’à l’externe. Nous avons ainsi lancé une grande consultation nationale et renoué ce faisant avec l’esprit mutualiste, en interrogeant l’intégralité de nos sociétaires et de nos parties prenantes sur l’objectif commun qui les réunit au sein de la Matmut. Cette phase de consultation vient de se terminer. Plus de 130 000 personnes ont répondu, ce qui représente un beau succès.

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