Frédéric Thomas, directeur général de Crédit agricole assurances
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Frédéric Thomas, directeur général de Crédit agricole assurances, fait le point sur l'état du marché et sur les activités du bancassureur : de l'assurance vie au risque agricole. Retrouvez l'intégralité de l'entretien que Frédéric Thomas a accordé à la Tribune de l'assurance dans le n° 226 (juillet-août).
Quelle est votre vision du marché vie ?
Les diversifications en UC sont très marquées depuis la fin de l'année dernière et le début 2017, dans un marché qui se cherche un peu, à défaut de se consolider. Le client est toujours très attaché à l'assurance vie qui lui offre sécurité, fiscalité, rentabilité et disponibilité. Toutefois, le contexte de taux bas et sans doute une mauvaise interprétation de la loi Sapin II, comme des interrogations liées à la fiscalité, ont provoqué chez certains clients une forme de perplexité. Cela se traduit par une activité nette en retrait et une forte remontée des placements en UC. Dans ce cadre, CA assurances fait mieux que le marché.
L’erreur profonde serait de croire que c’est le début de la fin de l'assurance vie, comme le prédisent certains. Même si l’on parle de « Flat Tax », l’assurance vie reste un produit fondamental, universel, pratique et prudent, essentiel à la construction d'un patrimoine.
La rentabilité de votre activité épargne a-t-elle été mise à mal ces derniers mois ?
Crédit agricole assurances a dégagé un résultat net part du groupe d'un peu plus d’1,3 Md€ en 2016, en hausse de 16,2 % par rapport à l'année précédente. En épargne retraite, nous enregistrons un chiffre d’affaires de 24 Md€, stable par rapport à 2015, en lien avec le contexte de taux bas. Ces résultats sont le fruit des mesures prises en matière de diversification et d’aspects prudentiels, notamment via une politique de participation aux bénéfices (PAB) prudente mais qui reste toutefois attractive. Nous avons également renforcé nos réserves, gages de sécurité pour notre entreprise et nos clients.
Nous sommes par ailleurs très attentifs à la maîtrise de nos charges, manière directe d'accompagner ou de conserver notre performance. Nous sommes aujourd'hui l’un des acteurs les moins « chargés » du marché, avec un coefficient d’exploitation inférieur à 30 %.
Quels sont vos objectifs sur l’assurance vie en UC ?
Sur notre stock, la part des UC de nos contrats s'établit à 19,5 % contre 28 % sur la production brute du premier trimestre. Notre objectif, qui nous semble le bon point d'équilibre notamment par rapport à la qualité du conseil, est d’atteindre les 25 %. Il ne s’agit pas d’augmenter la part d’UC d’une manière infondée mais plutôt d’aligner l’intérêt du client et de la compagnie.
Nous visons une croissance supérieure à celle du marché, avec des enjeux multiples, au-delà de la volumétrie et des résultats financiers. Ainsi, nous sommes dans une démarche d'abonnement, surtout en UC, pour lisser la prise de risques sur les marchés mais aussi dans une démarche patrimoniale avec une forte volonté d’accompagner nos clients dans la compréhension des produits.
Que pèse l’agriculture dans le chiffre d’affaires de CAA ?
Nous sommes le deuxième assureur des agriculteurs en France, notre but étant de sécuriser leurs revenus. L'assurance est l’un des moyens de protéger les outils de production et les revenus des agriculteurs. Les fortes évolutions de ces dernières années, tant climatiques qu’économiques, en ont souligné l’utilité croissante. Il est de l’intérêt général que le monde agricole s’assure et nous pensons que cela passe notamment par l’innovation.
Nous avons par exemple développé avec Airbus Defence and Space une assurance des prairies qui permet aux éleveurs de se prémunir contre des effets de sécheresse sur les fourrages et de préserver leurs revenus. Nous testons également une assurance chiffre d'affaires sur les cultures pour lesquelles existe un marché à terme : blé, maïs, colza, offre que nous allons déployer massivement en 2018.
L’Etat joue-t-il pleinement son rôle ?
Nous partageons la vision de l'Etat qui souhaite une prise de conscience de la profession et veut faire du subventionnement un accès facilité à l'assurance afin de mieux sécuriser les revenus des agriculteurs.
De plus en plus de banques demandent aujourd’hui aux agriculteurs de couvrir au moins une partie des risques fondamentaux qui mettraient en péril leur exploitation. Si certains exploitants sont capables de s’auto-assurer, une part non négligeable d’entre eux, notamment les plus jeunes et ceux qui ont investi récemment, n’ont pas cette capacité.