Benoît Serre, directeur général adjoint du groupe Macif
journaliste
Fin mars, la Macif signait avec la CFDT et la CGC un accord cadre pour déployer son « nouveau modèle social ». Un chantier d'envergure qui a fait table rase des textes régissant jusque-là le groupe mutualiste. Retour sur les enjeux de ce texte avec Benoît Serre, le directeur général adjoint de la Macif en charge des relations humaines.
Quel est l'enjeu de l'accord « Nouveau modèle social » que vous avez signé le 29 mars ?
L'enjeu est fondamental. Nous travaillons sur ce sujet depuis 2012 avec la direction générale. La constitution de ce nouveau modèle social est un élément central du plan stratégique de l’entreprise et indispensable à sa nouvelle structuration juridique. Les différents statuts présents actuellement dans le groupe pouvaient créer de l’iniquité entre les 10 000 collaborateurs. Par exemple, certains ont des contrats de 31,5 heures hebdomadaires, d'autres de 35 heures. Par ailleurs, nos textes statutaires sont anciens. Certains datent de 1999 et n'ont pas épousé l’évolution du périmètre du groupe et de notre environnement.
Pourriez-vous résumer les objectifs de l'accord NMS ?
Nous avons trois objectifs principaux. Tout d'abord, s'adapter aux enjeux sociaux évoqués précédemment et à la transformation digitale. Je précise que j'ai fait le choix de ne pas corriger les textes actuels, mais de partir d'une page blanche pour repenser intégralement le modèle social du groupe. Pendant dix-huit mois, nous avons travaillé sur quatre thèmes structurants. Le premier est l'organisation et le temps de travail. 863 organisations différentes coexistaient avant le NMS, nous sommes arrivés à 70. Le deuxième thème porte sur la politique de rémunération.
Justement, quelle était votre politique de rémunération jusque-là ?
Elle était fondée sur l'ancienneté et sur une logique essentiellement mécanique, qui ne permettait pas de prendre en compte la montée en compétences des collaborateurs, ni une politique de redistribution en fonction des résultats de l'entreprise. Le troisième volet de notre nouveau modèle social concerne la formation. Avec la digitalisation, les métiers évoluent et nous devons accompagner l'évolution des compétences de nos collaborateurs. Enfin, nous avons aussi travaillé sur la qualité de vie au travail. Les ambitions sont, par exemple, d'encadrer le télétravail pour permettre sa large utilisation, ou encore de reconnaître la situation des salariés qui sont aidants familiaux.
L'accord a-t-il été signé par toutes les organisations syndicales ?
Il a été signé par deux organisations syndicales représentatives sur trois, la CFDT et la CGC, qui représentent près de 70 % des voix. Seule la CGT ne l'a pas signé. L'objectif était d'arriver à un socle commun de droits et devoirs pour tous les salariés qui rentrera en vigueur dès janvier 2019. Je n'ai pas dénoncé les accords précédents dès le début des échanges pour éviter de créer une situation de défiance et afin de privilégier un dialogue social de qualité. Ce qui a été objectivement le cas, la large signature en est la preuve.
Quand allez-vous commencer à travailler sur la mise en œuvre de l'accord ?
Nous avons présenté le 10 avril à tous les DRH des entités du groupe Macif le contenu détaillé du nouveau modèle social, ainsi que les trois phases de son déploiement : l'adaptation des outils techniques comme le système d'information, le déploiement des mesures auprès des collaborateurs, et enfin l'accompagnement des 1 300 managers qui seront le levier clé de la transformation du groupe.