Hadrien Brissaud, cofondateur d’Appia Art & Assurance
journaliste
Après un passage chez Eeckman en Belgique, Hadrien Brissaud a fondé en 2015 avec Edouard Bernard Appia Art & Assurance. A l'occasion de la parution d'un ouvrage* qu'ils co-signent sur l'assurance Fine Art, le courtier revient sur les problématiques de cette branche d'assurance spécialisée.
Pourquoi un ouvrage sur l'assurance Fine Art ?
L'un de nos confrères avait rédigé récemment un opuscule très complet et didactique sur les collectionneurs de véhicules anciens, et nous nous sommes rendu compte à sa lecture que dans notre marché l’assurance des objets d’art n’était abordée que par des articles juridiques, faisant le listing des arrêtés de Cour de cassation, de la jurisprudence principalement sur la responsabilité de l’expert ou les litiges sur les valeurs d’assurance… Nous voulions revenir aux fondamentaux dans un seul et même ouvrage à la fois technique et pratique. Sans sacrifier à quelques compléments juridiques par des encarts écrits par des juristes, on y retrouve les spécificités des risques Fine Art qui ne s’appliquent pas ailleurs comme la dépréciation, ou le transport avec assurance ad valorem.
N’est-il pas risqué pour un courtier de divulguer ainsi ses compétences ?
Au contraire ! Le monde du courtage est souvent très secret. Dans l’ère de communication que nous traversons, il nous a semblé important d’être transparent sur le marché, et montrer que nous maîtrisons notre sujet. Les spécificités de l’assurance Fine Art doivent être comprises à la fois par nos clients, y compris les syndicats et groupements professionnels du secteur, très demandeurs d’informations sur l’assurance, que par les acteurs de l’assurance. Ce livre est aussi à destination de nos confrères généralistes qui assurent les professionnels ou particuliers sur d’autres risques, et peuvent être confrontés à des demandes nouvelles. Grâce à ce manuel, ils pourront alors répondre correctement et pouvoir les rediriger vers des acteurs spécialisés comme Appia. On voit des assureurs qui arrivent sur cette niche vue comme sexy et rentable, alors que coté courtiers, rares sont les spécialistes à se lancer sur ce marché. Nous souhaiterions développer du co-courtage pour répondre à la demande globale d’un client. Nous pourrions devenir un partenaire pour le courtier généraliste sans prendre main sur leurs clients, plutôt que de laisser courir le risque que le client aille voir ailleurs face à leur incapacité à avoir des solutions sur ce marché si spécifique.
Comment abordez-vous l’assurance Fine Art dans l’ouvrage ?
L’arborescence de l’ouvrage a été une question importante afin d’être le plus didactique et le plus cohérent possible. Nous avons cherché tout d'abord à donner du marché de l’art une vision globale de ses acteurs et de ses grandes tendances. Ensuite, nous définissons les garanties et leurs exclusions pour couvrir les œuvres d’art en dommages et RC, puis nous abordons les différents contrats par métiers.
Les champs abordés sont multiples mais traités de manière inégale, est-ce le reflet de votre activité au sein d'Appia ?
Tout à fait. L’encart sur la garantie d’Etat mériterait plus de développement. Cela reflète en effet notre activité. Si le marché de l’art et les collectionneurs sont très bien représentés, cela reste plus complexe pour les musées. Ils travaillent en appels d’offres publics, difficilement rentables pour un petit cabinet comme Appia. Par ailleurs, il y a déjà beaucoup de littérature sur ce sujet. Nous avons fait le choix de la concision.
* L’assurance des objets d’art et du patrimoine culturel, par Hadrien Brissaud et Edouard Bernard, cofondateurs d’Appia Art & Assurance, collection Les Essentiels Plus, Ed. L'Argus de l’Assurance. 2018, 122 pages, 39 €.