L'œil du gérant

L’avenir de l’investissement face aux enjeux ESG

Publié le 10 juillet 2019 à 8h00    Mis à jour le 25 novembre 2019 à 15h03

Nathalie Benatia

Les investissements durables deviennent la norme : les investisseurs et en particulier les assureurs souhaitent travailler avec des gestionnaires d’actifs qui s’engagent à contribuer à la résolution des grands défis planétaires comme le changement climatique ou la transition écologique.

Nathalie Benatia
responsable du contenu macroéconomique, BNPP AM

Pendant longtemps, l’idée de devoir « faire quelque chose » sur les énergies fossiles était (faussement) étayée par la perspective d’un épuisement des réserves de ces sources d’énergie non renouvelables. Les acteurs du secteur ont prouvé que cette échéance allait pouvoir être repoussée par de nouvelles techniques d’exploration et d’exploitation. Par ailleurs, l’accord de Paris sur le changement climatique a montré qu’il n’était pas question d’exploiter jusqu’au bout les énergies fossiles du fait de leurs externalités négatives sur le climat et la qualité de l’air. Les grandes économies émergentes comme l’Inde et la Chine sont particulièrement sensibles à cet aspect et ce d’autant plus que ces deux géants sont importateurs nets d’énergies fossiles. Cet élément est crucial pour le développement des énergies renouvelables : les études de l’agence internationale de l’énergie montrent que la croissance de la demande d’énergie entre 2015 et 2040 sera uniquement due aux économies émergentes alors que la demande va décroître dans les pays de l’OCDE. De plus, d’un point de vue financier, les énergies renouvelables deviennent moins coûteuses que les énergies fossiles.

Le vrai coût des énergies renouvelables

Compte tenu de l’enjeu climatique, nous pensons que l’engagement des pouvoirs publics pour promouvoir les énergies renouvelables perdurera. Les difficultés de stockage de la production des énergies renouvelables, par nature intermittentes, doivent être considérées, tout comme les coûts de stockage. Cependant, ces coûts ont fortement diminué en quinze ans et cette tendance devrait se poursuivre. D’ailleurs, d’un point de vue purement financier, les énergies renouvelables présentent la particularité rare d’avoir des coûts marginaux de production quasiment nuls.

La hausse de la production rend plus pertinentes des dépenses en recherche et développement dans le domaine du stockage, permettant ainsi la mise en place de solutions innovantes et plus performantes. La question du cycle de vie des batteries et de leur recyclage reste toutefois entière mais ne concerne pas uniquement les énergies renouvelables. Enfin, il faut également prendre en compte dans l’équation les coûts d’opportunité. Développer des fermes à éoliennes ou des champs de panneaux solaires (qui ont un meilleur rendement que des panneaux d’appoint disposés sur des toitures) demande beaucoup de place. Ces espaces ne pourront pas être utilisés pour d’autres activités humaines.

Les investissements durables sont donc encore sujets à de nombreux débats et problématiques, mais des axes d’amélioration apparaissent très clairement. La réduction des coûts et la découverte de nouvelles solutions rendent ces investissements plus lucratifs.

Les trois piliers du développement durable

À nos yeux, trois enjeux principaux sont indissociables d’une croissance durable et de notre rôle d’investisseur de long terme. Nous les désignons comme les « 3 E » : la transition énergétique, la protection de l’environnement et l’égalité. La transition énergétique est inévitable et nous pensons que la demande mondiale pour les énergies fossiles va diminuer dans les prochaines années et sans doute plus vite qu’il est estimé à l’heure actuelle.

Sur la protection de l’environnement, nous rappellerons ici que 60 % des écosystèmes sont dégradés ou gérés de manière non durable. L’égalité et la croissance inclusive est un enjeu tout aussi crucial. La diminution de l’extrême pauvreté dans le monde pourrait laisser croire que la partie est gagnée. Malheureusement, dans le même temps, les inégalités se sont creusées, en particulier dans les économies développées, avec leurs conséquences politiques bien connues. Une originalité de notre approche consiste à inclure une réflexion prospective sur ces « 3 E » qui s’articule avec notre engagement en amont auprès des entreprises sur les sujets environnementaux et de gouvernance.

Intégration ESG

Prendre en compte l’impact social et environnemental de l’investissement est aujourd’hui une impérieuse nécessité pour notre industrie. C’est une attente forte des investisseurs désireux de donner du sens à leur épargne. C’est aussi une exigence pour nous, asset managers responsables, qui souhaitons, au-delà de l’analyse ESG qui doit être intégrée à l’ensemble des processus de gestion, mesurer l’impact de nos investissements pour mieux le piloter. Cet impact étant par nature indirect, au travers des investissements réalisés pour le compte de tiers, dans des entreprises, des états ou des projets, il n’est pas aisé de s’affranchir de la seule information mise à disposition.

L’engagement de BNP Paribas Asset Management en matière d’investissement pour un avenir durable est, depuis 2002, un élément central de notre identité d’investisseur responsable. Cette année verra le renforcement de cet engagement d’une façon fondamentale à travers notre nouvelle stratégie de développement durable. D’ici 2020, les critères ESG (environnement, social, gouvernance) seront intégrés pour les fonds ouverts dans tous nos processus d’investissement, sur toutes les classes d’actifs et toutes les zones géographiques. La performance extra-financière des portefeuilles (sur des critères tels qu’une empreinte carbone plus faible que celle de l’indice de référence par exemple) sera évaluée et entrera en ligne de compte dans l’estimation de la performance de nos gestions. Pour arriver à ce résultat, nous avons renforcé l’équipe dédiée à l’analyse extra-financière et à tous les aspects de l’approche ESG.

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