Séduite par la promesse de changer la pratique quotidienne du métier et d’apporter des avancées fonctionnelles multiples, l’assurance s’est d’emblée saisie de la technologie blockchain. Expérimentée dans de nombreux domaines, cette technologie de rupture trouve ses cas d’usage les plus prometteurs dans les processus financiers, encore peu outillés, où l’efficacité opérationnelle reste un enjeu fort. Toujours prompts à s’emparer d’une innovation susceptible de leur donner une longueur d’avance sur la concurrence, les assureurs sont très vite passés à l’action, avec plus ou moins de succès. L’occasion de conforter leur assise sur un marché où les nouveaux entrants font figure d’épouvantails.

Au sein du groupe Axa, c’est sa branche en charge de la réassurance, Axa Global Re, qui a expérimenté la technologie blockchain pour industrialiser et sécuriser les échanges de données entre de multiples entités. Dans le cadre de ses missions, le réassureur consolide les comptes de réassurance de plus de soixante entités, qui constituent ensuite la base pour des flux financiers émis entre le groupe et les acteurs de la réassurance. Pour plus d’efficacité et de traçabilité, la blockchain, en l’occurrence la solution Trace de Stratumn, a été retenue pour fluidifier les échanges.

Favoriser la confiance

L’objectif premier, à travers cette expérimentation, est de lever des difficultés opérationnelles. Les processus impliquent des entités aux systèmes et habitudes hétérogènes ainsi que des partenaires externes. La compagnie a souhaité tester cette technologie afin de « fluidifier ses processus et générer une meilleure satisfaction client. La technologie blockchain offre la possibilité de créer la confiance dans un processus complexe partagé entre plusieurs partenaires grâce à l’horodatage des flux et la production d’une piste d’audit inaltérable », observe Séraphie de Tracy, chief operating officer de Stratumn, la start-up retenue pour conduire cette expérimentation.

D’autres cas d’usage de la blockchain sont expérimentés dans l’assurance. L’éditeur a déjà mené un projet dans le cadre des garanties perte d’emploi avec Axa Partners. Ce dernier projet vise à automatiser la gestion des sinistres pour les produits d’assurance emprunteur afin d’optimiser l’expérience client, de réduire les délais de paiement, et de supprimer les principaux points de friction. « Six mois après le lancement de notre expérimentation, nous sommes fiers de constater une augmentation substantielle de notre indice de satisfaction client (NPS). Nous envisageons le déploiement du service dans d’autres pays européens », déclare Gilbert Chahine, chief executive officer d’Axa Partners.

Audit implacable

La mise en œuvre de solutions innovantes est souvent semée d’embûches. Elle nécessite de part et d’autre une remise en question des procédures et modes opératoires ainsi qu’une vraie volonté commune. Dans le cas du projet mené avec Axa Global Re, « nous avons travaillé en étroite collaboration avec le directeur informatique et financier », déclare Séraphie de Tracy, avant de conclure : « L’expérimentation a débuté par une phase intense de revue des processus en place. Une phase qui a mobilisé les énergies et a permis une remise en question du statu quo. Cette collaboration a été mutuellement enrichissante : faire collaborer un grand groupe et une start-up peut être un challenge. En la matière, Axa Global Re s’est montrée souple et agile afin de raccourcir les délais de mise en œuvre, tout en maintenant son niveau d’exigence en termes de sécurité et de qualité. »