Emmanuel Géli, président directeur général de Polyexpert
rédacteur en chef
Le groupe Polyexpert nouait récemment un partenariat stratégique avec ses deux homologues IES et McLarens pour décliner une offre globale de services d’expertise non-automobile à travers le monde. Revue de détails de cette alliance tripartite avec Emmanuel Géli, PDG de Polyexpert.
Dans quel contexte évolue votre marché de l’expertise non-auto actuellement ?
Polyexpert travaille sur le marché de l’expertise d’assurance des risques RC, cyber, dommages aux biens, construction et PJ, ce qui représente pour la France un volume d’affaires d’environ 800 M€ annuel. Polyexpert réalise 150 M€ de chiffre d’affaires et compte trois ou quatre concurrents de taille comparable. A cinq opérateurs, nous réalisons 80 % de l’activité de ce marché en France.
Cette consolidation est une particularité forte du marché de l’expertise non-auto puisqu’historiquement il s’agissait d’un marché libéral composé d’une multitude de cabinets indépendants. Les besoins de nos donneurs d’ordres assureurs ont évolué et le marché s’est adapté aux procédures d’appels d’offres des assureurs ou encore à leur volonté de proposer des prestations d’expertise identiques sur tout le territoire à leurs clients.
Pouvez-vous nous présenter Polyexpert ?
Avec 1 500 collaborateurs, Polyexpert conserve son ADN de PME française, très bien maillée sur le territoire national, et positionnée au cœur du bilan des assureurs sur le règlement de sinistres.
Cette force de notre maillage français est aujourd’hui insuffisante pour accompagner l'évolution macroéconomique du pays. La France est dotée de fleurons économiques de dimension internationale et avec la mondialisation, l’économie française s’internationalise à très grande vitesse. Polyexpert a besoin d’accompagner ses clients grands comptes partout dans le monde.
C’est l’origine de votre partenariat avec McLarens ?
En effet, c’est pour répondre à ce besoin de solutions d’expertise partout dans le monde que nous avons noué cette alliance tripartite avec l’Italien IES, très présent en Europe continentale, et le Britannique McLarens. Tous deux sont exclusivement actifs auprès des risques d’entreprise et tout particulièrement sur les grands comptes donc par nature sur l’international. Le réseau ainsi constitué est notamment très bien représenté au Royaume-Uni, en Amérique et en Asie.
Chaque marché national de l’expertise est-il particulier ?
Oui, l'accompagnement international nécessite d’avoir localement des équipes à même de faire en fonction de la culture, de la réglementation locale, des attentes des gestionnaires. C’est en effet à chaque fois différent puisque le droit de la police d’assurance ou celui de la responsabilité sont propres à chaque pays, sans même évoquer la langue qu’il faut maîtriser ou l’organisation du marché de l’expertise. Par exemple, en Allemagne, les experts sont principalement des ingénieurs ou des techniciens salariés des assureurs. Cela existe chez certains assureurs du marché français mais ce n’est pas la règle ici, contrairement à notre voisin outre-Rhin.
Votre partenariat avec McLarens est-il purement opérationnel ou capitalistique également ?
A ce stade, il s'agit d’une alliance stratégique d’ores et déjà opérationnelle avec notamment l'arrivée chez Polyexpert de l’équipe de loss-adjusters de McLarens France dont nous reprenons l’activitéP&C Nous accueillons ces jours-ci trois figures bien connues du marché français : Pamela Albouy, Marie Dagher et Sven Mohlek, précédemment experts McLarens.
Il est clair que potentiellement nous pourrions être amenés à aller plus loin dans le futur. Il est tout à fait envisageable que ce partenariat industriel devienne également capitalistique. Et cela d’autant plus facilement que nos modèles capitalistiques sont comparables : les tours de table de nos deux groupes sont détenus par leur management, à hauteur de 100 % chez Polyexpert et à 65 % chez McLarens. Notre ADN est le même et à terme nous pourrions envisager de fusionner si cela correspond aux attentes de nos clients.
Quelles sont vos ambitions ?
D’abord, Polyexpert ne part pas de zéro et compte déjà en portefeuille quelques grands comptes que nous accompagnons à l’international. Par ailleurs, notre maîtrise et notre connaissance du marché français nous ont permis d’identifier plusieurs dizaines d’entreprises à qui nous présentons notre nouvelle offre de services à l’international avec McLarens. Avec un certain succès.
Pour autant, Polyexpert s’inscrit dans la durée et parce que ce sont les collaborateurs qui détiennent le capital de l’entreprise, il est évident que nous investissons de manière responsable et durable. C’est une transformation significative que nous lançons ces derniers mois et nous investissons beaucoup pour que cela réussisse. Personnellement, je suis convaincu du bien-fondé de cette stratégie qui plus est déclinée au bon moment dans le contexte de marché actuel.
Au global, nous sommes à la fois mesurés et très ambitieux ; Polyexpert réalise aujourd’hui 1 M€ de chiffre d’affaires à l’international, soit environ 0,7 % du CA total du groupe. A horizon de cinq ans, nous nous sommes fixé un volume d’affaires nouvelles avec McLarens de 10 à 20 M€.