Charles Relecom, président directeur-général de Swiss Life France
journaliste
Avant de quitter ses fonctions exécutives le 1er mars prochain, Charles Relecom, qui restera président du conseil d'administration de Swiss Life France, commente ses résultats intermédiaires et sa stratégie digitale ; il réagit aussi à la mise en œuvre par le gouvernement de la taxe Covid-19 sur les complémentaires. Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans La Tribune de l’assurance n°262 de novembre 2020.
Votre chiffre d’affaires semestriel s’est établi à 2,72 Md€, en progression de 7 %, et ce malgré la crise sanitaire. Quelles sont les raisons de cette hausse ?
Cette croissance forte résulte d’un succès commercial qui se poursuit dans tous nos métiers. Nous avons notamment lancé un PERin fin 2019. Swiss Life attendait, depuis longtemps, la possibilité de proposer de nouvelles solutions d’épargne retraite. Mais les politiques n’étaient pas friands de ce sujet, jusqu’à l’adoption de la loi Pacte en mai 2019. C’est l’un des rares exemples où l’Etat a su répartir les rôles entre acteurs du privé et du public. A contrario de l’assurance santé où les assureurs ne sont pas considérés par la puissance publique comme des partenaires. Encore récemment, la Sécurité sociale a prolongé la prise en charge de la téléconsultation de deux ans alors que les assureurs seraient légitimes à intervenir. Mais nous avons la volonté de poursuivre le dialogue et d’améliorer aussi l’image de l’assurance dans l’opinion publique. Et en ce qui concerne la 5e branche, dédiée à la perte d’autonomie, j’entends un appel de la part des pouvoirs publics pour signifier : nous n’allons pas y arriver seuls, prenons en main ce sujet et ce, conjointement.
Que vous inspire la récente taxe Covid-19 que devront supporter les complémentaires ?
Il est vrai qu’à fin juin, on constatait moins de dépenses de santé, mais c’est à la fin de l’année que l’on pourra vraiment prendre la mesure, compte tenu des rattrapages au niveau du poste dentaire par exemple. Je pense aussi qu’il y aura plus d’impayés que l’on ne le pense. La taxe exceptionnelle appliquée, d’ores et déjà, aux complémentaires santé nous paraît ainsi incompréhensible. Pour mémoire, elle sera de 2,6 % du chiffre d’affaires en 2020 et de 1,3 % en 2021. Si on y ajoute la portabilité des garanties santé des assurés – dont la durée est d’un an maximum – qui risquent de se retrouver au chômage, tout cela risque d’avoir une incidence importante sur notre résultat santé.
Pourtant, la portabilité est financée par les assurés toujours actifs dans l’entreprise ?
Certes, le calcul actuel des primes intègre déjà le risque chômage, mais pas à un niveau aussi important que celui auquel on risque d’être confronté. Swiss Life est particulièrement impactée par cette taxe en raison de sa part de marché importante en santé-prévoyance. Les pouvoirs publics auraient dû attendre fin 2020 et organiser un dialogue avec les assureurs avant d’imposer cette taxe.
Que pensez-vous des UC immobilières notamment fondées sur du viager comme cela se développe sur le marché ?
Historiquement, Swiss Life a toujours eu une forte appétence pour l’immobilier. Grâce à la qualité de nos immeubles (notamment haussmanniens), nous dégageons toujours des plus-values en dépit des fluctuations du marché. Les rendements sont en baisse mais l’immobilier reste intéressant et nos UC sont investies de manière équilibrée. Nous avons été parmi les premiers à miser sur cette classe d’actifs dans nos UC avec notre OPCI SwissLife Dynapierre notamment. Une part de 10/12 % d’immobilier en UC me paraît une saine diversification pour l’épargnant.
Où en êtes-vous sur le plan digital ?
Dès 2012, nous avons été parmi les premiers à conclure un accord avec les représentants du personnel sur le télétravail. Depuis trois-quatre ans, nous avons équipé toute l’entreprise d’ordinateurs portables pour favoriser le télétravail.
Les grèves de la fin 2019 ont servi de répétition générale : près de 70 % des collaborateurs ont pu alors travailler à distance, contre 41 % d’habitude. Puis, avec la Covid-19, on a basculé en télétravail à 98 % du jour au lendemain. Et cela a fonctionné sans problème, ce qui reflète l’agilité de Swiss Life.
Côté clients, nous avons bien sûr introduit la signature électronique dans nos processus de souscription. Sur 1,6 million de clients, près de la moitié utilise son espace client MySwissLife. De plus, nous nous efforçons de soulager les forces de vente et de gestion en automatisant les tâches les plus répétitives afin qu’elles puissent consacrer plus de temps à des missions à plus forte valeur ajoutée comme le conseil. Le digital favorise en outre le travail en équipe mais également la transversalité.