Alorsque le marché dépendance peine à décoller, le cabinet Exton Consulting livreson analyse sur la couverture de la perte d’autonomie et décrypte les attentesdes assurés en la matière.
Quels sont les principaux enseignements quevous tirez de votre récente étude sur la dépendance ?
En interrogeant plus de 1 500 souscripteurs de contratindividuel, nous avons pu observer plusieurs grandes tendances. Tout d’abord,il ressort que l’assurance dépendance concerne quasi exclusivement les classesmoyennes. Certes, 80 % des assurés sont propriétaires de leur résidenceprincipale. Mais ils bénéficient toutefois de revenus modestes puisque 63 % dessondés perçoivent entre 10 et 29 K€ par an et par foyer. Autre élémentintéressant, les souscripteurs sont surreprésentés dans les territoires ruraux.Enfin, 57% des personnes couvertes par une assurance dépendance sont desfemmes. Il est également intéressant de souligner que la souscription d’unecouverture contre la perte d’autonomie est davantage liée aux critèresd’isolement et de revenus du souscripteur qu’à sa proximité avec le phénomène.En effet, contrairement à certaines idées reçues, seuls 4 assurés sur 10déclarent avoir des personnes dépendantes dans leur entourage, c’est-à-dire pas plus que la moyenne desFrançais de plus de 35 ans.
Les offres actuellement commercialiséessont-elles en phase avec la demande des assurés ?
Les contrats existants répondent globalement aux principalesmotivations des souscripteurs. A commencer par le maintien à domicile – et dansde bonnes conditions – de la personne dépendante.Pour rappel, l’état de dépendance dure en moyenne 4 ans pour un reste à chargede l’ordre de 80 000 à 120 000 € pour les aidants. Par conséquent, lesbénéficiaires cherchent avant tout à libérer leurs enfants, voire leurs petits-enfants,d’un poids financier ou organisationnel. De ce point de vue-là, les produitsproposés par les assureurs et les bancassureurs remplissent pleinement leurrôle. En revanche, il ressort que les assurés ont conscience que le seulproduit dépendance se révèle largement insuffisant pour prendre en chargeintégralement la perte d’autonomie. Les personnes interrogées savent qu’ellesdevront se tourner vers des solutions complémentaires comme l’épargneindividuelle, l’assurance vie voire la vente de leur bien immobilier.
La publication d’un label ne sera-t-ellepas la solution pour améliorer la visibilité de ce produit ?
Bienentendu ! Comme vous le savez, la profession a travaillé sur ce projet.Pour l’heure, le label GAD (garantie assurance dépendance) n’est pas encorediffusé. Mais il paraît évident qu’une telle certification aurait un effetaccélérateur indéniable sur ce marché comme ce fut lecas avec la commercialisation de la GAV (garantie accident de la vie). Eneffet, il apparaît à la lecture de notre étude que les clients plébiscitent lastandardisation, après les incitations fiscales à la souscription. Selon nous,le label permettrait de gagner en visibilité et donnerait la possibilité decomparer les différentes offres sur le marché. Or, aujourd’hui, 82 % des assurés ne font pas jouer laconcurrence en matière de dépendance.
Avec ousous sans label, comment voyez-vous le marché dépendance évoluer à courtet moyen terme ?
Soyons clairs, le marché n’est pas promis à uneexplosion, en dépit du vieillissement de la population. Nous considéronsque ce marché, qui génère aujourd’hui un chiffre d’affaires de 600 M€,enregistrera une croissance annuelle de l’ordre de 2,5 % – toutes choses égales par ailleurs. Concernant latypologie des produits, la transmission des droits – ou du capital – àl’entourage en cas de décès, ainsi que la flexibilité à la sortie seront descritères déterminants pour séduire la clientèle. En effet, les bénéficiairesdes contrats dépendance souhaitent remplacer les contrats dits à fonds perduspar des solutions proposant une transmission des droits, sur le modèle despensions de réversion. En revanche, les assurés sont totalementréfractaires à l’idée de garanties à bas coût. C’est un terrain sur lequel lesacteurs de l’assurance n’ont donc pas intérêt à investir