Stéphane Soudeix, directeur général de CBP group
journaliste
Rencontre avec le dirigeant de CBP qui revient sur l'actualité du courtier spécialiste de l'assurance emprunteur et celle du marché à l'heure du chômage partiel et du confinement.
En dépit de nombreux amendements législatifs, le marché de l’assurance emprunteur tarde à se libéraliser, comment expliquez-vous cette situation ?
La concurrence joue quand même. On peut le voir sur le prix de la police emprunteur qui a beaucoup baissé ces dernières années. Dans la réalité, le client soit va s’assurer ailleurs, s’il le souhaite, soit il impose à « la banque » de s’aligner sur le prix qu’il a trouvé ailleurs. Quand vous faites un crédit, celui qui vous le propose (banquier ou courtier en crédit) est naturellement bien placé pour proposer l’assurance qui va avec, alors que les distributeurs qui font « uniquement » de l’assurance ne sont pas naturellement au bon moment pour faire la vente.
In fine, l’impact n’a pas été très large au niveau de l’ouverture du marché, mais a eu un effet considérable sur le niveau de tarification. Le ministère des Finances avait estimé déjà en 2013 une baisse de 20 % depuis la loi Lagarde, elle s’est poursuivie depuis. D’une certaine façon, l’objectif de redonner du pouvoir d’achat aux Français, cher au sénateur Bourquin, est atteint.
En ces temps de confinement, l'emprunteur est- il toujours assuré en cas de chômage partiel ou de perte d'emploi ? Son contrat d'assurance va-t-il continuer à couvrir son crédit ?
Il est important de préciser que l'assurance perte d'emploi est globalement peu souscrite en France, moins de 2 % des souscripteurs d'un prêt immobilier la sollicitent. Pour répondre précisément à la question, il faut se référer à la notice d'assurance qui est spécifique à chaque assureur. Le plus souvent, les garanties proposées ne peuvent jouer qu'après une période de franchise. Au stade où nous en sommes (début avril 2020), ces franchises ne sont pas atteintes donc très peu de contrats peuvent être actionnés.
Quelles sont les spécificités du marché français de l’assurance emprunteur par rapport au marché européen ?
L’assurance de prêt immobilier en France représente clairement le plus grand marché en Europe, puisqu’il accapare à lui seul un quart du marché européen. En France, on n’imagine pas faire un crédit immobilier sans s’assurer, dans d’autres pays, ces assurances existent mais elles sont complètement facultatives. Ils sont dans un modèle différent où la garantie n’est pas la personne mais le bien. Si vous ne pouvez plus rembourser le crédit, la banque récupère la maison. En France, la logique est différente, si vous refusez l’assurance, la banque ne vous prête pas. De ce fait, il y a moins de demandes en assurance emprunteur sur le marché européen, et par ricochet moins d’expertises. Il n’y a qu’en France où nous avons un dispositif très puissant comme la convention Belorgey qui permet, si vous avez un problème médical qui survient après l’octroi du crédit, d’obtenir une couverture en risque aggravé. On a en France un dispositif qui permet de couvrir presque 99 % des emprunteurs, à ma connaissance, il n’a pas d’équivalent dans d’autres pays. L’assurance de prêt, c’est le premier produit de prévoyance des Français, puisque tous ceux qui ont un prêt immobilier en ont un, en réalité c’est souvent leur « seul » produit.
Vous venez de mettre à disposition de la Maaf Sésame B5, une nouvelle version de votre outil de commercialisation, quelles sont ses nouveautés ?
Sésame V5 est un outil qui permettra à la Maaf de vendre ses produits en quelques clics. L’objectif pour nous, c’est de progresser dans la digitalisation de nos processus, et la V5 permet d’aller encore plus vite que précédemment, en améliorant notamment le parcours client. La conclusion d’un nouveau contrat avec la V5 se fait en quelques clics, tout en intégrant des nouveautés sur le devoir de conseil. De plus en plus, on essaye de personnaliser l’offre selon le profil du client final.
Nos outils correspondent également aux critères que la banque, bénéficiaire juridique de l'assurance de prêt, exige. C’est elle qui impose les caractéristiques du contrat. Nos outils doivent être compatibles avec les critères de la banque A ou B.
Maaf, qui est un de nos clients historiques, a été candidate à tester cette nouvelle version qui a vocation à être distribuée chez tous nos clients, dans différentes versions personnalisées pour chacun de nos clients B to B.
Quel est le modèle économique de CBP ?
Juridiquement, CBP est un cabinet de courtage, spécialisé dans l’assurance de prêt et la prévoyance. Pour l’assurance de prêt, nous traitons à la fois des assurances collectives et des assurances individuelles.
Nous avons comme clients des courtiers détaillants qui diffusent les produits que nous gérons, mais aussi des banques, et nous faisons également de la gestion pour compte de compagnies d’assurance. Nous sommes en B to B to C, nous n’avons pas d’agences en propre, on ne commercialise pas de contrats en direct. Nous concevons nos produits avec nos partenaires, ils les commercialisent avec nos outils le plus souvent, et derrière nous administrons les contrats.
Nous apportons les mêmes services à nos partenaires pour de la prévoyance individuelle sur des produits tels que la temporaire décès, le Madelin, ou les contrats homme clé, etc.