Dans le cadre de la Semaine de la finance responsable qui débutait ce lundi 1octobre, le Medef, la FFA et l’Association française de la gestion financière (AFG) ont animé une table ronde sur l’investissement financier au service de la stratégie climat. Le but ? Mettre en avant le nouveau dialogue entre émetteurs et investisseurs pour une économie durable.
Journaliste
Le Medef, l’AFG et la FFA ont lancé la semaine de la finance responsable, ce lundi 1er octobre, avec une table-ronde intitulée « Industriels et investisseurs : comment améliorer ensemble le reporting climat ? »
Côté assureurs, Arnaud Chneiweiss, délégué général de la Fédération française de l’assurance (FFA), Philipe Dutertre, directeur au sein de la direction des investissements et du financement chez AG2R La Mondiale, et Marie-Pierre Peillon, directrice de la recherche chez Groupama Asset Management, faisaient partie des intervenants.
Arnaud Chneiweiss a rappelé que les assureurs se sont engagés à ne plus investir « dans les entreprises qui veulent développer le secteur du charbon. C’est un engagement qui a été pris par l’ensemble de la profession, certains assureurs ayant décidé d’aller plus loin encore ». Il a ensuite réaffirmé l’engagement de tous les assureurs vie de la place à proposer d’ici la fin de l’année 2018 des offres dites « vertes ». « Quelle que soit l’entreprise d’assurance vie à qui vous vous adressez, une offre explicitement verte et labellisée sera disponible », certifie le délégué général de la FFA.
Un guide des bonnes pratiques
Par ailleurs, à l’occasion de la table ronde, la FFA a produit un « Guide de bonnes pratiques des assureurs ». « Nous essayons de développer des outils, des méthodologies et aujourd’hui on publie un guide d’engagement et d’exclusion ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance). Il décrit les possibilités dont dispose l’assureur pour faire appliquer la politique ESG lorsqu’il délègue la gestion de ses actifs », explique Arnaud Chneiweiss. Le guide expose, entre autres, les exigences ESG que les assureurs peuvent mettre en place dans le cadre de leur relation avec les gestionnaires d’actifs, et les différents critères ESG sur lesquels les assureurs peuvent s’appuyer pour les sélectionner. Pour Bernard Spitz, président de la FFA, « ce guide s’inscrit dans la continuité des engagements pris par les assureurs dans le cadre de leur feuille de route pour dynamiser l'intégration des critères ESG climat dans les stratégies d’investissement. Au-delà du reporting, les assureurs s’attachent à déployer des politiques durables pour répondre à ces engagements. »
Dialogue ouvert entre émetteurs et investisseurs
« C'est vraiment un nouveau monde qui s'ouvre à nous. Il faut se demander s'il y a une valuate risk climatique, une sorte de température du portefeuille dans lequel vous investissez ? Ce sont des notions assez nouvelles qui n’ont rien d’évident. Nous avons tout intérêt à travailler ensemble main dans la main entre entreprises, assureurs et gestionnaires d’actifs pour essayer de mettre au point ces méthodologies qui nous aideront dans la transition énergétique », complète Arnaud Chneiweiss.
Le troisième axe adopté par les assureurs est l’ouverture d'un dialogue renforcé entre émetteurs et investisseurs pour un cadre de reporting climat plus abouti. Si les assureurs sont intéressés par le sujet, c’est d’abord parce que l’article 173-4 de la loi de transition énergétique les oblige à faire leurs propres reportings. Avec ces indicateurs, les assureurs espèrent pouvoir mieux orienter les sociétés dans lesquelles ils investissent vers des pratiques plus responsables.
Reste beaucoup à faire
Le secteur va s’intéresser aux initiatives éco-responsables des sociétés : leur plan de développement, laR&Dpour développer des produits et service bas carbone, la cartographie des risques climats auxquels elles sont exposées... Selon les experts, il ne s’agit pas de connaître exactement les risques des entreprises mais de s’assurer qu'elles ont cartographié et identifié leurs risques climatiques et mis en place une gestion et un plan d’action en la matière.
Si ces démarches sont louables, elles n’en sont qu’à leur début, admet Arnaud Chneiweiss : « Il est clair que tout le monde tâtonne, que tout le monde est en phase d’apprentissage. Les méthodologies ne sont pas encore clairement établies. » Avec 2 200 Md€ d’actifs sous gestion, le secteur a déjà bien évolué, avec d'ores et déjà 40% du total passé au crible des critères ESG climat et 45 Md€ d’investissements verts l’an dernier (dont 4 Md€ de green bonds). Il lui reste encore beaucoup à faire. En particulier aux yeux d’ONG environnementales qui régulièrement interpellent publiquement les assureurs concernant leurs investissements pas toujours très verts.