Dans la dernièreligne droite avant l’élection du nouveau président d’Agéa, la fédérationnationale des agents généraux d'assurance, Michel Picon, candidat déclaré àla succession d’Hervé de Veyrac revient sur ses motivations, ses objectifs etson programme de campagne pour accéder à la tête de l’instance au début du moisde juin prochain.
Pourquoi êtes-vouscandidat à la présidence d’Agéa ?
Je me situe dans la logique d'un parcours : en 2012,quittant la présidence du syndicat Réussir, je songeais déjà à me présenter àcelle d'Agéa. On m'a alors conseillé d'attendre en m'expliquant que laFédération était une vieille dame que je ne devais pas bousculer. Mon tourviendrait trois ans plus tard. Je me suis donc rangé aux côtés d'Hervé deVeyrac mais comme j'étais disponible pour l'action collective, j'ai accepté lesmissions que m'a confiées le président sortant, notamment au sein de l'UNAPL oudu CCSF, missions que j'ai réussies, si j'en crois les déclarations d'Hervé deVeyrac. Aujourd'hui, je m'estime légitime pour mettre en place un programmefondé notamment sur l'occupation de terrains que nous avons malheureusementperdus. L'agent général tient une place importante dans la cité maiscurieusement, dans le milieu de l'assurance, au sein des pouvoirs publics etplus encore devant les instances européennes, il n'a plus l'influence qui luirevient, son discours n'est pas entendu, sa doctrine est floue.
Il y a deux candidatspour cette présidence et vous n'êtes pas celui que soutient le présidentsortant. Cela ne vous rebute pas ?
J'ai fidèlement serviHervé de Veyrac et la Fédération pendant trois ans. Malgré cela, le présidentsortant a en effet décidé d'apporter son soutien à Pascal Evrard. Pourquoim'évincer ainsi ? Semble-t-il parce que je suis agent général Axa, ce quisemble poser problème à monsieur de Veyrac. Cela sous-entend-il que lescompagnies pourraient interférer dans la politique de la Fédération? Qu'unecompagnie soit fière que l'un de ses agents préside Agéa me semble procéder dubon sens. Mais doit-on pour autant distiller le venin de la collusion? A-t-onprétendu que monsieur de Veyrac obéissait aux injonctions d'Allianz ou deJacques Richier? Que Patrick Evrard était aux ordres du Gan ? Le seul constatobjectif que l'on peut faire est que cela fait douze ans que la présidence d'Agéaest assurée par un agent général issu soit du Gan, soit des AGF/Allianz. Laprédominance d'Axa relève en cela du fantasme.
J'estime encore une fois ma candidature légitime. Maisau-delà de cette légitimité, je veux faire bouger les choses. En ce sens,l'alternative se présente ainsi : Patrick Evrard s'affiche comme étant lecandidat de la continuité, candidat par défaut puisque son choix aurait étéqu'Hervé de Veyrac postule pour un second mandat. Sans parler de candidat de larupture, je suis celui du changement.
Que souhaitez-vous mettre en place et/ou changer au sein d’Agéa ?
Je constate que la Fédération offre des services de qualité,notamment en ce qui concerne la formation ou le soutien des agents endifficulté et que les prestations proposées aux adhérents sont plutôt bonnes.
Là où l'on pêche en revanche, c'est dans l'implication d’Agéasur les grands sujets qui nous concernent. La Fédération ne débat pas ; il n’y apas davantage de prise de parole avec l’extérieur ; quant au dernier protocoled’accords avec la FFSA, il remonte à 2006 : il n’y a plus aucune production deréflexion confrontée. En clair, nous gérons sereinement le déclin de laFédération et donc de notre profession. Je veux apaiser les relations avec laFFSA et rétablir le dialogue avec la direction générale du Trésor avec qui noustravaillons peu. Il est tout aussi impératif de renouer avec l'ACPR.
Nous manquons de visibilité : même les rapports avec l'Oriassont tendus ! Il est impératif de sortir Agéa de cette position de fédérationisolée, repliée. J'entends pour cela m'appuyer sur une coordination del’ensemble des syndicats en utilisant la technologie moderne et notammentInternet. J'organiserai aussi un état des lieux de l’organisation et de lastructuration des agences, ainsi qu’un maillage territorial de la profession.Ce sont déjà des sujets que j’évoquais en 2012.
Nous mènerons des enquêtes, des études sur, par exemple, lesmarges de manœuvre de la profession. Il faut exprimer sa politique, animer ledébat et ne pas craindre les coups. Jetiens à vendre ce métier comme un métier d’avenir, donner envie aux jeunes del'exercer. Enfin, trouvez-vous légitimequ’Agéa ne rende aucun compte aux adhérents ? Seuls les 138 élus ont accès aux assemblées générales. Cette Fédérationest figée sur elle-même et je veux ouvrir les fenêtres. Si les agents sontmécontents, ils pourront venir me voir : quand on a un mandat on fait face, onassume.
Et que souhaitez-vousfaire pour améliorer le métier d’agent général ?
D'abord apaiser les tensions là où il y en a entre agentsgénéraux et mandantes pour pouvoir peser sur la distribution. Quelle que soitla nature des relations avec la compagnie dont nous dépendons, nous ne pouvonspas vivre l’un sans l’autre. 70% des agents généraux sont aujourd’huipositionnés sur le risque de masse du particulier, un marché où le digital qui imposeplus que jamais l’adossement à une marque est indispensable pour rester dans lacourse. Nous sommes liés à nos mandantes mais ce mandat n’implique pas lasoumission ou la subordination : agents généraux et compagnies doivent seconsidérer comme partenaires économiques égaux, dont l’activité estindissociablement complémentaire. Si l’on ne souhaite pas être lié à unemarque, on devient courtier. C’est un beau métier aussi mais ce n’est pas lenôtre.
Nous avons pour certains d’entre nous une activité decourtage accessoire à notre mandat, le plus souvent sur les risquesd’entreprises. Je préside le Geia, un syndicat lié à Agéa et dédié auxactivités de courtage accessoire des agents généraux ; mais l’accessoiren’est pas le principal. Pour la majorité d’entre nous, c’est dans les marchés duparticulier et du professionnel que nous nous développons.
La réalité, c’est que la marque et l’enseigne sontimportantes pour les clients qui viennent chaque jour en agence, et plus encoresur Internet. Il faut être lisible. Nous apportons une valeur ajoutée dans leconseil et la proximité. Il faut être fier d’être agent général d’assurance,fier de son réseau et de sa compagnie.
A cet égard, je rappellerai aux mandantes que, plutôt que demettre en place des partenariats ou de la distribution directe où il n’y a niprofitabilité ni lien avec notre profession, il serait plus pertinent d'investirsur notre mode de distribution. Je veux leur dire : les agents généraux ne vousdétestent pas ! Mesurez la capacité de développement que nous avons ensemble !L’agent général est un métier en plein développement, notamment grâce àl’assurance de personne et l’épargne : c’est un mode de distribution gagnant.
Je compose autour de moi l’équipe la plus rationnellepossible, issue de compagnies différentes et tenant compte de la carte duterritoire et des générations. Thierry Sevoz (agent général Generali à Saint-Quentin-les-Yvelines et président de la région Ile-de-France d’Agéa) et GuyGeoffroy (agent général SwissLife à Lille et président du syndicat Swissaga) m’accompagnentdéjà. Trois autres seront dévoilés dans les jours prochains. Si je suis élu, au terme de notre mandat,j'aspire à pouvoir affirmer : "Oui, les agents généraux réussissent etprennent des parts de marché !"
Pour plus d’informations sur la candidature de Michel Picon,vous pouvez vous rendre sur : http://www.picon-agea2015.com