Difficile de faire sans les obligations convertibles, dont la convexité est l’atout principal. Diversification et optimisation du SCR font également partie de leurs avantages pour les institutionnels.
directeur général délégué de CamGestion
Nous le répétons depuis près de vingt ans : les obligations convertibles sont une classe d’actifs incontournable et doivent être présentes de façon stratégique dans les portefeuilles des institutionnels ! Les arguments ne manquent pas. Ils reposent principalement sur l’intérêt de la classe d’actifs en termes de couple rendement-risque et d’optimisation du capital réglementaire, le fameux « Solvency Capital Requirement » ou SCR.
La convexité est l’atout essentiel des obligations convertibles. Elle mesure l’asymétrie du mouvement de son prix à la hausse et à la baisse. En cette fin d’année, la convexité des convertibles européennes est d’environ - 5 %/+ 7,5 %. Cela indique que tout mouvement à la hausse de 20 % du prix de l’action sous-jacente entraînera une hausse du prix de la convertible de 7,5 % alors qu’une baisse de 20 % de l’action n’impactera la convertible que de 5 %. La convertible est donc plus sensible à la hausse de l’action qu’à sa baisse !
Les obligations convertibles constituent un moyen attractif de diversifier une exposition actions. En Europe, elles présentent en effet une performance à long terme équivalente, voire supérieure, à celle des actions avec un profil de risque bien inférieur. Sur dix ans, elles réalisent une performance de 43,6 % (Exane ECI Europe) contre 34,6 % pour le Stoxx Europe 600, avec une volatilité inférieure de 6,7 % contre 20,6 % (au 30/09/2016). Le ratio de Sharpe (la surperformance réalisée par un investissement par rapport au taux sans risque par unité de volatilité) est constamment à l’avantage des convertibles.
Dans le contexte actuel caractérisé par des marchés actions chaotiques et des taux bas pouvant faire craindre un mouvement inverse, les obligations convertibles sont intéressantes. Elles offrent une exposition prudente aux actions avec une sensibilité aux taux faible de l’ordre de trois.
Moins consommatrices de capital
Par ailleurs, dans le cadre de Solvabilité II, les obligations convertibles sont moins consommatrices de capital réglementaire que les actions. Les convertibles ne font pas l’objet d’un traitement spécifique dans la directive Solvabilité II et il existe ainsi différentes méthodes de calcul du SCR. Compte tenu de leur côté hybride, la méthode consiste à déterminer l’exposition à chacun des facteurs de risque pour en déduire les SCR actions, taux, crédit et devises. Le SCR actions est généralement prépondérant dans le SCR marché. Il est donc essentiel d’appliquer une méthodologie qui prenne en compte l’asymétrie de la convertible (sa convexité) par rapport à l’action afin de réduire le SCR actions.
De cette façon, les obligations convertibles présentent à la fois un intérêt en matière de diversification (elles captent à long terme une part importante de la performance actions) et d’optimisation du SCR.