« Il y a une désaffection des épargnants pour le fonds euros »

Publié le 15 novembre 2012 à 8h00    Mis à jour le 22 octobre 2015 à 12h40

Romain Beausoleil


L’assureurpatrimonial analyse les difficultés que traverse le marché de l’assurance vieet prévient que la décollecte va se poursuivre en 2013.

Entant qu’assureur patrimonial, comment traversez-vous la crise de l’assurancevie ?

Assezsereinement. Alors que la collecte a enregistré une baisse de 15 % depuis ledébut de l’année, nous sommes en croissance de plus de 10%. Autre faitmarquant, alors que l’assurance vie, dans son ensemble, fait face à unedécollecte de 6 Md€, la collecte de Legal & General France est restéepositive tout au long de l’année. Je constate que nos 35 000 clientspatrimoniaux – qui détiennent entre 100 000 € et 1 M€ d’épargne hors biensimmobiliers – n’ont pas peur de suivre les conseils de nos commerciauxspécialisés et d’investir, par exemple, sur des unités de comptes. Les UCreprésentent un quart de notre collecte. L’objectif est d’atteindre les 30 %l’année prochaine.

Plus globalement, comment voyez-vous le marché del’assurance vie évoluer l’année prochaine ?

Compte tenu du contexte économique je suisconvaincu que le taux d’épargne ne baissera pas. Au contraire, les Français auronttendance à épargner davantage ce qui aura un impact négatif sur la consommationet donc la croissance économique. Concernant l’assurance vie, je partagel’analyse des agences de notation qui s’attendent à une poursuite de ladécollecte. Cette situation s’explique par la désaffection des Français pourles fonds euros du fait d’une baisse des rendements qui trouvent leur origine,notamment, dans la chute des emprunts d’Etat.

Contrairement au discoursrassurant du secteur, vous confirmez donc que les épargnants fuient le fondeuros…

Absolument. Et c’est une grande nouveauté pour lemarché. Beaucoup de professionnels et d’analystes annonçaient ce mouvementdepuis quelques années. Nous y sommes aujourd’hui entrés de plain-pied. Lesassureurs doivent se faire une raison et accepter de fermer une parenthèse deprès de 20 ans où le fonds euros a connu un incroyable succès. Or, aujourd’hui,avec un taux brut moyen de l’ordre de 2,5 %, le rendement net est proche de 0 %,déduction faite des prélèvements sociaux et de l’inflation. Le plus contrariantest qu’il n’existe pas de substituts au fonds euros. Nous rentrons dans unenouvelle ère où les assureurs doivent proposer une allocation plus offensive etdynamique pour satisfaire l’épargnant.

Dans cette logique, que proposez-vous à vosclients ?

Nous avons passé récemment unaccord avec Primonial pour intégrer dans nos contrats une poche immobilière.Plus précisément, notre offre comprend à la fois une SCPI (société civile deplacement immobilier) pour les revenus et une SCI (société civile immobilière)permettant de bénéficier du cadre fiscal de l’assurance vie. Ce produitfonctionne bien. Nous constatons des transferts significatifs du fonds eurosvers ce support immobilier. Par ailleurs, nous avons lancé il y a peu uneobligation d’entreprise baptisée "Oddo 2017" sur laquelle nousmisons beaucoup. Et je vous rappelle que nous avons été le premier assureur dela place à proposer, dès 2000, la suppression des droits d’entrée et des fraissur versement afin de ne pas pénaliser l’épargnant qui fait le choix del’assurance vie.

Pourquoi ne lancez-vous pas de variable annuities ?

Pour la simple et bonne raisonque je n’y crois plus. La volatilité sur les marchés financiers a tué ceproduit qui repose pourtant sur un mécanisme astucieux. Mais de toute évidence,il est à la fois trop coûteux pour l’assureur et pour l’assuré qui supporte aufinal des frais de gestion faramineux.

Comment se porte votre activité desanté/prévoyance collective ?

Nous réalisons sur ce segmentun chiffre d’affaires de l’ordre de 200 M€. En partenariat avec nos 300 courtiers spécialisés, nous continuons à offrir des garanties sur mesure à plusde 4 000 entreprises clientes. Outre notre capacité à adapter les garanties,notre spécificité réside dans le fait de choisir les segments d’activités àpotentiel et de répondre aux demandes de cotation en moins de 48 h. Compte tenude notre modèle d’affaires, il n’est pas impossible que Legal & Generalcontinue d’enregistrer l’année prochaine une croissance à deux chiffres sur cesegment.

Malgré l’élargissement des accords de branche qui fontla part belle aux institutions de prévoyance…

La position du législateur surles accords de branche est assez surprenante. J’espère que Bruxelles reviendrasur cette décision qui est contraire au principe de libre concurrence. Au-delàde ce contexte réglementaire, le marché des collectives est compliqué. Nousobservons en effet une véritable tension dans le monde de l’entreprise suite auchoc fiscal. Les chefs d’entreprises sont inquiets et les postes de dépensescomme la santé/prévoyance sont revus à la baisse. Beaucoup de nos clients cherchentà réduire leurs niveaux de garanties. Mais cette situation ne devrait pas êtrede nature à freiner notre développement.

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