Interview de la semaine

« Finaxy devait atteindre la taille critique pour être entendu des assureurs »

Publié le 14 septembre 2017 à 8h00

thierry gouby

Erick Berville, PDG de Finaxy Group

thierry gouby
chef de rubrique

Parvenu à hisser en moins de dix ans son cabinet dans le top 20 du courtage français, Erick Berville, fondateur et PDG de Finaxy, fait le point sur l’activité et sur les futurs projets du courtier.

Où en est le développement de Finaxy Group aujourd’hui ?

Notre activité se partage en trois grands secteurs : le risque d’entreprise, le risque de particuliers de niche et les grands partenariats, dont les joint-ventures nouées avec Crédit agricole/LCL d’une part et Covéa/MMA d’autre part.

Notre volonté est d‘être un courtier multispécialiste, en pointe et avec une vraie valeur ajoutée dans chacun des domaines sur lesquels nous sommes positionnés. L’aventure Finaxy Group est très jeune. Elle n’a débuté qu’en 2009 et n’a pas dix ans. Nous souhaitons rester à notre place en toute humilité. C’est essentiel.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos activités ?

Finaxy entreprise est orienté sur les sociétés du middle market avec un cœur de cible d’entreprises ayant un CA entre 50 et 500 M€ : un segment sur lequel les grands courtiers se positionnent moins. Et dans lequel les agents généraux ou les courtiers de taille moyenne n’ont pas toujours la capacité d’apporter des solutions à toutes les problématiques. Il s’agit essentiellement de risques industriels, mais aussi de risques construction avec plus de 1,5 Md€ de travaux assurés chaque année. Sans oublier l’assurance de personnes avec Finaxy ADP-Vie, notre filiale santé collective, prévoyance et retraite qui connaît un développement important.

Sur le risque de particuliers de niche, des filiales comme TEA Cerede ou encore Animaux santé continuent de progresser d’environ 25 % par an. Notre autre filiale AssurBike enregistre, quant à elle, une croissance de 30 % avec la refonte de ses fondations. Enfin, sur nos partenariats, notre première JV avec Crédit agricole est installée de longue date sur des produits de niche et continue de progresser d’année en année.

Par ailleurs, Covery, notre récente joint-venture montée avec Covéa/MMA, semble après un an d’existence très prometteuse.

Justement, quel est votre objectif avec Covery ?

Grâce à Covery, nous épaulons le réseau d’agents MMA sur le risque d’entreprise avec pour cible des sociétés qui enregistrent entre 1 et 20 M€ de CA. Pour ce faire, nous leur avons développé un outil informatique dédié, avec un accès à toute une gamme de produits exclusifs.

C’est une façon différente d’appréhender le métier. Cela nous permet de créer des couvertures plus en affinité avec le réseau de distribution et de préparer l’avenir.

Tout comme Covéa et MMA, nous sommes convaincus que les agents généraux vont devoir s’orienter vers le risque d’entreprise et/ou vers le service, comme certaines compagnies envisagent de le faire. Le risque de particulier étant aujourd’hui cannibalisé par la bancassurance, les agents doivent non pas redéfinir leur métier, mais le réinventer, ce qu’a bien compris MMA.

Quelle est la différence entre Covery et un cabinet de courtage captif ?

Il est compliqué pour un groupe d’assurance d’être à la fois assureur et courtier. Ce sont là deux métiers bien différents. MMA avait déjà son cabinet captif, OCG assurances, qui permettait aux agents de proposer certains produits que la compagnie n’avait pas développé.

La joint-venture est différente, puisqu’elle permet à chacun de garder sa place. Covery a vraiment été mise au centre de la stratégie de Covéa avec des moyens pour un projet d’envergure. L’intégration des 1 200 agents généraux de MMA dans le dispositif est un processus lourd.

Covéa est une grande maison, ce qui lui confère une place de choix sur le marché, mais un peu d’inertie. Finaxy a la réactivité d’une entreprise de taille moyenne. Une forme d’agilité. Grace à Covery, les deux entités marchent d’un même pas, pour récupérer ces risques qui leur échappaient jusqu’alors.

Etes-vous aujourd’hui arrivés à une taille critique ?

Notre croissance repose sur une équation simple : 50 % organique, 50 % externe. La première priorité était d’atteindre une taille critique pour être entendu et écouté par les compagnies d’assurance. Il a donc fallu rapidement peser un certain poids pour pouvoir discuter avec les opérateurs tout en étant capables de délivrer les meilleurs produits avec des process et des services de qualité.

La seconde priorité est de développer notre croissance externe en pénétrant les secteurs d’activités dans lesquels nous ne sommes pas encore positionnés. Sans perdre de vue les grands objectifs fixés en croissance organique et le renforcement de nos activités existantes.

N’y a-t-il pas un risque d’empilement d’entités ?

Sur l’assurance du particulier, cela me paraît fondamental de garder des structures indépendantes sur des niches métiers et avec une forte barrière à l’entrée, sous peine de perdre de la valeur ajoutée. Sur ce type d’activités, nous verticalisons nos savoir-faire : un gestionnaire sinistre chiens-chats n’est pas légitime dans le traitement d’un sinistre sur une auto de collection à 2 M€. Il faut que chacun maîtrise son sujet et reste parfaitement dans son domaine de compétence.

Sur notre activité entreprise, mutualiser nos deux branches (IARD et assurance de personnes) n’aurait pas non plus de sens. Sur le dommage, nous favorisons en revanche les regroupements régionaux comme avec les quatre cabinets de courtage que nous avons racheté à Tours et sa région qui ne font aujourd’hui plus qu’une seule entité. Nous intégrons nos filiales sans précipiter les choses. Notre objectif est évidemment de rationnaliser nos activités. Nous sommes dans un véritable schéma d’intégration et de rationalisation du groupe.

Avez-vous l’intention de faire de nouvelles acquisitions dans les prochains mois ?

Concernant notre croissance externe, nous souhaitons encore renforcer certaines de nos régions sur la partie entreprise. Sur la partie assurance de particuliers, nous étudions actuellement plusieurs dossiers d’assurances de niches.

Aujourd’hui, il est encore possible de faire des acquisitions via des professionnels, mais la meilleure solution dans le temps reste l’approche directe avec des gens de confiance, en toute transparence et avec loyauté.

Quid de votre développement à l’international ?

Mon expérience passée m’a montré que l’international pouvait coûter très cher. Nous n’irons à l’international qu’une fois la vitesse de croisière du groupe atteinte en France. Pour l’instant nous n’y sommes pas.

Pour l’heure, nous avons structuré notre activité commerciale, la partie financière, l’informatique, le juridique et les ressources humaines. Tout cela prend du temps. Finaxy n’est pas une constellation d’entreprises qui fonctionnent indépendamment. Chaque entité du groupe est structurée puis intégrée financièrement et surtout sur un même système d’information. Nous avons pour cela notre propre SSII (Finaxy digital & technologie) créée dès le démarrage du groupe en 2009.

Le moment venu, nous saurons parachever les fondations Finaxy avec la brique internationale. Un de mes objectifs est de pouvoir monter notre propre réseau international pour accompagner nos clients français à l’étranger, ce qui implique un réseau actif, animé avec de vrais relais de croissance derrière.

Comment voyez-vous l’évolution future de votre capital ?

Le fonds d’investissement Equistone Partners Europe est entré au capital de Finaxy en 2014. Pour l’heure, je suis très heureux avec ce partenaire financier, notre relation est excellente, saine, directe et nos rôles sont bien définis.

Pour la suite, il ne faut pas céder aux chants des sirènes et aujourd’hui je n’ai pas de profil idéal en tête. Ce dont je suis certain, c’est que le développement de Finaxy ne se fera pas au détriment de son fonctionnement actuel, de ses collaborateurs et de son identité.

Ensuite, le champ des possibles est large, entre les différents acteurs qui veulent se développer sur le courtage ou un switch de fonds d’investissement. J’aimerais garder le mode de fonctionnement que nous avons aujourd’hui avec Equistone, et cela fera partie de mes exigences futures. Enfin, il reste les solutions au sein même de la profession, mais s’il devait y avoir des discussions ça ne sera pas pour intégrer Finaxy comme une simple filiale mais comme un groupe dédié à un marché en complément d’un existant.

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