Interview de la semaine

« En prévoyance, la crise coûte déjà très cher en 2020 et cela se confirmera en 2021 »

Publié le 3 décembre 2020 à 8h00

Elisabeth Torres

Thomas Saunier, directeur général de Malakoff Humanis

Elisabeth Torres
journaliste

A la tête de Malakoff Humanis, Thomas Saunier évoque la manière dont le groupe traverse la crise sanitaire, et affiche un optimisme conforté par le cadre de la loi Pacte en matière de retraite supplémentaire et d’épargne salariale. Retrouvez l’intégralité de l’entretien de Thomas Saunier dans La Tribune de l’assurance n°263 de décembre 2020.

Quelle est la situation financière du groupe ?

Notre ratio de solvabilité à fin 2019 s’élevait à 226 % hors mesures transitoires, 213 % au 31 mars 2020, 217 % au 30 juin ainsi qu’au 30 septembre 2020, ce qui traduit la résistance du groupe au choc pandémique. Les fonds propres du groupe s’élèvent à 7,5 Md€ dont 7,2 Md€ en Tier 1, hors dette subordonnée.

Pour autant, indépendamment de la crise sanitaire, depuis plusieurs années, les marchés de la prévoyance et de la santé collectives sont structurellement déficitaires sous l’effet de l’augmentation de l’absentéisme maladie et de la hausse soutenue des dépenses de santé. Notre politique d’indexation intègre ces dérives. Concernant l’impact de la crise sanitaire, nous avons décidé de ne pas le répercuter sur nos clients. Ce faisant nous assumons pleinement notre rôle d’assureur.

Notre rôle est également de prévenir ces dérives. C’est ce que nous faisons à travers notre démarche diagnostic et protection du capital humain en proposant à nos clients des dispositifs de prévention santé et de maîtrise de l’absentéisme en entreprise. Sur ce thème, nous venons de rendre publics les résultats 2020 de notre baromètre annuel absentéisme maladie qui met notamment en avant la hausse des arrêts longs (supérieurs à trente jours).

Avez-vous chiffré le coût de la crise sanitaire pour Malakoff Humanis ? Que pensez-vous de la taxe additionnelle appliquée par le gouvernement aux complémentaires santé ?

Il est encore trop tôt pour déterminer le coût exact de la crise. Nous pensons qu’en santé, en 2020, nous aurons un résultat neutre, avant application de la taxe. En prévoyance, en revanche, la crise coûte déjà très cher en 2020 et cela se confirmera en 2021.

Cette taxe semble déconnectée de la réalité. Les pouvoirs publics ont pourtant (en tout cas avant que le Parlement ne débatte du PLFSS) décidé de l’appliquer aux complémentaires santé sans tenir compte de la singularité du modèle collectif. Or, pèse sur les collectives la portabilité des droits en cas de licenciement qui n’existe pas dans le cadre des contrats individuels.

Entre les impayés, la portabilité et la taxe, la Covid-19 devrait nous coûter 500 M€ sur deux ans. On taxe ainsi une entreprise qui fait des pertes. En l’état des débats parlementaires sur le PLFSS pour 2021, nous allons verser 80 M€ au titre de la taxe additionnelle en 2020 et 42 M€ en 2021. Il nous faudra attendre 2022 pour espérer un retour à l’équilibre et retrouver un niveau de performance satisfaisant.

Quelles sont vos perspectives à cet horizon ?

Nous sommes en ligne avec nos quatre ambitions : être le partenaire préféré de nos clients, être un groupe engagé, en transformation permanente, tout en restant solide et performant. Dans ces conditions, j’ai une très grande confiance en l’avenir à moyen terme pour le groupe. Un optimisme mesuré mais conforté notamment par le cadre nouveau dessiné par la loi Pacte pour la retraite supplémentaire et l’épargne salariale. Deux activités pour lesquelles le groupe est déjà bien positionné et dispose de la double expertise. Avec les conditions du développement de ces activités désormais réunies, Malakoff Humanis est très volontariste et ambitieux.

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