Stéphane Dessirier, directeur général du groupe MACSF

« En non-vie, les résultats techniques de MACSF sont de bonne facture »

Publié le 3 novembre 2022 à 9h00

Nessim Ben Gharbia    Temps de lecture 5 minutes

Stéphane Dessirier dresse un premier bilan du plan stratégique MACSF 2024, livre les grandes tendances de l’exercice en cours, et commente la dégradation de la sinistralité sur le segment RC médicale. Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le numéro de novembre de La Tribune de l'assurance.

Quel bilan dressez-vous de votre plan stratégique, MACSF 2024, lancé en 2020 ?

Percuté par la crise sanitaire, notre plan stratégique a été globalement bien conduit. Nous allons le clore en 2023 avec un an d’avance et en ouvrir un nouveau à partir de janvier 2024. Il était principalement basé sur le développement interne, nous avons recruté 50 % de commerciaux de plus, essentiellement des collaborateurs dans nos agences (160), et une vingtaine sur nos plateaux téléphoniques. Nous avons également restructuré notre démarche commerciale, en allouant des portefeuilles à chacun. Jusqu’ici, les agences étaient en charge du suivi de l’ensemble des sociétaires. Nous avons mis en place une relation directe entre le commercial et son client. Chaque commercial dispose désormais d’un volume de 1200 sociétaires, charge à lui de développer ce portefeuille en axant sa démarche sur le multi-équipement. Nous nous sommes également dotés d’un outil de CRM, qui permet d’avoir une vision à 360° du client.

Quelles sont les grandes tendances de l’exercice 2022 sur vos différents segments d’activité?

Aujourd’hui, nous sommes bien orientés. Notre collecte épargne-retraite est en progression de 6 % par rapport à l’année dernière, portée notamment par la retraite complémentaire. Nous ne sommes pas inquiets pour la collecte de cette année. Le fait que nos clients soient majoritairement investis sur le fonds en euros leur a permis de moins subir la crise. Par ailleurs, notre gamme d’UC permet de diversifier l’encours sans prendre des risques considérables. Au total dans le cadre du plan stratégique, nous avons progressé sur les UC, de 14 % à 20 % de l’encours fin 2021. En outre, la réorganisation de nos forces commerciales nous a bien réussi et a permis, sur la durée du plan stratégique, une progression annuelle de plus de 7 % des affaires nouvelles. Historiquement, nous enregistrons chaque année une croissance de 3 % aussi bien en nombre de sociétaires qu’en nombre de contrats. Nous avons la chance d’être sur une population (professionnels de santé) plutôt croissante, le nombre de paramédicaux notamment augmente chaque année. Nous accompagnons cette croissance. En IARD, nous devrions réaliser une progression du chiffre d’affaires et du nombre de contrats de 3 % cette année. Cependant, la sinistralité, notamment climatique, est très mauvaise. Pour le seul péril grêle, nous enregistrons un surcoût de 20 M€ de sinistres supplémentaires, auxquels s’ajoutent les hausses du coût des réparations matérielles en auto comme en habitation.

Quels sont les ressorts de la faible croissance 2021 de vos activités non-vie ?

Nous avons des ratios combinés de 95% globalement sur l’IARD, ce qui fait du dommage un segment rentable. Les chiffres 2021 ont toutefois été défavorablement impactés par l’évolution du régime de prévoyance des médecins libéraux avec la prise en charge par leur caisse de prévoyance de la franchise de quatre-ving dix jours, à hauteur de 50%.  En conséquence, nous avons déduit le prix de cette garantie de notre tarification en prévoyance ce qui a fait baisser nos primes. Ce geste nous a couté autour de 10 M€ et explique la moindre croissance de l’activité. Cet effet s’est doublé de notre décision de ne pas augmenter nos tarifs au 1er janvier 2021 et d’octroyer une ristourne sur nos primes en responsabilité civile professionnelle, compte tenu de l’impossibilité de certains professionnels de santé d’exercer durant la pandémie. Ces différentes mesures sont à l’origine du moindre développement de notre chiffre d’affaires non-vie l’an dernier. Pour autant, la croissance de l’activité et les résultats techniques restent de bonne facture.

Comment remédier à la dégradation de la sinistralité en RC médicale ?

Nous sommes préoccupés par la conjoncture. Le système de santé est à bout de souffle, ça se traduit notamment par une relative désorganisation, des déserts médicaux, une augmentation des burn out parmi les professionnels de santé. Nous sommes inquiets de l’évolution actuelle. En tant qu’assureur des professionnels de santé, nous sommes prêts à soutenir des initiatives et des expérimentations pour améliorer le système de soins. Nous le faisons déjà, par exemple en investissant dans des start-up de la e-santé. Nous considérons aujourd’hui que le digital n’est pas assez utilisé. Pourtant, s’il n’y avait pas eu les applications de téléconsultation et de suivi à distance des patients, la situation aurait été beaucoup plus compliquée pendant la pandémie. Beaucoup reste à faire et nous souhaitons apporter notre contribution à l’avenir du système de santé. L’innovation digitale est de nature à réduire les contraintes administratives qui pèsent sur les médecins, à faciliter leur travail et à le sécuriser.

En responsabilité médicale, nous sommes confrontés à une dégradation de la sinistralité avec un ratio combiné autour de 115%. Pour l’instant, nous arrivons encore à mutualiser la RC médicale avec les autres risques car elle représente 100 M€ de primes sur les 800 M€ perçus en IARD. Mais la conjoncture, avec l’inflation du coût des tierces personnes qui nous oblige à reprovisionner massivement et les barèmes d’indemnisation qui s’avèrent inflationnistes, nous oblige à réagir et à procéder à des majorations significatives en 2023.

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