Julien Guénot, directeur des activités assurance d’Axa XL pour la France
journaliste
Le dirigeant fait le point sur le marché, les renouvellements et l’intégration de l’assureur.
Comment évolue le risque d'entreprise ?
Il connaît un retournement de marché. Ces moments d’inversion du cycle sont toujours extrêmement intéressants, notamment parce qu’on doit rebattre complètement les règles d’engagement ; les contenus et la durée des échanges ne sont plus les mêmes. Cela crée beaucoup d’instabilité et d’incertitude dans des fonctionnements établis.
Dans un processus de réorientation stratégique dans lequel le groupe Axa réduit significativement son exposition aux marchés financiers comme l’assurance vie, pour se recentrer sur les risques techniques, nous devons être à l’équilibre technique sur nos lignes IARD.
Axa XL a joué un rôle de leader sur le marché français pour définir avec chacun de ses clients un équilibre technique du compte de manière à avoir une relation pérenne dans le temps. Cela passe par une revue de la souscription, l’évaluation des risques et l’adéquation des couvertures. Aujourd’hui, nous regardons les dossiers et les risques de façon encore plus précise et accompagnons les risk managers dans des perspectives encore plus structurées avec l’appui du courtier.
Nous opérons aujourd’hui en France sur quatorze lignes de business et toutes ont des capacités pour nous positionner en tant qu’apériteur.
N’y a-t-il aucune ligne qu’Axa XL a choisi de ne plus souscrire ?
Nous avons des lignes de marché qui sont sous pression, c’est notamment le cas de l’assurance dommages. Les lignes financières sont elles aussi en tension, notamment le produit responsabilité civile des mandataires sociaux (RCMS), et en particulier sur le segment des très grandes entreprises où nous avons constaté un développement du risque qu’Axa XL juge préoccupant d’un point de vue économique. Nous avons établi des conditions tarifaires, pour continuer d’accompagner nos clients, qui sont jugées élevées. Nous sommes aujourd’hui un grand acteur sur la RCMS aux Etats-Unis et nous percevons une tendance au sein des très grandes entreprises américaines qui nous a amenés à durcir nos conditions. Même si en RCMS nous sommes peut-être un peu durs dans les négociations, nous ne fermons pas la ligne et opérons toujours sur ce segment.
Là où certains de nos concurrents ferment des branches et réduisent leurs équipes, nous sommes davantage dans une réévaluation tarifaire.
Connaissez-vous précisément votre exposition au risque cyber ?
Les cyber-risques évoluent tant en termes d'envergure que de forme. Cependant, sur notre périmètre, c’est-à-dire le portefeuille France d’Axa XL, je peux confirmer que nous connaissons notre exposition exacte au risque cyber.
Comment s’est passée la période de renouvellement ?
Très bien. On est dans une période difficile parce que les acteurs doivent repenser leur stratégie d’engagement, leur nature et la façon de traiter des sujets qui peut-être n’avaient pas été des priorités ces dernières années.
Côté Axa XL, nous sommes très satisfaits de la façon dont nous avons pu planifier et mettre en œuvre notre stratégie. En dépit de conditions différentes et plus importantes au niveau tarifaire qui pourraient être perçues comme de mauvaises nouvelles, les retours que nous avons reçus sont très constructifs.
Nous sommes désormais sur un marché de différenciation compétitive, d’analyse des risques, et les souscripteurs doivent trouver le bon équilibre pour proposer la meilleure solution avec leurs propres exigences.
Et l’intégration ?
Notre intégration avait trois piliers essentiels : le social, le légal et le financier. Nous avons redéfini une organisation en déployant nos ressources en adéquation avec nos besoins. Ce chapitre social est quasiment clos après les consultations des instances de représentation du personnel. Nous sommes désormais en phase d’implémentation avec une première étape franchie l’été dernier : la nomination des principaux leaders pour la France et l’organisation définitive d’Axa XL.
Concernant le chapitre légal, nous avons reçu l’accord de la Banque centrale d’Irlande pour la reprise par XL Insurance Company SE des activités d’Axa Corporate Solutions et d’Axa Art. La fusion des trois entités (Axa Corporate Solutions assurance, XL Insurance Company SE et Axa Art), que les autorités réglementaires concernées ainsi que la High Court irlandaise avaient déjà approuvée, a donc pris effet le 31 décembre 2019. Le siège des opérations européennes d’Axa XL se trouve dès lors à Dublin et est encadré par le régulateur irlandais.
Il nous reste encore une étape à mettre en place pour finaliser la procédure : l’uniformisation de nos systèmes informatiques et la clôture des comptes. Notre intégration a démarré avec la fusion légale, et la migration des données sur des systèmes informatiques uniques nous permettra de piloter l’ensemble de la division Axa XL avec des référentiels et outils communs.
Quelle est votre politique de souscription ?
Nos politiques de souscription sont parfaitement définies et conduisent nos souscripteurs dans cette campagne. En complément de notre positionnement très fort sur les grands comptes en France, nous souhaitons développer le middle market, notamment les ETI, ainsi que les branches de spécialités. Nos offres risque politique et gestion de crise, proposées localement depuis un an, rencontrent un joli succès. En France, nous comptons également lancer en 2020 une offre fusion-acquisition avec une équipe basée à Paris.