Philippe Dumont, directeur général de Crédit agricole assurances

« Crédit agricole assurances n'a pas encore atteint son plafond de verre »

Publié le 6 juillet 2023 à 9h00

Juliette Lerond-Dupuy    Temps de lecture 7 minutes

Crédit agricole assurances boucle un premier semestre 2023 dynamique, fort de sa stratégie de diversification vers le dommages et les petits budgets. Retour avec Philippe Dumont sur ce début d'année tonitruant. Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le numéro de juillet-août de La Tribune de l'assurance.

Quel bilan dressez-vous à mi-année ?

Notre modèle de bancassureur continue de prouver sa force et son utilité pour nos clients et pour la société. Cela se traduit, au 1er trimestre 2023, par de très bons résultats, en droite ligne avec les ambitions que nous nous étions fixées. Pendant cette période, notre chiffre d’affaires total a augmenté de 7% à 11,7 Md€. En épargne-retraite, nous constatons une progression de 6,6% à 8,2 Md€, et en prévoyance emprunteur individuelle et collective de 6,3 % à 1,2 Md€. En dommages, nous progressons de 9,1% à 2,2 Md€. C’est un rythme d'activité soutenu et nous avons également de bons résultats financiers. Notre contribution aux résultats de notre maison mère Crédit agricole S.A. est en hausse de 32,5% pro forma IFRS 17, par rapport au T1 2022. Ces résultats sont à mettre en rapport avec notre solidité financière qui s’élevait à 204% à fin 2022, ce qui est un niveau satisfaisant parfaitement dans nos cibles.

Où en êtes-vous en retraite collective ?

La préparation de la retraite apparaît comme une préoccupation majeure pour de nombreux français. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place un FRPS en fin d’année, Crédit agricole assurances retraite, qui a pour objectif d’accompagner l’ensemble des assurés dans leur préparation à la retraite et de soutenir les ambitions de développement de long terme de Crédit agricole assurances sur ce marché. Sur le plan de l’activité, nous enregistrons de très bons résultats avec des taux de croissance importants en retraite collective et individuelles. Nous observons des tendances similaires en matière de santé où nous avons passé le cap du million de salariés assurés en santé-prévoyance collective.

Comment se décline votre stratégie de diversification ?

Nous avons démarré avec la bancassurance des particuliers, étendue aux professionnels et agriculteurs et plus récemment aux entreprises. Nous sommes au rendez-vous en termes de diversification, guidée par le plan stratégique du groupe «Ambitions 2025» et le projet d’entreprise de Crédit agricole assurances «One 2025». Nous avons pris des initiatives d’ordre commercial mais aussi au titre du projet sociétal du groupe Crédit agricole, que nous intégrons dans la manière dont nous conduisons nos activités. Notre propre projet sociétal intègre les trois axes stratégiques du groupe : la transition climatique, l’inclusion, ainsi que la transition agricole et agroalimentaire.

Par exemple, notre nouvelle offre MRH destinée aux jeunes locataires, avec l’objectif d’une plus large accessibilité de l'assurance, a été lancée fin 2022. Les premiers chiffres sont encourageants. Nous estimons à ce stade que la croissance du nombre de contrats est de 30% sur la cible.

Enfin, dans le cadre de notre projet d’entreprise et de nos orientations stratégiques, nous faisons du digital une priorité. Nous avons l’ambition d’être l’assureur digital de référence à l'horizon 2025. Le taux d’entrée sur cette offre via le digital est déjà supérieur à 20%, soit la cible que nous nous étions fixée. Cela nourrit notre portefeuille MRH et le rajeunit puisque le rythme de croissance de cette offre est supérieur au rythme moyen enregistré sur notre portefeuille habitation.

Nous travaillons actuellement sur une nouvelle offre d’entrée de gamme en habitation, qui va au-delà de la cible des jeunes locataires. Elle devrait être lancée au 1er semestre 2024. En auto, nous commercialisons également depuis 2021 une offre entrée de gamme. Notre stratégie consiste à diversifier notre mix produit, en accélérant en dommages et à l’international tout en consolidant notre modèle d’affaires de bancassureur universel, présent dans toutes les branches auprès de tous les segments de clientèle.

Quelles sont les contributions de l'activité « assurances » au plan moyen-long terme du groupe ?

Au-delà de notre contribution au modèle de bancassurance du groupe, nous jouons également un rôle important sur les deux principaux chantiers du groupe lancés dans le cadre de son PMT, santé & territoire et transitions & énergie. Sur le volet de la transition énergétique, Crédit agricole assurances apporte une contribution importante car nous sommes le premier investisseur institutionnel en énergie renouvelable en equity. À l'horizon 2025, nous souhaitons atteindre, via nos investissements, 14 GW de puissance installée, contre 5,2 GW en 2020. En parallèle, notre objectif est de réduire l’émission carbone de nos portefeuilles cotés en actions et obligations de 25% à l'horizon 2025. Le chantier santé & territoire est en cours. Il comporte deux dimensions qui nous concernent au premier chef : la lutte contre les déserts médicaux et le bien vieillir.

Êtes-vous arrivé au bon niveau de bancassureur universel ?

Nous sommes le seul bancassureur universel du marché, c’est-à-dire capable de fournir des solutions qui couvrent toute la sphère de besoin d'assurance pour toutes les typologies de clientèles. De plus, grâce à nos banques partenaires, nous disposons d’une hyper proximité avec nos clients sur l’ensemble du territoire. C’est cet ensemble de facteurs qui nous permet de conforter notre position de leader en France et de maintenir durablement un niveau élevé de satisfaction clients. L’objectif est de continuer à décliner cette stratégie car nous avons des parts de marché qui restent variables selon les types de besoins et de produits, comme en termes de taux d’équipement des clients bancaires. Si nous progressons régulièrement, nous ne sommes pas encore à notre plafond de verre.

Que pensez-vous de la mission sur l’assurabilité du changement climatique tout juste lancé par le ministre de l’Économie ?

Le régime d'indemnisation des catastrophes naturelles est un système efficace et qui a fait ses preuves et sur lequel il convient de capitaliser. Face à la récurrence en forte hausse des événements climatiques, nous partageons également qu’il puisse être nécessaire de l’interroger et de le faire évoluer le cas échéant. C’est le sens de la mission qui a été initiée par Bruno Le Maire et confiée à trois experts reconnus, dont Thierry Langreney [ancien directeur général de Pacifica, prédécesseur de Guillaume Oreckin, NDLR].

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