Pierre Guillocheau, directeur des assurances collectives de Crédit agricole assurances
rédacteur en chef
Le dirigeant de Crédit agricole assurances revient sur le bilan de l'an passé et dresse les perspectives de développement du groupe en matière d'assurance collective.
Quel est le bilan de Crédit agricole assurances sur votre segment des collectives ?
Les assurances collectives sont une activité récente pour Crédit agricole assurances puisque nous l’avons lancée en 2015. En prenant pieds sur ce marché, l’objectif est d’élargir le modèle de la bancassurance au marché des entreprises. Depuis le démarrage, nous avons connu une forte croissance puisque nous avons dépassé en 2020 le milliard d’euros de chiffre d’affaires. La dynamique commerciale est forte sur ce sujet au sein des réseaux bancaires. Nous nous appuyons sur un positionnement d’offreur global de solutions pour les entreprises en matière de protection sociale en couvrant l’ensemble du champ de leurs besoins (santé, prévoyance, retraite, IFC et épargne salariale en lien avec Amundi).
Comment se ventile votre chiffre d’affaires ?
Nous avons réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires santé prévoyance de 300 M€ et une activité retraite de 710 M€. Nous tenons à avoir un développement équilibré sur ces trois métiers : santé, prévoyance et retraite. A l’image de nos collègues banquiers, nous adaptons notre approche selon les besoins des entreprises. Sur le volet de la retraite, nous ne menons pas une politique de « coups », nous nous inscrivons résolument dans la durée en nous focalisant sur les dispositifs Pero (ex-art. 83) et les nouveaux art. 39. Nous observons une vraie prise de conscience de la chute des revenus à la retraite chez les cadres, et la demande est forte dans ce domaine. La retraite est un élément de différenciation, de fidélisation et de rétention pour les entreprises, plus que la santé.
Quelle a été la sinistralité de l’exercice de la crise sanitaire ?
Il faut être prudent concernant les impacts de la crise sanitaire sur la sinistralité et sur les équilibres techniques de la santé et de la prévoyance. Il y a clairement des plus et des moins, il faut adopter une vision globale de l’ensemble des sujets et prendre en compte le temps pour analyser les effets induits.
En santé, nous avons vu un recul important de la consommation à partir de mars 2020, puis une hausse soutenue à partir d’octobre, confirmée en ce début d’année 2021, tout particulièrement en optique et en dentaire.
En prévoyance, en revanche, la donne est différente. Tendanciellement, le risque arrêt de travail dérive de 5 % chaque année. La crise a encore accentué la dégradation de ce risque. C’est un domaine qui nécessite un accompagnement fort des entreprises afin de mieux maîtriser l’absentéisme et ses conséquences économiques.
Quel est votre environnement concurrentiel actuellement ?
Les acteurs en présence et leur nombre sont différents selon les domaines d’activité. En santé, l’environnement est fortement concurrentiel. C’est sans nul doute le marché d’assurance où il y a le plus grand nombre d’opérateurs, y compris de très gros acteurs très offensifs. La réforme de la résiliation infra annuelle mise en place fin 2020 est venue renforcer plus encore ce jeu concurrentiel. La prévoyance s’inscrit dans la même logique. Enfin en retraite, le marché est structuré autour d’un nombre plus réduit d’acteurs.
Quels sont selon vous les ressorts stratégiques de votre développement ?
En assurances collectives, Crédit agricole se positionne comme offreur global sur les trois risques de la santé, de la prévoyance et de la retraite. Beaucoup d’entreprises, notamment les ETI, apprécient cette capacité de pilotage global que Crédit agricole assurances propose.
Nous avons même souhaité aller au-delà en initiant voilà trois ans maintenant le rapprochement des deux mondes, celui de la gestion d’actifs, avec Amundi, et celui de l’assurance avec Crédit agricole assurances. Nous avons anticipé d’une certaine manière la loi Pacte.
Le groupe Crédit agricole dispose ainsi d’une offre complète allant de la santé à l’épargne salariale. C’est un élément différenciant de notre offre et l’une des clés de notre succès. C’est une parfaite illustration des synergies que peut proposer un acteur universel et global comme le Crédit agricole.
Globalement, nous nous positionnons, à l’instar de la relation bancaire, en combinant proximité, universalité et accompagnement dans la durée.
Enfin, dans un contexte où les pratiques des clients ont fortement évolué, nous mettons l’accent sur la digitalisation. Notre plate-forme de services, CA ma santé, en place depuis trois ans, véritable « tout en un », reçoit un très bon accueil de la part des salariés. Nous lançons une appli « CA ma santé entreprises » destinée aux dirigeants des entreprises, portant tant sur le selfcare que sur du conseil juridique ou des tableaux de bord de pilotage en temps réel des régimes. Nous avons également mis en place une appli commune entre Amundi et Crédit agricole assurances couvrant l’ensemble des dispositifs d’épargne en entreprise.