« Avec Solvabilité II, la demande de réassurance va redémarrer »

Publié le 9 juillet 2015 à 8h00    Mis à jour le 22 octobre 2015 à 12h35

Manuelle TILLY


A l’occasion des dix ans de l’Associationdes professionnels de la réassurance en France (Apref), rencontre avec sonprésident François Vilnet pour dresser un bilan de l’action menée et faire lepoint sur le marché de la réassurance.

Quels sont les chiffres du marché en 2014, et qu’attendez-vous pour l’année en cours ?

En 2014, les chiffres de la réassurancesont en baisse pour les réassureurs membres de l’Apref. Cela est principalementdû aux affaires non récurrentes : - 3% en vie, et - 17% en non-vie. Enéliminant les affaires non-récurrentes liées à des besoins ponctuels desolvabilité, la baisse se limite à - 3% en vie et en non-vie, ce quicorrespond à un plafonnement dans un marché devenu difficile. Nous assistons en effet à une baisse des taux dans les couvertures non proportionnelles, une hausse desrétentions principalement dans les groupes internationaux qui centralisentleurs cessions, une optimisation des programmes, et une concurrence de laréassurance alternative.

Pour 2015, nous attendons une tendance identique : un cycle baissier et une vigilance de la part des assureurs surleur budget réassurance. En 2016/2017, avec l’entrée en vigueur de SolvabilitéII et ses contraintes en matière d’analyse des risques, nous anticipons unredémarrage de la demande.

Dix ans après la création de l’Apref, quelbilan tirez-vous de votre action ? Pouvez-vous dire que vous avezparticipé au rayonnement de la réassurance en France ?

Depuis dix ans, nousavons amplifié le rôle de la réassurance en France en faisant appel àl’ensemble des réassureurs du marché français et étranger, et avons associétous les acteurs qui de près ou de loin sont concernés par laréassurance : assureurs, courtiers, risk managers représentant lescaptives… Nous avons ainsi aidé à créer une forme de solidarité dansla filière de la réassurance en France, au-delà des problèmes spécifiquesdes réassureurs, et étendu notre périmètre d’action. En consultantl’ensemble de la chaîne, en nous ouvrant à d’autres métiers, nous avons enrichinos points de vue et ainsi contribué au rayonnement de la réassurance enFrance.

En quoi l’Apref est-elle un modèle atypique ?

Nous pouvons nousféliciter d’être l’association de réassureurs regroupant le plus grand nombrede membres dans le monde, une quarantaine, et publiant le plus sur les sujetsde marché. L’Apref coordonne l’action des réassureurs représentantenviron 95% du marché. Pourquoi ici en France ? Peut-être parce que lemarché français de la réassurance est également un cas àpart, sophistiqué mais avec peu de réassureurs installés localement, qui diffère de l’Allemagne ou de laSuisse où les réassureurs sont nombreux et puissants. Notre objectifprincipal est de développer le marché de la réassurance qui aun rôle central dans la gestion du capital des assureurs.Solvabilité II peut nous y aider car cette réforme induit une approche basée sur le risque et fait de la réassurance unoutil central pour alléger les besoins en fonds propres dans lagestion du capital.

Quels sont vos objectifs pour 2015 ?

2015 est uneannée de transition. Nous portons un regard sur nos dix ans d’actionafin de dresser un bilan et ensuite améliorer notre positionnement etnotre communication. Nos publications sont nombreuses mais nos messages,orientés macro-économie, sont techniques et orientés longterme. Ils doiventdavantage être portés auprès des pouvoirs publics. Les dix ans sont l’occasionde les synthétiser autour de dix grandes thématiques : risques naturels,agricoles, politiques, technologiques, corporels, médicaux, biométriques,juridiques, financiers, risques majeurs de marché, afin de conclureà une vision de place.

Justement, comment la gestion des grandsrisques auxquels la France est exposée est-elle prise en compte parl’Etat ?

La France est en retarden termes de culture du risque et de sensibilisation au risque marché.Pour progresser dans ce domaine, une coopération entre les entreprises,les assureurs, les réassureurs et l’Etat, qui intervient en dernier ressort,est nécessaire. Pourquoi ne pas organiser une consultation par lespouvoirs publics pour mener une réflexion globale et collective ?

L’Apref cherche avant tout l’efficacité économique, qui passe par l’analyse,l’évaluation, la prévention, la gestion des risques et les couverturessouscrites, et ce dans l’intérêt de l’assuré, particulier ouentreprise. Afin que l’Etat prenne davantage en compte la gestion et laprévention des risques majeurs, nous avançonsl’idée d’un « risk manager pays », fonctiondéconnectée des structures actuelles, qui aurait une réflexion et une actiontransversale sur l’ensemble des risques majeurs pays.

Dépêches

Chargement en cours...

Dans la même rubrique

Alan accélère sa croissance en 2024

Fin 2023, l’assureur santé Alan indiquait vouloir atteindre une croissance de 40 % de ses revenus...

« Arundo Re est en position de force pour capter la croissance mondiale de la réassurance »

Bertrand Labilloy, DG d’Arundo Re (ex-CCR Re), revient sur les grandes étapes de la transformation...

Europ assistance fait sauter la banque

Le groupe Europ assistance pousse les feux sur un de ses métiers cœur de l’assurance et de...

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…