Interview de la semaine

« Aujourd'hui, les principaux concurrents de Smacl sont les grands assureurs européens »

Publié le 1 février 2018 à 8h00

Anne-Bénédicte Hoche

Jean-Luc de Boissieu, président du conseil d’administration de Smacl assurances -

Anne-Bénédicte Hoche
Thierry Gouby

En parallèle de sa diversification, Smacl assurances reste leader sur un marché des collectivités territoriales en pleine mutation. Jean-Luc de Boissieu, le président du conseil d’administration de la mutuelle d'assurance, fait le point sur la situation (retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le numéro 232 de février 2018 de La Tribune de l'assurance).

Est-il encore possible d’être rentable en restant un assureur spécialiste ?

Il est certain que Solvabilité II donne une telle prime à la diversification que s’ouvrir à d’autres branches ou à d’autres marchés commence en général par réduire le besoin de fonds propres. Le souci de se diversifier ne résulte pas uniquement de SII mais d’une vision plus froide de notre marché principal. Pendant près de quarante ans, la Smacl a « surfé » sur un marché de l’assurance des risques des collectivités territoriales en plein « boom ».

Depuis quelques mois, il y a un retournement de marché avec la chute des dotations publiques et la restructuration du paysage administratif territorial, qui laissent anticiper une stagnation, voire une contraction du marché dans les cinq ou dix ans à venir.

A partir du moment où vous avez acquis une compétence qui vous permet de vous ouvrir et de vous diversifier, et que votre marché de prédilection est voué à stagner, logiquement vous entendez rester leader sur votre marché mais vous préparez l’avenir en occupant, pendant qu’il est encore temps, de nouveaux créneaux. Chez Smacl assurances, cela se concrétise par deux choses : une volonté d’accélérer sur le marché des associations sur lequel nous sommes présents avec 50 000 associations en portefeuille mais où nous pouvons faire mieux, et la poursuite de notre développement sur le marché des entreprises où l’offre de produits Smacl rencontre un intérêt certain.

Qu’a changé la réforme 2016 du Code des marchés publics ?

Cela a surtout permis une clarification des statuts et du périmètre d’intervention des opérateurs soumis au nouveau droit de la commande publique, mais dans la campagne d’appels d’offres qui se termine actuellement, les équipes de la Smacl n’ont pas senti une modification des pratiques du fait de cette réforme.

Ce qui aurait pu bousculer les pratiques de marché concerne le « sourcing », c’est-à-dire la possibilité pour la collectivité adjudicataire d'entrer en contact avec les prestataires, et notamment les assureurs, en amont de l’appel d’offres, dans le but de le calibrer ensemble. Cette pratique n’était pas permise avant pour éviter tout risque de conflits d’intérêts.

En 2017, nous avons constaté que la très grande majorité des collectivités sont restées sur des procédures habituelles, en faisant appel à des auditeurs qui établissent pour elles les cahiers des charges des appels d’offres.

Quel est votre sentiment sur l’arrivée d’assureurs étrangers (opérant notamment en LPS) sur le marché des collectivités territoriales ?

De plus en plus de concurrents investissent aujourd’hui ce marché. Nous avons connu, il y a quelques années, une période faste où un petit nombre d’opérateurs, souvent exotiques, faisaient des entrées et sorties sans grand impact.

Aujourd’hui, très clairement, nos principaux concurrents sont les grands assureurs européens, comme Axa, Allianz ou Groupama. Et ces opérateurs ne viennent pas faire des coups mais veulent investir, en France comme à l’étranger, sur les collectivités.

Quelle est aujourd’hui votre marge de Solvabilité II ? Vous satisfait-elle ?

Smacl a un portefeuille de moyenne importance avec des risques de pointe, ce qui implique d’avoir un ratio S/C qui peut varier assez rapidement. Forcément, cela nous impose une surveillance étroite de notre SCR pour garder notre marge de solvabilité dans le corridor que nous nous sommes fixé. Ce corridor se situe dans la moyenne du marché, au même titre que la majorité de nos concurrents, mais nous sommes beaucoup plus attentifs à notre SCR que la plupart des acteurs.

Est-il facile de maintenir un niveau de frais généraux au plus bas en travaillant davantage avec les courtiers ?

Si nous voulons rester concurrentiels sur notre cœur de cible, même sur de nouveaux marchés, on ne peut pas se satisfaire d’une lente dérive de nos frais généraux. Même si le conseil d’administration est très vigilant sur ce point-là, nous avons légèrement dérapé depuis quelques années car il y a une tentation naturelle des équipes d’accepter la lente augmentation de ces frais. Nous devons faire des choix et tenir bon, sans accepter la hausse des frais généraux comme inéluctable.

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