L'analyse du mois de Standard & Poor's

Assureurs chinois : diversification risquée des investissements

Publié le 17 décembre 2015 à 8h00    Mis à jour le 27 septembre 2016 à 14h25

Marc-Philippe Juillard

À l’heure actuelle, l’essentiel des investissements des assureurs chinois se concentre sur des supports traditionnels de type obligataire.

Marc-Philippe Juillard
directeur pour le secteur assurance chez Standard & Poor's Rating Services

Toutefois, les abaissements successifs de taux directeurs décidés par la Banque centrale de Chine depuis un an devraient encourager davantage les assureurs à diversifier leur politique d’investissement. De plus, l’assouplissement de la réglementation en matière d’investissement à l’étranger devrait progressivement conduire à diversifier leur spectre géographique et ainsi réduire leur concentration, très élevée à ce jour.

Cette politique d’élargissement visant à accroître le rendement des portefeuilles n’est pourtant pas sans risque. Les assureurs chinois ne disposent pas encore d’une expertise étendue en la matière et ces nouvelles classes d’actifs peuvent présenter des risques aussi bien de liquidité que de valorisation, notamment pour ceux libellés en devises étrangères.

À titre d’exemple, le montant des actifs investis dans des opérations non régulées de type bancaire (« shadow-banking ») représentaient environ 16 % de l’ensemble des portefeuilles d’investissement des assureurs chinois à fin 2014, contre seulement 11 % à fin 2013.

Ce phénomène concerne principalement les intervenants de petite taille dans la mesure où les grands assureurs investissent davantage dans des opérations immobilières situées hors de Chine. Cela afin de générer des revenus d’investissement stables et pérennes qui correspondent bien à la nature de leurs propres engagements vis-à-vis des assurés.

Prospectivement, nous estimons que le ralentissement de l’activité économique domestique ainsi que la baisse tendancielle des taux d’intérêt vont tous deux impacter la structure de rentabilité des assureurs chinois, notamment en assurance non-vie. Un phénomène les contraignant à générer davantage de rendement à partir d’investissements plus risqués, et qui pourrait à terme aussi peser sur leur risque de liquidité.

Pour les assureurs vie, l’environnement de taux d’intérêt plus bas va peser sur les marges, notamment sur celles des petits assureurs qui se sont développés en consentant des taux de rémunérations garanties élevés à la faveur d’une réglementation assouplie en la matière.

Globalement, nous considérons que les assureurs bénéficiant d’une culture et d’outils de gestion des risques performants seront les mieux à même de faire face à ces nouveaux enjeux. À l’inverse, les intervenants les plus agressifs pourraient se retrouver exposés à des risques significatifs.

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