Hervé Husson, président délégué d'Ascoma
Chef de rubrique
Alors que les rumeurs de rachat ont couru autour du courtier monégasque fin 2016, Hervé Husson, président délégué du géant du courtage en Afrique, répond sur ce sujet et fait le point sur l'activité.
Comment s’est passé l’exercice 2016 pour Ascoma en Afrique ?
Il y a six mois, le FMI a brusquement réduit de moitié sa prévision de croissance en Afrique pour l’année 2016, faisant de cette année une des plus mauvaises depuis plus d’une décennie.
Pour le groupe Ascoma, qui a connu un très fort développement de ses activités depuis une dizaine d’années, cela s’est en effet traduit par une croissance moins importante qu’à l’accoutumée dans certains pays. Mais cette croissance reste largement positive au global sur notre périmètre africain.
Je crois que nous vivons actuellement, et avec un certain décalage dans le temps, les conséquences sur nos activités de la baisse des cours du pétrole dans la région, ce qui a pesé lourd sur l’économie de certains des pays dans lesquels nous opérons, notamment en termes d’investissements publics.
Malgré le modeste rebond qu’ont récemment connu les cours pétroliers, les années 2017 et 2018 devraient également rester contrastées selon les marchés.
En revanche, les perspectives à moyen terme restent très favorables grâce à d’autres facteurs endogènes positifs comme la croissance démographique, l’urbanisation ainsi que l’émergence d’une réelle classe moyenne, sans oublier le développement et la modernisation du secteur de l’assurance lui-même dont le taux de pénétration est amené à augmenter considérablement dans un avenir proche.
Il semble qu’Ascoma ait été l’objet de toutes les convoitises l’été dernier. Etiez-vous en vente à l’époque ? Quelle est la situation aujourd’hui ?
Non, nous n’avons jamais été en vente malgré les nombreuses rumeurs qui ont circulées à ce sujet. La réalité est que l’Afrique jouit, depuis quelques années, d’une forte attractivité et que de nombreux opérateurs économiques y voient un vecteur de croissance dans un environnement mondial par ailleurs morose.
A ce titre, nous avons été approchés par certains grands acteurs du courtage qui s’intéressaient à la région. Si nous n’avons jamais envisagé de céder le contrôle de nos activités, nous avons en revanche exploré la possibilité de nous associer avec un partenaire dans l’idée de cumuler des expertises et des savoir-faire complémentaires afin d’accélérer encore notre développement sur le continent.
Ces discussions, qui n’ont concerné que le périmètre africain (deux partenariats ont au final été réellement envisagés et étudiés), n’ont pas abouti. Nous maintenons notre modèle : Ascoma reste le premier courtier indépendant au capital entièrement familial en Afrique subsaharienne avec ses 22 filiales sur le continent, dont certaines se sont implantées dès 1952. A ce jour, il n’y a plus aucune discussion de ce type. Nous restons naturellement à l’écoute de l’évolution du marché.
Notre attachement au continent n’est plus à prouver et notre présence continue au service de l’Afrique s’y traduit aujourd’hui par l’emploi de plus de 600 collaborateurs à 98 % originaires du continent.
Nous partageons avec eux le sens quotidien du service client et de la mission du courtier à valeur ajoutée. Nous servons à la fois des clients locaux et des clients internationaux, directement ou comme partenaires des grands courtiers mondiaux dont nous sommes souvent le « relais » sur le continent.
Quelles sont vos ambitions et vos projets pour 2017 sur le continent ?
Nous prévoyons la poursuite de notre développement notamment dans le domaine de la santé. Dans le même temps, nous achevons une phase de consolidation interne avec des outils nouveaux, une approche commerciale plus dynamique, tant au niveau local qu’international et une politique de placement mieux affirmée. Nous sommes toujours plus africains, étudiant et mettant en place des produits dédiés et adaptés aux entreprises et à la classe moyenne émergente.
Nous avons également beaucoup investi dans le renforcement de nos équipes, notamment en termes de compétences techniques, dans le souci d’offrir à nos clients les meilleurs standards sur le marché et une expertise toujours plus pointue.
Comment voyez-vous l’arrivée d’Oléa et de ses fortes ambitions sur le marché africain ?
L’arrivée de ce nouvel acteur, associant des professionnels reconnus, souligne le dynamisme économique du continent et le potentiel de croissance de cette région. Il souligne également, à point nommé, la mission et la plus-value du métier de courtier dans l’environnement complexe de la région.
Cependant, la création d’un vrai réseau de courtage intégré, suffisamment étendu et structuré pour gérer efficacement les risques de grandes multinationales ou entreprises panafricaines, reste un travail de longue haleine qui demande de nombreuses années et des moyens considérables, ce à quoi nous nous sommes attelés chez Ascoma depuis plus de soixante-cinq ans.
L’important est également de pouvoir durer ! Pour Ascoma, cela se traduit par un engagement total et une vision globale qui s’inscrivent dans le temps, au-delà des engouements passagers, ce qui nous a permis par le passé et nous permettra encore, si nécessaire, de surmonter les crises que peut parfois connaître la région.
En ce qui nous concerne, nous pensons avoir l’expérience et la légitimité grâce à notre histoire et notre réel ancrage sur le continent pour maintenir et développer notre position au service de nos clients, qui représentent plusieurs milliers d’entreprises nationales et internationales.