Fin 2023, l’assureur santé Alan indiquait vouloir atteindre une croissance de 40 % de ses revenus pour 2024, un équilibre pour ses activités françaises en 2025 et la rentabilité du groupe en 2026. Qu’en est-il de ces objectifs ? Réponse avec Jean-Charles Samuelian-Werve, cofondateur et CEO qui dresse le bilan 2024, expose sa stratégie et ses ambitions pour l’année qui s’ouvre.
« En 2024, Alan a réalisé la meilleure performance depuis sa création en 2016 avec une croissance de 48 %, +165 M€ net d’ARR (revenu annuel récurrent) comparé à +88 M€ fin 2023 », déclare Jean-Charles Samuelian-Werve, cofondateur et directeur général d’Alan qui compte désormais 700 000 assurés en portefeuille ( +200 000 en 2024). Le groupe a donc atteint un revenu annuel récurrent de 505 M€ (vs 340 M€ fin 2023). Le CEO indique que cette progression a été rendue possible grâce à une « maîtrise rigoureuse des coûts et l’intégration de l’intelligence artificielle dans les processus de vente ».
En parallèle, les pertes ont diminué de 14%, s’établissant à 54 M€ pour 2024 (contre 59 M€ pour 2023), confirmant « l’objectif de rentabilité pour 2026 ». Les effectifs ont progressé de 8 % (600 collaborateurs vs 550 en 2023). « Globalement, le modèle est toujours le même, nous visons un ratio sinistre sur cotisations à l’équilibre et un taux de frais de gestion situé entre 12 et 14 % », indique-t-il. L’objectif d’un résultat net positif pour 2025 reste en suspens. En effet, le cofondateur indique que cet objectif ne peut pas être confirmé pour le moment, car le transfert de charge pour les Ocam n’a pas encore été voté. L’inflation influencera aussi cet objectif.
Quatre axes stratégiques
Le groupe met en avant les quatre axes qui ont permis d’atteindre une croissance de presque 50% fin 2024. Cette hausse est principalement due à une augmentation de la productivité, dont la moitié est attribuable à l’IA. Cette expansion concerne divers secteurs tels que la technologie, l’hôtellerie et les grandes entreprises. Alan a d’ailleurs acquis en 2024 les comptes Cultura, Intersport et Etam. À noter que l'assureur compte 32 000 sociétés clientes, soit 60 % de plus par rapport à 2023.
La percée dans le secteur public a aussi contribué à cette croissance. En effet, l’assureur a gagné deux appels d’offres dont celui des services du Premier ministre (SPM) en septembre 2024, couvrant 15 000 personnes depuis le 1er janvier 2025, ainsi que celui du ministère de la Transition écologique en octobre 2024 où il devient le prestataire du contrat collectif santé (PSC). Ainsi, Alan couvre 60 000 fonctionnaires et 140 000 personnes au total entre les ayants droit des agents et les retraités des deux ministères. « Nous avons formé 2 000 agents en charge des RH pour les accompagner dans la mise en œuvre des conventions de ces ministères, préparant ainsi la paie de janvier 2025 », souligne le directeur général. Par ailleurs, il indique qu’Alan continuera de participer aux nouvelles consultations ministérielles en cours.
L’expansion internationale a également joué en faveur du développement. En effet, Alan a conclu un partenariat avec Belfius, le deuxième bancassureur de Belgique. D’une part, l’assureur « a réalisé une levée de fonds Série F de 173 M€ menée par Belfius et portant la valorisation à 4 Md€ », ajoute le CEO. D’autre part, Alan a noué avec l’établissement belge un partenariat opérationnel de distribution. En Espagne, où l’assureur est implanté depuis 2020, une nouvelle offre Healthy Benefits qui permet aux employés de gérer leurs avantages sociaux a été lancée, avec 60 % des entreprises clientes ayant adopté cette solution en 2024. Enfin, au Canada, Alan a obtenu sa première licence et prévoit de commencer ses activités en Ontario au premier trimestre.
L’autre atout d’Alan se situe au niveau de son système d’information (SI), lequel en se redimensionnant facilement lui a permis de gérer l’afflux des nouveaux adhérents (200 000 l’an dernier) sur sa plate-forme. En parallèle, le Net Promoter Score (NPS) de 68/100 en 2024 s’améliore de 3 points par rapport à 2023.
Innovation produit
En France, Alan a enrichi son offre de nouvelles solutions en 2024. Notamment, Alan Shop, une marketplace qui propose une sélection de produits de santé et bien-être, laquelle double son volume de commandes chaque mois depuis son lancement. L'assureur a également mis en place le programme Walk qui entend favoriser la marche à pieds et est déployé dans 1 000 entreprises et utilisé par 32 000 adhérents, ainsi que l’assistance médicale Mo qui améliore l’expérience utilisateur. Ces trois produits intégrés à l’application Alan permettent à l’entreprise de devenir « un système de santé où la prévention produit de la rentabilité », se félicite son DG.
Perspectives 2025
Pour 2025, le groupe prévoit à nouveau une croissance de plus de 40 % de chiffre d’affaires, visant un million de membres d’ici douze à dix-huit mois. Il souhaite atteindre 700 M€ d’ARR avant de viser le milliard dès 2026. Concernant la France, Alan lance une nouvelle offre individuelle, Alan Dolce Vita, dédiée aux retraités jusqu’à 75 ans. Elle propose des services tels que la téléconsultation, des remboursements et des tarifs qui visent à répondre aux besoins spécifiques de cette population. Enfin, pour ce qui est de la prévoyance, qui compte pour 25 % du CA en France, Jean-Charles Samuelian-Werve rappelle qu’Alan continuera à investir dans la branche à l'avenir.
Image : siège social de l’assureur Alan, 10e arrondissement de Paris.
