Thierry Van Santen, DG France d'Allianz Global Corporate & Specialty, et Corinne Cipière, directrice déléguée France et directrice commerciale et marketing de la région Méditerranée.
chef de rubrique
AGCS France poursuit sa transition managériale. Thierry Van Santen et Corinne Cipière reviennent sur l’exercice passé et évoquent les perspectives d'avenir de l’assureur grands risques.
Quel bilan tirez-vous du dernier exercice ?
(TVS) 2016 a été une année plus active que les deux précédentes. Notre politique commerciale engagée il y a trois ans commence à porter ses fruits et nous avons enregistré beaucoup d’affaires venues chez nous pour le service et la sécurité. Malgré quelques départs de grands comptes du marché français suite à des cessions ou des takeover étrangers, nous gardons un excellent taux de rétention. Côté sinistralité, l’année a été excellente, je la qualifierai même d’accident statistique. Nous avons eu beaucoup de chance mais cela fait partie du métier.
Côté business, nous avons bien travaillé sur les couvertures cyber, sur les problématiques de supply chain ou sur la PE sans dommage. 2016 marque surtout notre lancement sur la ligne événementiel, où nous souhaitons couvrir l’annulation d’événements, de concerts ou de spectacles, assurer l’industrie audiovisuelle ou des tournages de films par exemple. A l’échelle du groupe, la compagnie Fireman’s Funds, intégrée l’année dernière à AGCS, est un des leaders américains sur ce segment, ce qui nous a aidé à nous lancer depuis Paris en étroite coopération avec Allianz France, déjà présente sur ce segment. Même si cette industrie est historiquement tenue par le marché de Londres, notre capacité à offrir des programmes internationaux va nous aider.
Quelles sont les lignes sur lesquelles vous restez vigilants ?
(TVS) Après plusieurs exercices compliqués, le dommage s’est stabilisé, avec une légère tendance à la reprise. Sur la branche marine et transport, en particulier sur les programmes corps de navires qui sont assez structurellement déficitaires, nous avons procédé à un nettoyage de notre portefeuille pour sortir des affaires à la sinistralité récurrente. Nous avons redémarré sur de nouvelles bases saines en fin d’année, en souscrivant notamment deux belles affaires. La branche aviation se porte plutôt bien, la sinistralité ayant été contenue en 2016, si ce n’est en dommage/Cat, ce qui provoque encore quelques tensions sur les prix.
Quelle est votre politique en matière d’apérition ?
(TVS) Je souhaiterais dans l’idéal qu’AGCS France puisse être apériteur sur toutes les lignes. Parfois, en fonction du type de risques, nous sommes coassureurs ou positionnés en excess, mais lorsque nous sommes dans cette position, nous avons moins de latitude et de marge de manœuvre. Pour correctement manager son portefeuille, vous n’avez d’autre choix que d’être devant.
(CC) L’apérition nous permet de rentabiliser notre modèle. Lorsque l’on regarde toutes nos lignes de business, nous avons un vivier de profils extrêmement experts. L’idée est de pouvoir offrir cette palette en souscription, en prévention ou en gestion de sinistre ou de programmes internationaux. Dès lors que nous sommes en apérition, nous pouvons montrer la qualité de nos ressources. En coassurance, ces talents sont plus difficiles à faire émerger.
(TVS) J’ajoute que lorsque vous êtes un assureur disposant d’un réseau international et de nombreuses expertises, vous fonctionnez avec des frais fixes très élevés. Lorsque vous vous positionnez en excess, vous êtes en compétition avec des acteurs qui sont de purs fournisseurs de capacité, avec des frais fixes faibles. Vous êtes donc de facto avec un désavantage concurrentiel. Aujourd’hui, nous sommes beaucoup apériteurs sur le dommage, la RC, le marine, le spatial ou la construction, mais nous sommes moins devant sur les lignes financières ou l’aviation générale par exemple.
Où en est le PSE en cours chez AGCS France ?
(TVS) Comme l’ensemble des assureurs actuellement, nous sommes dans une dynamique de « transformation digitale ». Cela veut dire que nous allons nous concentrer sur notre cœur de métier qu’est l’expertise et nous traiterons automatiquement les tâches sans valeur ajoutée. Le groupe Allianz souhaite accompagner cette transition en douceur, avec un calendrier étalé sur deux ans. Cela donnera lieu à terme à une légère réduction d’effectif, mais uniquement avec des départs volontaires et limités, ce qui n’empêche pas en parallèle les recrutements à des postes qualifiés.
Mme Cipière, comment se passe votre intégration chez AGCS France ?
(CC) Je suis encore en phase de découverte, d’autant que j’ai un rôle français et un rôle régional au sein du groupe. Le portefeuille y est différent de mes postes précédents et il y a dans ce groupe beaucoup de dynamisme et de volonté de faire. De plus, l’équipe tricolore est finalement assez nouvelle, avec certains des patrons de lignes de business récemment nommés. C’est donc l’occasion de créer une nouvelle dynamique commune.
L’enjeu est aujourd’hui de garder notre niveau de rétention et d’aller chercher de nouveaux leviers de croissance, comme en RC avec l’environnement ou en dommage avec la supply chain ou les NDBI (Non-damage business interruption ou pertes d’exploitation sans dommage). Nous allons aussi pouvoir nous appuyer sur de nouvelles lignes comme l’événementiel ou le risque cyber. Notre organisation opérationnelle doit maintenir un relatif équilibre entre toutes les lignes de business. Garder ce portefeuille équilibré est la clé pour s’imposer sur le marché de manière pérenne.
Quelle sera votre touche personnelle dans les mois à venir ?
(CC) Mon approche sera basée sur la continuité. J’arrive dans une structure installée et qui fonctionne bien. Il n’est donc pas question de tout révolutionner. J’ai envie de guider AGCS France autour des valeurs de collaboration, de proximité, que ce soit en interne entre les équipes ou en externe avec les clients et partenaires courtiers.
J’ai également un côté assez opérationnel, j’aime les affaires et savoir ce qui se passe dans la maison, tant sur des problématiques externes, que sur des sujets internes RH ou finance par exemple. Cette année de transition va me permettre de travailler sur la cohésion au sein de l’entreprise. Cela va être une période pleine de défis et donc aussi l’opportunité de renforcer encore les liens entre les équipes.
Et vous M. Van Santen, quel rôle allez-vous jouer au sein du groupe après cette année de transition ?
(TVS) J’entame ma neuvième année au sein d’AGCS France où j’avais, à mon arrivée, une mission de construction et de croissance que j’ai menée à bien. L’heure pour moi de passer à autre chose est arrivée. L’année dernière, j’ai proposé au groupe Allianz de trouver de nouvelles missions me permettant d’avoir plus de temps pour moi tout en faisant encore bénéficier AGCS de mon expertise. Cela a permis d’anticiper ma succession afin de prévoir une phase de transition avec celui ou celle qui me succèdera. Aujourd’hui, je suis très heureux que Corinne nous ait rejoint, sa réputation sur le marché la précède et elle saura parfaitement prendre en main cette belle entreprise.