Rémunération

Salaire des grands patrons : une femme au sommet !

Publié le 3 septembre 2024 à 15h53

Louis Johen    Temps de lecture 11 minutes

L’édition 2024 du classement des plus hauts salaires de l’assurance mondiale réserve quelques surprises, en défaisant notamment le trio de tête traditionnellement composé des trois patrons des trois majors américaines du courtage. Et même si Aon continue d’occuper la première marche du podium, ce n’est pas le DG qui arrive en tête, mais la directrice financière du groupe, Christa Davies. D’une manière générale, 2023 est un bon cru pour des salaires de dirigeants orientés à la hausse.

Ça bouge en tête du classement des plus hauts salaires de l’assurance mondiale. À tel point qu’en 2023, c’est une femme qui occupe la plus haute marche du podium. Vice-présidente exécutive et directrice financière d’Aon, Christa Davies a amassé un montant proche des 30 M€ l’an passé. La chose n’est pas banale puisque derrière la numéro deux d’Aon plc (qui quittera ses fonctions à la fin de l’année), c’est le numéro un du groupe, le DG Gregory C. Case, qui arrive en deuxième position avec une rémunération totale de près de 22 M€. Le montant des actions de performance, mais également un remboursement de taxe de presque 5 M$ octroyé l’an passé à Christa Davies, auront fait la différence. Rappelons qu’en 2022, c’est Daniel Glaser, patron du courtier américain Marsh & McLennan, qui occupait la tête du classement. Parti à la retraite, il a cédé son fauteuil à John Doyle, qui débarque directement à la quatrième ligne du tableau 2023. Alors que les trois patrons des trois grands courtiers américains ont formé le trio de tête des personnalités les mieux payées de l’assurance ces dernières années, cette tendance n’existe plus en 2023. Carl Hess, PDG de WTW, occupe ainsi la sixième place du classement avec 11,7 M€ de rémunération globale.

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Derrière le duo de tête formé par le binôme à la tête d’Aon pointe cette année Charles Lowrey, président-directeur général de l’assureur américain Prudential qui a encaissé plus de 17,8 M€ tout compris l’an passé. Alors que six dirigeants de groupes d’assurance américains occupent les six premières places du classement, il faut descendre au 11e rang pour retrouver le premier groupe français avec Scor et son directeur général Thierry Léger. Thomas Buberl, directeur général d’Axa, arrive un peu plus loin au 14e échelon.

Émoluments en hausse pour le DG d’Axa

En 2023, le directeur général d’Axa a pourtant bénéficié des nouvelles conditions de rémunération validées par l’AG de 2022. À cette occasion, Thomas Buberl avait vu les composantes de ses émoluments évoluer sur plusieurs plans : un salaire fixe augmenté de 1,45 M€ à 1,65 M€ et un variable cible passé de 1,45 à 1,75 M€, soit 106 % de sa rémunération fixe annuelle. Au total, la rémunération totale cible en numéraire du patron d’Axa atteint donc 3,04 M€. Un niveau qui ne bougera plus jusqu’en 2026. « Le conseil d’administration a décidé que, conformément à la pratique de la société, cette rémunération demeurerait inchangée pendant toute la durée du mandat du directeur général (soit jusqu’en avril 2026). Le conseil a ainsi été particulièrement attentif à définir une rémunération qui soit équilibrée, alignée avec les intérêts des actionnaires et qui puisse demeurer suffisamment compétitive tout au long de cette période », valide le groupe. En 2023, la rémunération variable de Thomas Buberl attribuée au cours de l’exercice a atteint 1,38 M€ (chiffre pris en compte dans le tableau). En ajoutant la part variable différée, le montant versé l’an passé passe à 1,75 M€.

Selon la politique mise en place au sein d’Axa, la performance du groupe compte pour 70 % de la rémunération variable du directeur général. Elle est appréciée en fonction de plusieurs critères que sont l’évolution du résultat opérationnel par action, de la génération de trésorerie, d’un indicateur lié au développement durable (réduction de l’empreinte carbone dans les actifs pour le compte propre du groupe) et de l’indice de recommandation des clients (Net Promoter Score). Le poids relatif de chacun de ces indicateurs est respectivement de 45 %, 25 %, 15 % et 15 %.

Reste la performance individuelle qui joue à hauteur de 30 % de la rémunération variable. Elle est mesurée en fonction d’objectifs spécifiquement liés à des initiatives stratégiques revues chaque année. En 2023, il avait été demandé à Thomas Buberl de réussir la mise en œuvre de la dernière année du plan stratégique « Driving Progress 2023 », à la fois dans ses dimensions financières et extra-financières (taux d’atteinte de 125 %), d’élaborer le nouveau plan stratégique 2024-2026 du groupe Axa (taux d’atteinte de 100 %), de maintenir la stabilité du comité de direction en s’appuyant sur des plans de succession solides et faire progresser la diversité et l’inclusion au sein des équipes dirigeantes (taux d’atteinte de 125 %) et de poursuivre la revue des opportunités d’optimisation du périmètre du groupe, en ce compris les transactions de portefeuilles d’assurance vie, les initiatives de simplification et les acquisitions ciblées (taux d’atteinte de 104 %).

Enfin, la part long terme payable en actions attribuée à Thomas Buberl avait également connu une variation avec un plafond relevé de 150 à 180 % du variable annuel cible. En 2023, la valorisation des actions de performance attribuées au cours de l’exercice a atteint plus de 2,8 M€, contre un peu moins de 2 M€ en 2022.

Du côté des avantages en nature, le directeur général d’Axa bénéficie d’une voiture de fonction et de la prise en charge à hauteur de 62,5 % des cotisations dues au titre de la garantie sociale du chef d’entreprise et du mandataire social (GSC). Il bénéficie des régimes de santé et de prévoyance collectifs tels que mis en place pour l’ensemble des salariés, ainsi que du régime de retraite supplémentaire des membres du comité.

Pas de changement en revanche dans la rémunération d’Antoine Gosset-Grainville, président du conseil d’administration d’Axa. Pour déterminer le montant de sa rémunération fixe annuelle, le conseil d’administration avait fait appel à WTW pour « benchmarker » les pratiques de rémunération appliquées pour des fonctions similaires dans les sociétés du CAC 40 et dans les principales sociétés européennes du secteur financier. « Le conseil d’administration a également pris en compte l’expertise et l’expérience de M. Antoine Gosset-Grainville ainsi que les missions étendues qu’il a décidé de lui attribuer en sa qualité de président du conseil d’administration », indique le groupe en rappelant que le président du conseil d’administration a « participé à de nombreux événements nationaux et internationaux au cours desquels il a représenté la société dans ses relations avec les principaux partenaires et parties prenantes stratégiques du groupe » et « à la demande du directeur général, participé à des réunions internes en lien avec des événements significatifs concernant la société ». Autant de missions qui justifie un salaire de 925 000 €, inchangé par rapport à 2022. Un montant qui représente l’unique élément de rémunération d’Antoine Gosset-Grainville, qui ne bénéficie d’aucune rémunération variable, d’aucun jeton de présence, ni d’aucune attribution d’actions de performance ou autres éléments de rémunération long terme.

Chez Scor, la présidence a changé de main en cours d’année. Denis Kessler, président du 1er janvier au 9 juin 2023, a touché 265 909 € de salaire fixe auquel il faut ajouter 50 000 € de rémunération des administrateurs et 9 238 € d’avantages divers. Fabrice Bréguier, qui a pris la suite le 25 juin 2023, a touché un total de 399 640 € découpés en 311 364 € de salaire fixe, 83 179 € de rémunération d’administrateur et 5 097 € d’avantages.

Du côté de la direction générale, Laurent Rousseau ne comptabilise que vingt-cinq jours de travail en 2023. Parti le 25 janvier, il a reçu 115 980 € de rémunération brute au titre de l’année 2023, dont 54 979 € de fixe, 59 927 € de variable et 1 074 € d’avantages. Directeur général du 26 janvier au 30 avril 2023, François de Varenne a émargé à 429 616 €. Un montant qui témoigne d’un salaire fixe de 212 779 € et d’une rémunération variable du même montant, ainsi que d’une enveloppe de 4 058 € d’avantages en nature. Il a également reçu des actions et des options de souscriptions d’actions estimées à 409 550 €.

Nommé le 1er mai 2023 et actuel titulaire du poste, Thierry Léger a reçu une rémunération brute de 1 865 299 €, dont 833 333 € de salaire fixe et 908 333 € de variable. 122 633 € d’avantages en nature sont également comptabilisés. Il a enfin reçu des actions et des options de souscriptions d’actions estimées à plus de 4,7 M€. Une somme aux allures de package de bienvenue. « M. Thierry Léger a bénéficié en 2023, sur décision du conseil d’administration, d’une attribution exceptionnelle d’actions de performance Scor SE afin de compenser la perte d’un certain nombre de rémunérations différées dues au titre de ses anciennes fonctions chez Swiss Re », explique ainsi le réassureur.

CNP rime avec égalité

Stéphane Dedeyan a quitté la direction générale de CNP assurances en janvier 2024. Mais l’an passé, ce dernier a cumulé les fonctions de directeur général de l’assureur avec celles de président de La Banque postale, suite au départ de Philippe Heim en août 2023. Concernant l’année 2023, la rémunération maximale fixe de la fonction de directeur général de CNP assurances avait été arrêtée à 450 000 €. De même, la rémunération variable avait été fixée à un plafond de 100 000 €. « Une diminution du montant du plafond, par rapport à 2022, avait été décidée au regard du mandat de membre du directoire de La Banque postale occupé par le directeur général de CNP assurances alors en fonction, qui lui a permis à ce titre de bénéficier d’une rémunération fixe de 50 000 € et d’une rémunération variable cible de 50 000 € », précise CNP assurances. Au titre de ses fonctions de président de La Banque postale exercée en 2023, Stéphane Dedeyan a reçu une rémunération de 87 991 € assortie de 1 333 € d’avantages en nature.

Pour Marie-Aude Thépaut, devenue directrice générale de CNP assurances en janvier 2024, les choses sont claires. « La directrice générale bénéficie d’une rémunération fixe et d’une rémunération variable. Elle bénéficie des contrats de prévoyance et de frais de soins de santé mis en place au sein de CNP assurances et d’un véhicule de fonction », indique le groupe. Et les conditions de rémunération seront exactement les mêmes que celles de celui qui a occupé le siège avant elle : une rémunération fixe arrêtée à 400 000 € et une rémunération variable encadrée par un plafond de 150 000 €. Impossible d’en être autrement au sein d’un groupe qui a obtenu une note de 100/100 à l’Index 2023 d’égalité professionnelle femmes-hommes.

En tandem avec la directrice générale, c’est d’ailleurs une autre femme qui complète la gouvernance du groupe. Présidente du conseil d’administration de CNP assurances depuis 2020, Véronique Weill bénéficie d’une rémunération fixe, sans part variable. « Elle peut bénéficier du régime de prévoyance et de frais de soins de santé mis en place au sein de CNP assurances et d’un avantage en nature sous la forme d’un véhicule de fonction », précise le groupe. Inchangée entre 2012 et 2015 puis portée de 250 000 € à 280 000 € en 2016, le salaire fixe du président du conseil d’administration de CNP assurances avait été réajustée en 2020 à 350 000 €. Un montant conservé en 2022 et en 2023 mais qui augmente cette année. Ainsi, pour 2024, le conseil d’administration a approuvé la proposition du comité des rémunérations et des nominations de fixer le montant de la rémunération annuelle de la présidente à 395 000 €. À noter que cette dernière ne perçoit aucune rémunération liée à sa participation aux réunions du conseil d’administration et de ses comités spécialisés.

Variations mutualistes

Un peu de mouvement chez les mutualistes. Du côté de Covéa, le rapport annuel du groupe mutualiste indique une rémunération brute de son directeur général Thierry Derez, égale à 1,588 M€ pour 2023. Un montant qui regroupe une rémunération fixe, une rémunération variable et des primes exceptionnelles dont Covéa ne donne pas le détail. En 2022, la rémunération globale de Thierry Derez s’était établie à 1,869 M€. Le groupe mutualiste attribue également une rémunération fixe brute de 300 000 € à Michel Gougnard en qualité de président du conseil d’administration.

Pas de publication pour les groupes Aéma, Macif et Maif, mais les trois entités ont accepté de donner la rémunération de leurs dirigeants à La Tribune de l’assurance. Directeur général d’Aéma, Adrien Couret bénéficie d’une rémunération annuelle de 513 886 € en 2023. Membre du groupe Aéma, le directeur général de la Macif, Jean-Philippe Dogneton a reçu 424 085 € de salaire fixe et 128 244 € de variable l’an passé. Avec les avantages en nature, son package total s’est élevé à 566 920 € contre 498 653 € en 2022. Enfin, Pascal Demurger, directeur général de la Maif, émarge à 803 881 € en 2023, dont 122 549 € de rémunération variable. Un total en hausse par rapport aux 710 088 € gagnés en 2022.

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