Si les tensions sur le recrutement s’estompent progressivement, les transformations numériques, réglementaires ou des risques maintiennent une pénurie sur les profils spécialisés en actuariat, data science ou cybersécurité explique Louise Enescaux. Rencontre avec la Practice Leader de l’activité assurance chez Morgan Philips Executive Search à l’occasion de la publication de l’édition 2024 du Baromètre des salaires et des fonctions de l’assurance* du cabinet.
Quelles sont les principales tendances du Baromètre des salaires et des fonctions du secteur de l’assurance publié cet automne ?
Parmi les grandes tendances de cette année, il y a une demande accrue de compétences spécialisées, face à une transformation numérique et réglementaire majeure. Cela se traduit en particulier par le renforcement et la professionnalisation des équipes de directions des risques chez les assureurs, en créant une tension sur les profils recherchés. Bien souvent, ces services ont été créés il y a cinq ou six ans avec la mise en œuvre de Solvabilité II. Jusque-là, les effectifs de ces directions étaient insuffisants, c’est peut-être pourquoi cette année nous constatons une affluence de demandes. C’est le cas lorsqu’une nouvelle réglementation arrive. Ces sujets doivent être intégrés très rapidement par les grands groupes, qui sont particulièrement surveillés par le régulateur. Ensuite, il y a une vague d’investissement sur ces profils par les autres acteurs du secteur, qui induit que tout le marché recrute les mêmes profils au même moment. Il en résulte des tensions sur le marché des compétences et une envolée des salaires, comme c’est le cas pour les professionnels du risk management certifiés ERM.
Vous observez une envolée des salaires, pourtant les directions RH des assureurs affirment éviter cette inflation.
C’est le cas sur les profils d’actuaires spécialisés dans les risques. Il y a une bulle sur les profils de ces jeunes professionnels qui changent très régulièrement de poste, presque tous les ans pour certains, en demandant une augmentation de 10 à 15 %. Ils sont donc surcotés sur le marché, mais ils sont tellement chassés qu’ils ne cherchent pas à construire une carrière, ils sont juste...