Plusieurs diplômés de l'Ecole nationale d'administration ont choisi d'exercer dans l'assurance, mettant à profit un réseau d'anciens sans commune mesure. Récit d'une longue tradition française et plongée dans un milieu où les langues ne se délient pas facilement.
On adore les détester. Mais toutes les mères rêvent d'un énarque pour gendre ! L'Ecole nationale d'administration (ENA) a pour mission de former des hauts fonctionnaires. Ses disciples ont essaimé en politique et annexé la cime des plus grandes entreprises. Et pas pour le meilleur, pestent ceux qui fustigent les réflexes claniques d'une coterie inadaptée aux lois de la concurrence. Au fil des ans, l'ENA, qui avait vocation à démocratiser l'accès à la haute fonction publique, est devenue une impitoyable machine à écrémer les élites : « Hormis pendant les stages, je n'y ai rien appris. L'obsession du classement polluait la scolarité d'un très grand nombre d'élèves », se souvient Antoine Catinchi, directeur général de la MGEFI (Mutuelle générale de l'économie, des finances et de l'industrie), reçu au concours interne en 1989. Il n'empêche : l'an dernier, ils étaient encore 1 578 candidats pour 80 reçus, prêts à mettre leur vie entre parenthèses pendant les deux ans du cursus afin de décrocher l'une des quinze premières places. Le prix à payer pour obtenir un "bon de sortie" pour le Saint des Saints : l'Inspection des finances, le Conseil d'Etat ou la Cour des comptes.
Qu'ils sortent dans l'un de ces grands corps ou moins bien classés, ceux que Pierre Mendès-France appelait « ces jeunes messieurs » se distinguent par une certaine uniformité de pensée. Et que dire de l'esprit de caste, sûre de son dû, qui anime les énarques stars ? « La direction de l'école ne fait rien pour...