« Zurich cherche à diversifier ses apporteurs à Paris et en régions »

Publié le 7 mai 2014 à 8h00    Mis à jour le 22 octobre 2015 à 12h37

Stéphane Tufféry


Aprèsdeux années à la tête de la succursale française du groupe Zurich, Anne Charon exposeson bilan et sa feuille de route.

Vousêtes DG de Zurich France depuis 2012, quel est votre bilan ?

Après deux années au sein de Zurich, le bilan estextrêmement positif, tant en termes d’activités sur le marché français, que dedécouverte pour moi d’un grand groupe d’assurance, puissant, global, diversifiéet très technique. Un autre élément caractéristique du groupe Zurich est sacapacité à tout faire dans l’assurance : des montages sophistiqués etinternationaux, du risque d’entreprise quelle que soit leur taille comme enFrance, mais aussi des assurances de personnes ailleurs dans le monde, desrisques de particuliers, notamment avec Farmers aux Etats-Unis, du risqueaffinitaire… De fait, la palette de produits Zurich est très riche : parexemple et pour les seules lignes financières, nous mettons pas moins de quinzeproduits à la disposition de nos clients. Pour la succursale française que jedirige, c’est un atout considérable de pouvoir s’appuyer sur la complétude et larichesse des offres développées par le groupe. Les besoins locaux peuventtrouver chez nous une expertise, une solution hors de la France.

Zurichfigure au pied du podium des assureurs grands risques du marché français. Est-ce suffisant pour vous et quelles sont vos ambitions ?

Je ne suis pas sûre que Zurich figure, comme vous le dites,au pied du podium des assureurs grands risques. En termes de volume de primes,sur le seul segment de marché des grandes entreprises, je pense même que nousoccupons la troisième place.

Quelleest la tendance pour la rentabilité de l’opération française et son chiffred’affaires ?

En taille, notre opération est la cinquième du groupe enEurope sur le segment global corporate, derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne,la Suisse et l’Espagne. Ces deux dernières années, nous sommes parvenus à chaquefois à dépasser les plans de croissance que nous avions nous-mêmes budgétés.Nous avons bouclé l’exercice 2013 avec une croissance de 8 %, un taux derétention de nos clients de 92 % et un ratio combiné conforme au planstratégique. Zurich France compte 204 collaborateurs, dont 60 % de femmes,tous avec une ancienneté moyenne de 8,5ans. Nous gérons et développons un portefeuille de 9 000 polices, dont cellesdes clients de Zurich assurés par d’autres succursales du groupe, et 375 programmes internationaux. Nous travaillons avec 60 courtiers actifs seulement,mais cherchons à diversifier nos apporteurs à Paris et en régions.

Qu’avez-vousbudgété pour 2014 ?

Notre feuille de route est ambitieuse pour 2014 et le marchéfrançais constitue une priorité pour le groupe. Notamment sur le segment desPME-PMI où nous avons identifié un important vivier de croissance. Sur cesegment des ETI et des PME, je suis confiante quant à notre capacité à atteindrenos objectifs annuels. Sur le segment des grands risques et en dépit d’un bonniveau d’affaires nouvelles au 1er janvier, l’année s’annoncedifficile : les appels d’offres sont rares et les mouvements d’affaireségalement. Comme Zurich se refuse à participer au dumping tarifaire en coursnotamment en dommages, nous portons nos efforts sur les risques techniques etconstruction, et les lignes financières.

Dansquelle mesure la restructuration du groupe (250 M$ économisés et 800 postessupprimés à horizon 31/12/2015) concerne-t-elle la France ?

Le plan de restructuration annoncé tout récemment par le CEOdu groupe, Martin Senn, résulte du constat qu’il a dressé suite aux résultats del’enquête d’engagement des employés au niveau mondial : l’organisation actuelledu groupe est complexe avec une accumulation de strates trop nombreuses.L’objectif prioritaire de ce plan est de donner plus d’autonomie aux business units (BU) vis-à-vis du siège, desimplifier les circuits et réduire les délais de décisions entre les fonctionscentrales et les opérationnels proches des clients. Il s’agit d’un plan quivise à alléger la structure des fonctions support qui, pour le groupe Zurich,sont essentiellement concentrées en Suisse et aux Etats-Unis. Pour une BU purement opérationnelle comme la France, iln’y a pas d’incidence à attendre de ce plan de restructuration.

Quelssont les résultats de l’offensive de Zurich France depuis plus d’un an auprèsdes ETI ?

Même si nous ne partons pas de zéro et que le segment desentreprises de taille intermédiaire (ETI) constitue d’ores et déjà un tiers de notre portefeuille, Zurich France a concentréses efforts sur les grands risques cesdix dernières années. Par conséquent, pour nous positionner sur le segment desPME-PMI, c’est-à-dire sur les entreprises qui réalisent jusqu’à 350 M€ dechiffre d’affaires, nous devons faire évoluer à la fois notre mentalité, maisaussi nos procédures et notre organisation. Après l’ouverture d’un bureau àLyon l’an dernier, nous regardons actuellement s’il est opportun d’en ouvrir dansl’Est à Strasbourg et dans l’Ouest à Bordeaux. Surtout, nous constituons progressivement les équipes dédiéesà ce segment de marché. Après une équipe de gestion administrative constituéel’an dernier, nous mettons en place depuis le 1er janvier une équipetechnique qui sera, à fin 2014, composée de sept souscripteurs seniors. Il nousreste à mettre en place une équipe pour la gestion des sinistres de nos assurésPME-PMI. Elle sera en place début 2015. Enfin, pour les entreprises du bas de segment des PME-PMI,où la distribution d’assurance s’assimile à l’assurance de groupement ou affinitaire,nous souhaitons travailler avec les grossistes pour faire le lien sur leterrain avec le courtage de proximité. L’accueil réservé à Zurich par lesgrossistes est très favorable et nous mettons déjà en place des plans d’actionet financier avec certains d’entre eux.

Est-ceune stratégie franco-française ou européenne ?

C’est clairement une stratégie du groupe. J’ai d’ailleurspris la responsabilité d’un projet mid market pour six "pays" européens(l'Allemagne, le Benelux, les pays nordiques, l’Italie, l’Espagne et la France)pour affiner nos outils, nos produits, mais aussi nos procédures de souscriptiondes risques dédiés aux petites et moyennes entreprises. Nous échangeons etétablissons des guides de souscription pour déterminer quand il est nécessairede déclencher une visite de risque par exemple.

Quelimpact pour le marché cyber de l’importante jurisprudence rendue récemment à NewYork dans l’affaire Zurich versus Sony ?

Cette jurisprudence illustre bienl'importance de mettre en place des polices de type "cyber" : lespolices CGL dans les pays anglo-saxons ou RC exploitation en France ne sontpas conçues pour couvrir les risques liés à la divulgation d'informationspersonnelles ou confidentielles et aux atteintes aux systèmes d'information. Toutes lesentreprises sont concernées, comme en témoigne la croissance de notreportefeuille actuel : nous avons signé bon nombre d’affaires nouvelles depuisle lancement de notre produit "Numerisk" dans des secteurs aussi variés que lagrande distribution, le luxe, l'agroalimentaire, les médias, les institutionsfinancières, ou encore l'IT. Il me semble que le déclic s’est déclenché au sein desentreprises.

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