Personne ne l'admet ouvertement, mais les affaires McQueen et Galliano ont dopé le marché de l'assurance homme-clé. Le suicide du premier a privé brutalement Kering de son créateur phare. Quant aux esclandres publics du second, ils restent comme une plaie pas vraiment refermée chez Christian Dior et LVMH : pour la première fois de son histoire, lors de la Fashion Week automne-hiver 2011-2012 à Paris, la maison Dior a présenté la dernière collection de son fantasque directeur artistique... sans sa présence. Dans les deux cas, les groupes propriétaires prirent conscience de l'extrême vulnérabilité de leur organisation : un seul être vous manque et tout paraît "démaillé".
En premier lieu, ces géants du luxe souscriront des contrats personnes-clés pour des profils difficilement remplaçables dans les services communication. Sans oublier la mise en place de toute une batterie d'indicateurs et de capteurs pour détecter les signes avant-coureurs de surmenage de leurs créatifs. Et prévenir leur usure. Mais de là à ce que leurs assistants et leurs collaborateurs osent leur dire non, il y encore un gouffre à franchir....
Quant aux très grands groupes décapités brutalement par la disparition de leur président, ils ont appris à parer à ces éventualités. Depuis la mort de dix membres de l'équipe dirigeante du groupe alimentaire Saint-Louis, dont le PDG Bernard Dumon et son frère Yves, dans le crash de leur avion au Bourget en 1995, une règle non écrite a été instaurée dans les grandes sociétés afin de ne pas faire voyager leurs hauts dirigeants dans un même appareil. Reste à préparer la régence, puis la succession le plus vite possible pour éviter le dévissage du cours de Bourse.