Diminution du nombre d'ouvrages, fonte de la matière assurable, hausse de la sinistralité et nouveaux acteurs aux méthodes discutées : le marché de l'assurance construction reste en position délicate.
journaliste
En mauvaise posture depuis plusieurs exercices, le marché de l'assurance construction s'est une nouvelle fois replié en 2014, après une baisse de 4 % en 2013 et un repli de 8 % entre 2008 et 2012, selon la FFSA. Ainsi, les cotisations des assurances obligatoires (dommages-ouvrage et RCD) ont diminué de 2,5 % en 2013, après une baisse de 2,4 % en 2012 (voir tableau). « Pour l'heure, il y a un peu moins de matière assurable et l'on constate de fait une rétractation de l'assiette de prime en décennale », indique Christophe Pagès, directeur département construction risques techniques & immobilier chez le courtier Marsh.
Sur les garanties longues (dommages-ouvrage et RCD), les opérateurs doivent en outre composer avec une sinistralité dégradée. « Les mauvais résultats en décennale ont poussé des acteurs comme SMABTP ou Axa à abandonner certains segments ou à mieux sélectionner leurs prospects », confesse un autre courtier de la place.
Primes en hausse ?
« Surtout, certains ont augmenté significativement leurs primes », ajoute-il, faisant mentir le leader de la branche, le groupe SMA, qui rappelait mi-décembre lors de la présentation de son plan stratégique à trois ans, la « stabilité de ses tarifs depuis 2006, dans un esprit mutualiste ».
Dans ce contexte défavorable, la mutuelle d'assurance est pourtant parvenue à croître : entre 2008 et 2013 son chiffre d'affaires a progressé de 17 %, quand celui du secteur du BTP se contractait de 15 %. « Le secteur est en forte récession, sans perspective de reprise à court terme », confirme l'assureur qui regarde désormais au-delà du BTP et se tourne tant vers le grand public que vers les entreprises hors construction.
Le yoyo des capacités
Autre facteur aggravant entraîné par une sinistralité grimpante, le mouvement des capacités. « Les capacités pour les risques courts sont en forte augmentation, notamment pour les garanties tous risques chantier, un segment encore rentable, note Christophe Pagès. Paradoxalement, même si globalement les capacités DO et RCD s'amenuisent, certains misent à nouveau sur ces garanties longues, à l'image de l'assureur XL. »
Toutefois, l'offre décennale reste insuffisante et les maîtres d'œuvre se tournent vers des intermédiaires (comme EISL ou SFS), qui s'appuient sur de nouveaux acteurs dont les origines capitalistiques sont basées hors Union européenne. « N'ayant pas encore de passif, les nouveaux entrants proposent des tarifs à la baisse nonobstant la problématique de long terme de ces garanties ; ils jouissent de règles prudentielles propres à leur pays d'origine, moins exigeantes qu'en France », ajoute Christophe Pagès. En dépit du « très mauvais signal que constitue la baisse continue des taux d'intérêt pour les assureurs de ce marché qui, de par la loi, doivent gérer la RC décennale par capitalisation », selon SMA, les professionnels estiment avoir touché le fond et tablent sur une reprise de l'activité d'ici fin 2016.