Catherine Rouchon, présidente du directoire
Journaliste
Le point sur l’activité et les ambitions de Mutex, recommandée ou labellisée sur plus d'une vingtaine de conventions collectives nationales (CCN) en santé, à quelques jours de l’entrée en vigueur de l’ANI.
Quel premier bilan pouvez-vous dresser de l’activité de Mutex en 2015 ?
Un bilan dense. Sur notre activité en prévoyance individuelle d’abord, nous nous sommes mobilisés pour finaliser la sortie de notre nouvelle gamme et accompagner le vif succès qu’elle rencontre auprès des réseaux de nos mutuelles partenaires. Ensuite, nous avons continué à œuvrer sur l’approche des grands comptes, tant en santé qu’en prévoyance. Enfin, nous nous sommes pleinement investis dans la réponse aux nombreux appels d’offres des branches professionnelles, avec un effet resserré dû à la parution tardive des différents décrets et la date butoir du 1er janvier 2016 où chaque entreprise se voit dans l’obligation de proposer une couverture santé à ses salariés.
Mutex fait justement partie des organismes assureurs qui se sont distingués sur le marché des CCN. Pouvez-vous nous expliquer votre stratégie en ce domaine ?
A ce jour, Mutex-l’alliance mutualiste est (co)recommandée ou labellisée sur plus d'une vingtaine de CCN en santé, ce qui en fait effectivement un des assureurs les plus actifs sur ce segment de marché.
Dès 2014, nos mutuelles actionnaires ont fait le choix d’entrer dans la compétition avec, comme feuille de route, de répondre à tous les appels d’offres significatifs, et avec une priorité sur les portefeuilles les plus conséquents. C’est donc cette analyse politique et commerciale qui a prévalue, notre objectif étant à la fois la conquête de terrains nus et la défense de nos parts de marché, dans le but de compenser la perte annoncée d’assurés en individuel.
Depuis, un certain nombre de points techniques ont progressivement été mis au jour, au fur et à mesure de la rédaction des accords : que se passe-t-il notamment en cas de non-paiement des cotisations par une entreprise ? Comment se déclinera concrètement le haut degré de solidarité ? C’est selon la manière dont ces points seront traités, et en fonction des résultats constatés pour chacune des CCN où Mutex-l’alliance mutualiste a été (co)recommandée ou labellisée, que la stratégie sera confirmée ou repensée.
Quelle est l’organisation mise en place pour ces accords ?
Une fois les accords et les arrêtés d’extension signés, lesquels rendent l’accord obligatoire à toutes les entreprises, il reste tout le travail de déploiement. Les réseaux des mutuelles entrent alors en jeu. Quand Mutex et ses actionnaires ont pris la décision de conquérir le marché des CCN, l’hypothèse posée était celle d’un taux de remplissage de l’ordre de 30 %. C’est maintenant, avec tout le travail réalisé par les réseaux de nos mutuelles, que nous allons pouvoir constater si cette hypothèse se réalise effectivement ou est à réviser.
Avec l’entrée en vigueur de Solvabilité II, votre stratégie en matière de réassurance est-elle modifiée ?
Mutex avait une politique de réassurance classique d’excédent de sinistre qui ne change pas. Nous avions aussi recours à la réassurance pour protéger une partie de nos résultats techniques : ceci ne change pas non plus. En revanche, nous réfléchissons avec nos réassureurs afin de protéger notre ratio de solvabilité sous les nouvelles normes. Mais cela ne sera pas mis en œuvre début 2016 car les nouveaux traités de réassurance n’ont pas encore été avalisés par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Par ailleurs, travailler avec des réassureurs dans le cadre de Solvabilité II suppose de leur laisser les livres ouverts et de partager son modèle interne. Mutex s’est donc donné encore un an pour réfléchir.
Le pacte d’actionnaires de Mutex arrive à échéance fin 2016. Dans un contexte changé, où votre principal actionnaire, Harmonie mutuelle, s’allie avec la MGEN, et où trois de vos autres plus importants actionnaires, Eovi MCD, Apréva et Adréa s’unissent, qu
Mutex n’est pas associée aux négociations sur le pacte d’actionnaires et ne connaît pas les réflexions sur la nature de ce que ses actionnaires souhaitent faire en commun à l’avenir. A ce stade, nous sommes sollicités pour apporter des éléments de diagnostic.
Jusqu’ici, Mutex était le bras armé des mutuelles pour la prévoyance, individuelle et collective, et assumait par ailleurs la coordination des réponses à appels d’offres santé pour les grands comptes et les CCN, au titre de l’alliance mutualiste. Les succès remportés par Mutex dans les appels d’offres lancés pour les accords de branche montrent d’ailleurs qu’une alternative mutualiste aux assureurs paritaires est bien validée par les partenaires sociaux.
Il y a toujours consensus sur le rôle que va jouer Mutex sur la prévoyance. En revanche, il y a discussion sur la santé : les mutuelles ont changé de taille et il ne leur paraît désormais plus nécessairement fondé que la gestion des contrats santé des grands comptes soit partagée par toutes les mutuelles. Enfin, les discussions portent sur des aspects financiers classiques, tels que les besoins et la répartition du capital de Mutex.