Les gestionnaires d'actifs sont sur le pont ! C'est ce que souligne BlackRock, dans sa dernière étude sur le secteur de l'assurance. La société de gestion y liste trois enjeux pour 2014 : réglementation, profitabilité et revenus. Avec Solvabilité II en filigrane. Car, dans deux ans, la directive sera, enfin, en vigueur. Et cette nouvelle réglementation, qui tiendra désormais compte de la gestion des risques, demande un gros effort d'adaptation.

Pour Patrick Liedtke, responsable sur la zone Emea (Europe, Moyen-Orient, Afrique) du département institution financière de BlackRock, « après une période de flou, les assureurs doivent se pencher sur une meilleure allocation stratégique, afin de gérer leur actif en fonction d'un budget de risques ». Mais cette nouvelle allocation doit se faire dans un contexte de marché compliqué.

Capital investissement

Car si ces derniers continuent à recevoir de nouveaux flux, les actifs traditionnels - telle la dette souveraine et corporate -, ne font plus recette ! La baisse continue des rendements pousse ainsi les acteurs à se positionner sur des actifs alternatifs et moins liquides, comme les "tranches mezzanines" de dettes immobilières (tranches de dettes subordonnées au remboursement de la dette senior) ou encore l'infrastructure. « En s'engageant sur une dette infrastructure à dix ans, les assureurs allouent une partie des nouveaux flux à ces produits qui sont rémunérés 100 points de base au-dessus de la rémunération des obligations corporate BBB », souligne Patrick Liedtke. De même, l'allocation sur le capital investissement est devenue structurante, avec une véritable construction de portefeuille sur cet actif. Et BlackRock y voit « une évolution majeure chez les assureurs, notamment les plus prudents ». D'ailleurs, au cours des trois dernières années, les investissements de ce type gérés par BlackRock pour le compte d'assureurs ont quintuplé. Même si les montants restent marginaux (5 % des nouveaux flux en 2013), une tendance de fond semble s'engager.

La tentation ETF

Enfin, l'utilisation des ETF (fonds indiciels cotés) devrait croître dans les prochaines années. Peu coûteux et très liquides, ces paniers de titres permettent notamment d'investir dans les pays émergents en diversifiant les risques attachés aux pays et aux titres sous-jacents. Les ETF sont aussi utilisés pour assurer la transition entre deux allocations d'actifs, « répliquant au mieux l'allocation finale et permettant de disposer de temps supplémentaire pour la construire », précise Patrick Liedtke. Au final, les assureurs doivent faire preuve d'une meilleure capacité d'adaptation face à un environnement mouvant et diversifier leurs sources de revenus. Mais « les acteurs disposent rarement de ressources nécessaires, ce qui impliquera une intermédiation plus grande ces prochaines années », prédit Patrick Liedtke...