Comment se porte aujourd’hui le marché économique asiatique ?
Après la vague chinoise de chocs qui a touché l’Asie, nous avons assisté à une récession en valeur. Chute des prix à la production et des exportations, souvent à cause des dépréciations importantes, mais aussi faiblesse des prix à la consommation rappellent que l’absence d’effet prix est le principal problème de l’Asie actuellement. Le pouvoir d’achat asiatique, lui, n’a en revanche que très peu augmenté.
Cependant, nous assistons à des mouvements structurels où les consommateurs deviennent plus exigeants, impatients et veulent consommer tout de suite. Ainsi, les ventes en ligne explosent pour l’ensemble des biens et services, dont l’assurance. C’est un grand plus pour les opérateurs du secteur car se protéger devient plus facile pour les populations. On assiste ainsi à une accélération du potentiel de marché semblable à celui qu’a connu le marché du crédit au début des années 2000. Le consommateur est davantage éduqué à l’assurance, même s’il n’a pas toujours un revenu stable qui lui permet de prendre une décision engageante dans le temps. Les assureurs vie asiatiques doivent donc faire face à beaucoup de secousses et à une volatilité importante.
Peut-on se porter acquéreur en Asie ?
Il y a désormais des actifs intéressants à acheter en Asie mais la concurrence est forte. Comme les monnaies sont dépréciées, les capitaux étrangers sont les bienvenus et il y a quelques bons coups à faire. Beaucoup de sociétés de biens, jadis subventionnées par l’état, sont en train de s’émanciper, avec des secteurs qui se libéralisent. Pour ce qui est des services, c’est plus compliqué car ils sont encore soumis à l’octroi de licences. Il y a donc un sous-investissement de cette industrie, notamment à cause d’un grand protectionnisme. Même si tous les voyants sont au vert pour développer les services d’assurance en Inde par exemple, le droit y reste compliqué et modifiable à souhait. De plus, les marchés asiatiques ne supportent pas les va-et vient capitalistiques, là-bas c’est une histoire de long terme.
Finalement, par quels biais pénétrer le marché asiatique ?
Le partenariat est un passage obligé, incontournable. Les entreprises occidentales doivent apprendre à travailler avec les acteurs locaux, familiaux, qui ont tout le temps devant eux. Beaucoup de joint-ventures se font sur un modèle « cash in-cash out ». Finalement, beaucoup ont cru, comme pour les BRICS, que l’Asie était un eldorado. Mais ce n’est pas si simple. Le business model y est encore trop peu profitable, les process peu fluides, les produits souvent inadaptés et s’y implanter coûte cher. Pourtant, il faut y aller et ne pas faire l’erreur d’y aller trop prudemment. Surtout, il ne faut pas calquer le modus operandi européen, car l’économie d’échelle, notamment dans les services, n’est pas la même. Ce qui compte aujourd’hui en Asie (comme partout d’ailleurs), c’est l’User Experience (UX) et non la disponibilité, la diversité ou la technicité des produits.