Le PDG d’Axa Henri de Castries a annoncé ce jour qu’il quittera définitivement au 1 septembre le groupe qu’il a dirigé durant dix-sept ans. Son successeur Thomas Buberl, nommé directeur général, dispose de six mois pour préparer la transition.
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« Je pense que le moment était venu de laisser l’entreprise respirer. Il y a un moment où les personnes doivent s’effacer devant les institutions. » Si l’annonce d’Henri de Castries a surpris ce matin, elle était pourtant préparée de longue date au sein d’Axa. Le PDG conservera ses fonctions jusqu’au 1er septembre prochain afin de préparer et assurer la transition avec son successeur.
Parmi les candidatures internes, c’est Thomas Buberl qui est l’heureux élu, à 43 ans seulement, soit deux ans de moins que son prédécesseur au moment où celui-ci avait pris il y a dix-sept ans les commandes du groupe, une semaine avant l’éclatement de la bulle internet. Mais à en croire Henri de Castries, qui a par la suite dû faire face à la tête d'un groupe d'assurance international aux conséquences du 11 septembre, de la crise des subprimes, ou encore à celles de la dette souveraine en Europe, le nouveau visage d’Axa le surpasse par son expérience et son talent au même âge : « Axa est une méritocratie qui prépare sa succession à l’avance. La décision unanime du conseil d’administration est l’aboutissement d’un processus qui a été long, rigoureux et exhaustif. » Thomas Buberl possède surtout les valeurs indispensables aux yeux d’Henri de Castries pour diriger une multinationale cotée en Bourse : courage et intégrité. En Allemagne, où il a pris en 2012 la direction générale dans l’objectif de restructurer la filiale et d’en réduire les coûts, l’homme est également réputé pour la fermeté de son management. « Il convient de choisir des recettes en fonction de l’environnement, rassure Thomas Buberl. Le groupe Axa jouit d’une situation forte : un bilan positif et une marque reconnue. Mon défi est de définir une nouvelle vision pour le futur, d’inspirer les gens, de comprendre les endroits où nous pourrons avoir du succès, et de réussir à nous adapter dans un environnement de taux bas, de croissance faible, et de transformation digitale. »
Une gouvernance alliant force et sécurité
Durant trois mois, le nouveau directeur général va donc travailler aux côtés d’Henri de Castries et de Denis Duverne, nommé président du conseil d’administration, afin de finaliser le nouveau plan stratégique 2016-2020 qui sera présenté le 21 juin prochain. « Je souhaitais que ce soit une nouvelle équipe qui le présente et le porte », souligne Henri de Castries. Cette gouvernance modifiée « pour s’adapter aux besoins de l’entreprise au moment où nous prenons des décisions stratégiques » est « une combinaison alliant force et sécurité ».
Quant à ses occupations futures, si dès ce matin des rumeurs lui prêtaient de nouvelles fonctions dirigeantes au sein de HSBC, Henri de Castries n’a pas souhaité l’évoquer : « Ne confondez pas une coïncidence de date et un événement. » Il est certes devenu récemment administrateur non exécutif de l’établissement bancaire, mais tout comme il siège déjà au conseil d’administration de Nestlé.
Et si certains l’imaginent volontiers s’investir en politique, Henri de Castries estime qu’ « il y a d’autres moyens pour porter des idées ». Président de l’Institut Montaigne, le think tank créé par son prédécesseur et fondateur du groupe Axa, Claude Bébéar, il entend pour l’heure y apporter son expérience et son éclairage sur le thème de la transformation économique et sociale de notre pays.