Siaci Saint Honoré ouvre ces jours-ci à côté de Reims son deuxième centre de gestion français. Ses équipes et ses fournisseurs se sont engagés dans une course contre la montre pour que cette plate-forme, dédiée à l’assurance santé complémentaire de la branche professionnelle du travail temporaire, soit opérationnelle.
Journaliste
Ce n’est plus vraiment la campagne profonde mais ça ne ressemble pas du tout à une cité dortoir plantée de barres HLM et d’entrepôts en tôle. Située à moins de dix kilomètres de la cathédrale de Reims, la commune de Bezannes (Marne) se transforme petit à petit pour répondre aux ambitions de sa grande voisine. Car selon les vœux des élus locaux de tous bords, Reims compte bien devenir la porte d’accès du Grand Est vers Paris et favoriser l’accès de la capitale vers les régions Lorraine, Champagne-Ardennes et Alsace, bientôt fusionnées. Forcément, cette effervescence cause quelques tracas : des routes barrées pour cause de travaux obligent à un long détour, rythmé par le bruit des pelleteuses et des grues. Malgré tout, la bourgade de 1 400 habitants garde son charme et offre une vue imprenable sur la montagne de Reims et ses coteaux de vignes de toute beauté en cette douce matinée d’automne. C’est en effet le 9 novembre dernier que Pierre Donnersberg, Hervé Houdard et l’état-major de Siaci Saint Honoré, accompagnés de Jacques Delsaut, consultant chez Prism’emploi (qui regroupe les entreprises d’interim), ont inauguré le second centre de gestion français du groupe, après celui de Clichy (Hauts-de-Seine). À Bezannes, l’impératif est de mener au pas de charge le chantier de la plate-forme qui devait impérativement démarrer son activité au 1er janvier, date de l’entrée en vigueur de l’ANI.
Si ces paysages bucoliques ont séduit le géant du courtage, son choix obéit d’abord à des considérations pratiques et stratégiques. Car le courtier affiche de grandes ambitions pour son site champenois : il doit traiter tout ce qui ressort de l’assurance complémentaire de Prism’emploi, la branche professionnelle des entreprises de l’intérim. Soit la prise en charge de plus d’un million d’assurés !
« La volumétrie, la technicité et la complexité des données à traiter induisent une main-d’œuvre capable de travailler sur des questions de ressources humaines, de comptabilité, d’informations sur la santé, par nature confidentielles », insiste Pierre Donnersberg pour justifier le choix de Reims Métropole plutôt que Beauvais (Oise), en lice jusqu’en juillet dernier.
Premier contingent de 90 salariés
D’où la course contre la montre engagée par Siaci Saint Honoré, ses mandataires et ses mandants pour aménager et équiper ce bâtiment de 2 700 mètres carrés, qui devait démarrer son activité début janvier avec un premier contingent de 90 salariés.
Début novembre, après trois mois de travaux, tout ou presque restait à faire : les quelques 16 kilomètres de câbles informatiques nécessaires sont bien déroulés mais pendent des plafonds. Les sanitaires sont fixés mais doivent encore être raccordés. Tout comme la moquette qui brille par son absence. Dans les escaliers, des électriciens impassibles, malgré le défilé d’officiels ce jour-là, s’affairent à brancher des armoires électriques, à quelques minutes de la cérémonie des ciseaux et des rubans. Mais du côté du promoteur, comme de celui des élus locaux, chacun reste serein.
Mobilisation de tous les acteurs publics concernés
Car le jeu en vaut vraiment la chandelle. Au point que ce jour-là, les élus présents dans la salle des fêtes de Bezannes observaient une trêve de quelques heures dans une campagne électorale dont l’issue apparaissait très serrée. Pour Jacques Meyer, alors vice-président de la région Champagne-Ardenne, comme pour la présidente de Reims Métropole et ancienne ministre Catherine Vautrin, le choix de Siaci s’explique par la mobilisation de tous les acteurs publics, impliqués pour que Bezannes s’impose comme une évidence.
Il y a d’abord à 800 mètres de là une gare TGV qui met ce centre de gestion à quarante-cinq minutes de la capitale. Et Roissy à une petite demi-heure. Le préfet de région a souligné qu’il met moins de temps pour venir en TGV dans ce village que pour se rendre de son domicile de la banlieue parisienne à la place Beauvau !
Outre un cadre de vie champêtre, les futurs « expatriés » de Siaci Saint Honoré ne seront pas isolés. Ils compteront parmi leurs voisins un imposant centre universitaire, ainsi que quelques belles entreprises françaises et étrangères : le courtier partage cet immeuble avec la filiale française d’une grosse ETI japonaise. Mieux, dans cette zone, le groupe Courlancy construit la plus grande clinique privée française, d’une capacité de 500 lits. De quoi envisager des échanges de bonnes pratiques entre les praticiens de santé et les futurs techniciens de la complémentaire santé.
De leur côté, les collectivités locales ont consenti un effort important : 7 000 € par emploi créé et 3 000 € supplémentaires s’il s’agit de postes d’ouvriers et d’employés. Ce qui permet au courtier, qui s’est engagé à recruter 300 personnes sur trois ans, de maîtriser un investissement, piloté par Thierry Vachier (directeur executif protection sociale), estimé entre 5 et 10 M€. Pendant que Pierre Donnersberg coupait fièrement le ruban du bâtiment en devenir, Stéphanie Boulet reprenait déjà le fil de son travail.
La jeune responsable des ressources humaines de Siaci Saint Honoré doit relever un beau défi : recruter 90 salariés maîtrisant sur le bout des doigts les subtilités du régime de santé des intérimaires. Ce qui, raconte-t-elle dans un éclat de rire, l’amène à « trier des CV même le dimanche afin d’organiser des entretiens collectifs ». Début novembre, le recrutement avancait doucement puisqu’elle pouvait déjà compter sur un noyau dur d’une quinzaine de salariées et de salariés plus que motivés.