Un an après la fusion avec Alico, Marc Sevestre fait le point sur la stratégie de MetLife en France.
Où en êtes-vous de l'intégration d'Alico ?
95% des objectifs sont atteints. L'international a été dopé et pèse désormais près de 45% des résultats. Alico était bien le joyau de la couronne d'AIG ! En France, nos activités sont très rentables et représentent la moitié des résultats de l'Europe de l'Ouest.
Les plans de rigueur en Europe ne risquent-ils pas de freiner votre croissance ?
Au contraire ! Le recul de l'âge de la retraite montre que le problème n'est pas le ratio actifs-retraités, mais l'allongement de l'espérance de vie. Or, le taux d'activité des seniors français est l'un des plus bas d'Europe. Augmenter la durée de cotisation revient donc à réduire les futures pensions. De même, le désengagement de l'Etat de la santé et la taxation des mutuelles représentent autant d'opportunités autour de la prise en charge des frais de santé, de la dépendance ou des maladies redoutées comme le cancer.
Quelle est votre stratégie en France ?
En France, comme en Europe de l'Ouest, l'assurance est un marché saturé. Nous nous focalisons donc sur les segments délaissés par nos concurrents avec des produits innovants et à fortes marges. Chaque année, MetLife, en Europe de l'Ouest, réalise près du quart de ses ventes dans l'assurance de personnes, la protection individuelle et collective, avec des solutions qui n'existaient pas un an auparavant. En emprunteur, crédit ou immobilier, nous nous focalisons sur les profils hors normes en fonction de l'âge, de la santé ou du montant de capital à couvrir. Pour les acteurs traditionnels, ces cibles sont étroites et peu attractives. Pour MetLife, elles sont porteuses ! En septembre, nous avons ainsi conclu un partenariat avec la Ligue nationale contre le cancer pour faciliter l'accès à l'assurance emprunteur des personnes malades. Nous entendons poursuivre dans la protection des profils peu pris en charge par les contrats groupe, avec des offres sur mesure adaptées aux dossiers hors normes. Il y a plus de 20 ans, nous avons monté en France les premiers contrats avantageant les non-fumeurs avec une logique simple : si le risque est moins élevé, la prime doit baisser. Nous voulons renforcer notre position de "market maker" déjà bien établie avec plus de 20% du marché en temporaire décès individuelle au travers de notre réseau de courtage. MetLife aidera les jeunes actifs, salariés ou pas, à accéder au crédit, à se constituer une épargne, voire un patrimoine. Sur plus de 10 millions de foyers âgés de 25 à 50 ans, au moins 50% sont sous-assurés.
Allez-vous implanter un réseau d'agences ?
Non. MetLife va continuer de pousser les feux sur les canaux de distribution alternatifs que nous maîtrisons bien, puisque nous sommes numéro un pour le marketing direct sous marque blanche, avec, en Europe de l'Ouest, plus de cinquante partenariats avec des vépécistes, des distributeurs, des sociétés de crédit, etc. Au niveau du courtage, nous sommes référencés, rien qu'en France, chez plus de 4 000 courtiers. En marketing direct, notre ambition est de capter la moitié des affaires nouvelles du groupe d'ici deux à trois ans, contre 10% aujourd'hui.
Pensez-vous mener des opérations de croissance externe ?
Nous allons investir de façon très significative sur le net. D'où l'acquisition, en mai 2010, d'Hyperassur, le deuxième comparateur d'assurance en ligne, avec une part de marché en forte croissance et comprise désormais entre 25 et 30%. MetLife et Hyperassur continuent de fonctionner en toute indépendance. Ce relais de croissance est considérable : au Royaume-Uni, plus de la moitié des contrats auto souscrits ont fait l'objet d'une visite sur un comparateur en ligne, contre seulement 8 à 10% en France. Soit un potentiel de gain de plus de 50%. Nous voulons croître dans la distribution en ligne et alternative. Cela dit, les acquisitions vont devenir plus avantageuses : avec la récession européenne, Solvabilité II et Bâle 3, il y aura beaucoup plus d'affaires à vendre que d'acheteurs... Et Metlife ne donnera son feu vert qu'à trois conditions : l'acquisition doit être en parfaite cohérence avec notre stratégie, intégrable facilement, et être rapidement relutive et donc maintenir nos performances actuelles, à savoir au-delà de 20% des fonds propres, ce qui est considérable.
Comment comptez-vous augmenter la notoriété de MetLife ?
Nous nous adresserons au grand public et aux chefs d'entreprise sur l'assurance collective. Notre faible notoriété n'a pas entravé notre développement. Nous allons mettre en avant l'image de notre maison-mère. MetLife va investir davantage sur internet et les médias sociaux, via des actions ciblées permettant, par exemple, d'augmenter notre référencement naturel sur le web, sans oublier la presse professionnelle. Notre présence segmentée correspond à notre offre segmentée. Nous comptons aussi sur le mécénat et les partenariats avec de grandes associations, comme la Ligue contre le cancer.
Et la télévision ?
Si nous devions y faire de la publicité, cela ne serait pas en prime-time, nous optimiserions notre média-planning de sorte de toucher les seniors, les jeunes et les primo-accédants au crédit, qui demeurent notre cœur de cible.