Doter la provision pour participation aux excédents ou réorienter ses actifs vers des placements plus rémunérateurs ? Tel est le dilemme actuel des assureurs vie.
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L'appel lancé par le président de la Banque de France, Christian Noyer, à modérer les taux servis aux assurés sur les fonds euros pour 2014 a été suivi d'effets. Il a mis un coup d'arrêt à la course aux annonces des taux servis, traditionnellement engagée avant la nouvelle année par de nombreux acteurs tels Axa, Apicil ou Matmut.
En 2014, il aura fallu attendre le 16 décembre pour qu'un assureur vie, en l'occurrence Mutavie (groupe Macif), communique ses taux, en baisse de 0,40 € environ par rapport à 2013. La MIF a suivi juste derrière. Mais au-delà des effets d'annonce, qu'en est-il sur le fond de l'appel du régulateur à la modération des taux servis pour 2014 ?
Une double ambiguïté
« Un simple appel au bon sens, selon Nicolas Schimel, DG d'Aviva France, avec toutefois une certaine ambiguïté, car s'il y a bien une chose que les assureurs ne doivent pas faire, c'est de se concerter entre eux », remarquait-il mi-décembre.
« Le diagnostic de Christian Noyer est indiscutable sur un point : le taux des obligations d'Etat à 10 ans est bien trop faible pour permettre une rémunération digne de ce nom aux assurés, estime Gilles Dupin, président et directeur général de Monceau assurances. Cette faiblesse actuelle des taux d'intérêt constitue la principale préoccupation d'un assureur vie épargne comme le nôtre. Ce phénomène n'est pas tenable à long terme ». Dès lors, faut-il doter la PPE pour préserver l'avenir ou se détourner des obligations d'Etat ?
C'est l'autre ambiguïté du rappel à l'ordre du régulateur : l'Etat français continue d'emprunter sur les marchés, souvent auprès des institutionnels que sont les assureurs, en émettant des obligations souveraines à des taux on ne peut plus bas. Un objectif valable en 2014, mais aussi pour les années à venir.
« Si le diagnostic du président de la Banque de France ne peut être remis en cause, le remède préconisé n'est pas le bon : plutôt que d'abaisser les taux servis aux assurés, comme le recommande le régulateur pourtant en charge de défendre les intérêts des épargnants, il semble plus judicieux de délaisser les obligations d'État pour d'autres classes d'actifs plus rémunératrices », explique sans détour Gilles Dupin.
Des alternatives aux obligations d'état
Et de décliner une stratégie d'investissement où les OAT à 10 ans de la France ou, a fortiori, de l'Allemagne ne sont plus l'alpha et l'oméga : « Il existe des alternatives aux obligations de l'Etat français. Notre contrat Dynavie n'est investi qu'à hauteur de 53 % en produits de taux contre une exposition en obligations convertibles pour 12 %, en actions pour 12 % également, équilibrée par un volume de liquidités de même importance, et de 6 % en immobilier... Cette allocation atypique nous a permis de servir des rendements attractifs aux assurés jusqu'à présent », conclut-il.