Pour atteindre les 100 millions de clients en Asied’ici 2030, Axa mise notamment sur ses activités biens et responsabilités. Gaëlle Olivier,directrice générale des activités d'assurance dommages du groupe en Asie,revient sur les spécificités des marchés asiatiques et sur ses ambitions de développement.
Comment s’organise aujourd’hui l’activité dommages d’Axa sur le continent asiatique ?
Le taux de pénétration en assurance dommages enAsie est d’environ 2%, comparé à 4% en Europe. Notre part de marché est de 10%à Hong Kong et à Singapour, où nous sommes respectivement n°1 et n°2 du marché,ou encore de 6,5% en Malaisie. En Inde, en Chine, en Thaïlande ou en Indonésie,notre part de marché se situe autour de 1%, mais elle est en forte croissance.
L’Asie est faite d’une multitude de niveauxselon les pays : diversité de maturité du marché mais aussi de nosopérations ou des besoins identifiés des clients. L’offre assurantielle deSingapour ou de Hong Kong ressemble de plus en plus à celle des marchésmatures européens, alors que dans lespays mastodontes comme l’Inde ou la Chine, nous sommes davantage surl’équipement de primo-accédants à la propriété d’un véhicule. Les dynamiquessont différentes et il y a une problématique de nouveau business à installer.
Toute la question repose donc sur la bonneméthode de distribution, que ce soit par des agents, des courtiers ou à traversles banques. C’est pour cela que nous développons de nouveaux partenariats avecdes opérateurs téléphoniques ou des organismes de poste pour nous rapprocher duquotidien des assurés.
Quel type de clientèle ciblez-vous dans ces pays ?
En Chine et en Inde, nous sommes principalementsur une clientèle retail, car comme nous portons le risque, nous partons d’unpetit bilan. Avant d’aller sur des risques commerciaux [risques d'entreprises NDLR] plus volatils, il est importantque nous ayons une taille de bilan suffisamment grande pour absorberd’éventuels chocs. Nous ajouterons ensuite progressivement des lignescommerciales pour diversifier notre business.
Dans les pays où nous sommes déjà solides et oùl’assurance des véhicules à moteur est presque saturée, nous accélérons versles lignes d’entreprises car notre bilan nous le permet. En termes derépartition de notre activité en Asie, un tiers concerne l’assuranceautomobile, un autre tiers concerne l’assurance santé et le dernier concerne les lignes entreprises et polices additionnelles (voyage, assurancehabitation, etc.).
Le marché auto est-il rentable en Asie ?
Cela dépend des pays. Dans les zones matures, c’est une activité très rentable. Lestaux de sinistres à primes à Singapour ou en Malaisie sont meilleurs qu’enEurope, pour une fréquence de sinistres similaire.
Dans les pays en fort développement comme laChine ou l’Inde, la profitabilité technique s’améliore, mais le niveau desinistralité, pour nous comme pour le marché, est encore un peu élevé. Deuxchoses expliquent ça : d’une part, une régulation parfois inadaptée en termesde tarifs et d’autre part, des taux d’intérêts assez élevés dans ces pays etdonc une rentabilité financière qui compense parfois une insuffisanterentabilité technique. Cela peut donner l’impression au régulateur quec’est une activité rentable.
Les joint-ventures ou les partenariats sont ils indispensables pour s'y développer ?
Nous sommes sur des marchés qui bougent trèsvite, mais aujourd’hui pour être un acteur significatif en Asie, il faut avoirdes partenaires, car c’est la seule façon de se rapprocher du client final. Ily a un vrai fossé en termes d’éducation et de prise de conscience de lanécessité de se couvrir sur ce continent. Comme l’assurance n’est pas toujoursobligatoire, le client ne ressent pas naturellement le besoin de se protéger.Par exemple, lors des fortes inondations en Thaïlande en 2011, nous aurions pupenser qu’après coup, cela aurait généré de l'appétit pour se couvrir dela part de la population, mais cela n'a pas été le cas.
Les mentalités évoluent doucement et il va falloir attendre encore un peupour que le client comprenne qu’il faut s’assurer. Ce que j’espère, c’est qu’aprèsune première phase incrémentale, il y ait une prise de conscience qui soutiennedurablement la croissance du marché et vienne renforcer la protection desclients. Au cours de cette phase incrémentale, notre objectif est d’être prochedu client dans ses habitudes quotidiennes (opérateurs mobiles, supermarchés, hôpitaux,postes, etc…) et cela passe par des partenaires.
Quid des grands risques et de l'activité corporate ?
Ce qui est positif dans notre développement enAsie, c’est que nous avons encore un continuum de risques avec un fort marchéde micro-PME qui vont grandir pour devenir des PME, avant de se transformer engrandes entreprises et ce jusqu’aux grands risques.
Dans notre répartition de business aujourd’hui,nous sommes à 70% sur les PME et 30% sur les grands risques en Asie. C’est unéquilibre assez sain, car le business corporate est plus volatil et plusagressif en termes de prix. Le segment PME est fondamental pour nous car leséconomies des différents pays d’Asie dans lesquels nous sommes présentsreposent d’abord sur ces petites et moyennes entreprises.