Stanislas Chapron, président du directoire de Marsh France
rédacteur en chef
En exclusivité, le président de Marsh France nous décline les ambitions de l’entreprise au travers de son nouveau plan stratégique, Vision 2015.
Marsh France s’engage dans un nouveau plan stratégique, de quoi s’agit-il ?
En fin d’année dernière, nous avons réuni pour la première fois depuis sept ans l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise. Il s’agissait à la fois de dresser un bilan des cinq dernières années, mais aussi d’exposer notre stratégie à horizon 2015 : notre plan d'entreprise Vision 2015.
Justement, quel est le bilan ?
Le Marsh d’il y a cinq ans n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui. Sur un effectif global de 800 personnes, plus de 300 collaborateurs ont été formés au travail collaboratif et à la gestion de projet. Un tel effort de formation revient à dire que notre culture d’entreprise n’est plus la même. Nous avons également repensé nos modes de fonctionnement, de manière très concrète, sur la collecte des valeurs assurées ou sur le reporting sinistre par exemple. Tout ce travail commence à porter ses fruits. Marsh France, actif sur les seuls risques Iard de l’entreprise, est en croissance de près de 4 % en 2011. Le tout sans tenir compte de nos succès de l’été 2011– les affaires nouvelles comme Arkema, Citer, Total, Vallourec ou le servicing de Veolia –, dont les effets ne se feront sentir que cette année.
Et vos ambitions ?
Notre objectif est une croissance minimum globale de 20 % d’ici quatre ans. Avec la volonté de continuer à écouter, accompagner et servir nos clients, en capitalisant sur nos forces que sont le capital humain, le réseau, la proximité, les bases de données et le profond travail de simplification de nos modes opératoires. Il s’agit principalement de décliner notre savoir-faire en matière de grands comptes auprès des PME-PMI, notamment celles actives à l’international. Là où le réseau Marsh peut clairement apporter de la valeur ajoutée par rapport au courtage local en termes d’analyse de risque, de conseil, de services et de solutions de transfert.
La croissance externe est-elle au menu de Vision 2015 ?
Marsh est aujourd’hui dans une très bonne dynamique interne. La France fait partie des priorités du groupe qui a démontré ces deux dernières années (avec HSBC courtage et Alexander Forbes) qu’il était capable d’intégrer au mieux des acquisitions. Nous avons le feu vert pour acheter, et je dispose en interne des ressources capables d’évaluer un dossier. Maintenant, notre objectif de croissance de 20 % n’est pas dépendant d’acquisitions. Et il ne s’agira surtout pas d’acheter du chiffre d’affaires identique à celui que nous réalisons déjà en interne. Ce que nous regardons, c’est un complément géographique de notre zone d’influence ou une niche d’activité complémentaire.
N’est-il pas un peu ambitieux de faire un plan à quatre ans en pleine crise ?
Au contraire, la crise génère des risques supplémentaires, de l’instabilité, de la volatilité. Pour le courtage et le conseil en risque, il s’agit de besoins supplémentaires auxquels répondre. Savoir où l’on va, avec un plan structuré, est d’autant plus indispensable en période de crise. En 2004 et 2005, Marsh, en difficulté, s’est engagé dans une vaste réorganisation de ses modes de fonctionnement – écoute du client, travail en équipe –, pour être plus efficace et plus robuste. Je considère que c’est grâce à ce travail que nous sommes aujourd’hui en avance sur le marché.
Quels sont les éléments clés de Vision 2015 ?
Nous avons défini cinq grands chantiers : capital humain ; dynamisme commercial ; qualité et efficacité opérationnelle ; développement du segment middle market ; et enfin innovation, valeur ajoutée et différenciation. Sur la base du volontariat, plus de 100 collaborateurs sont impliqués dans ces initiatives structurantes depuis début janvier. Sur un effectif de 800 personnes, ce chiffre n’est pas anecdotique. La signature du plan Vision 2015 « Ensemble, entretenons l’excellence » met en exergue le rôle crucial d’un travail permanent et collectif.
Le plan sera-t-il mené à effectif constant ?
Non. D’ailleurs nous recrutons actuellement pour répondre au mieux à notre croissance. Nous voulons des adeptes du travail collectif. Notre organisation matricielle exige le partage ; elle n’exonère bien entendu pas de la responsabilité, mais l’ADN de notre stratégie c’est le mode collaboratif.
La grogne sociale de 2011 est-elle derrière vous ?
Les choses ont été dites et mises sur la table en janvier 2011. Je pense que cette insatisfaction est née notamment parce que la vision de l’avenir n’était pas claire. Aujourd’hui, la direction est claire et la dynamique est là. L’accueil que les collaborateurs ont réservé à Vision 2015 en témoigne.