Elu pour deux ans à la présidence de l’Union desdirecteurs de l’assurance et de la protection sociale (Udap), Djamel Souami évoque lessujets de préoccupation et les chantiers en cours.
L'Udap est l’unique organisation syndicale des directeurs des sociétés d’assurance,mutuelles et groupes paritaires de protection sociale. Quelle est samission ?
Depuis plus de cinquante ans, l’Udap porte la voix desdirecteurs autour de leurs préoccupations professionnelles et les représenteauprès des fédérations patronales et des pouvoirs publics. Elle les assiste sur leur contrat de travailet défend leurs intérêts en cas de contentieux avec leur entreprise, notammentdans le cadre de la commission des bons offices. L’Udap porte également hautles valeurs de la CFE-CGC : respect de l’humain, solidarité, égalité des chances, promotion aumérite et sens des responsabilités liées à la hiérarchie des rémunérations.
L’Udap anime un réseau de relation etd’échanges entre directeurs de la profession autour de thématiquesprofessionnelles ou de société. Lesquelles avez-vous abordé ces derniers mois ?
Nous organisons tous les ans une soirée-débatouverte à la profession. L’an dernier, nous avons reçu un dirigeant de lafédération patronale allemande de l’assurance sur la gestion des talentsoutre-Rhin. C'était le meilleur moyen de voir s’ils s’y prennent vraiment mieux que nous.A la différence de la France, l’Allemagne ne dispose pas d’un syndicat dedirecteurs. Et ces derniers ne relèvent pas d’une convention collective, leurs contrats sont individualisés.
En 2013, nous avions débattu de la vocation de l’assurance,protectrice ou source de profits. Cette année – le 18 novembre 2015 – notresujet de réflexion sera « Directeur et syndiqué, un risque ou uneopportunité pour l’entreprise ? ».
Quellessont les conditions pour adhérer à l’Udap ?
L’Udap est ouverte aux salariés de la profession ayant le statut de cadre de direction,ou hors classe, non mandataires sociaux. Les adhérents, du jeune directeur audirecteur général, adhèrent à titre personnel. Le taux d’adhésion est dans la moyenne des cadresdu secteur privé.
Quellesrelations entretient l’Udap avec les autres syndicats de salariés ?
Entant que syndicat des directeurs de la profession, notre action s’inscrit dansle cadre du pacte républicain. Elle est donc collaborative et exigeante. Noustravaillons avec l’ensemble des autres syndicats CFE-CGC des branches del’assurance, de la mutualité et de la prévoyance. Nous y portons la voix desdirecteurs.
Celane nous empêche pas d’entretenir des relations constructives avec les autresorganisations syndicales sur des thèmes d’intérêt général communs, comme laretraite, la santé, la dépendance, …
Et avec les organismes professionnels ?
Nous nousvoulons partenaire des organismes professionnels Agirc Arrco, CTIP, FFSA, Gema, et Roam. Ils représentent leurs adhérents (GPS, compagnies, mutuelles, …) etnous les cadres de direction qui dirigent ces entreprises et les fontfonctionner. Nos sorts sont donc fortement liés. Nous n’avons pas toujours lamême lecture des situations et des événements mais nos relations sont francheset constructives. Nous avons également des relations avec l’Institut desactuaires, avec qui nous échangeons, notamment ces derniers temps sur lesfonctions-clés de Solvabilité II.
Avec l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), du fait de son statut, votre relation est certainementd’une autre nature…
Absolument.Nous nous rejoignons pleinement sur l’éthique professionnelle et l’impératif desolvabilité des opérateurs d’assurance. Et là où l’ACPR va considérer lasituation d’un point de vue institutionnel, à l’Udap, nous allons nousconcentrer sur les individus en responsabilité directoriale et les conditionsd’exercice de leurs métiers. Nous nous sommes ainsi rencontrés à l’automne surle sujet des fonctions-clés car nous étions préoccupés par le risque decontradiction qui pouvait peser sur les tenants des quatre fonctions-clés entre« devoir d’alerte » (Solvabilité II) et « devoir deloyauté » (contrat de travail). Les décrets d’application de ladirective publiés récemment nous semblent aller dans le bon sens. Nous sommessatisfaits d’avoir été entendus et compris. Nous restons toutefois vigilantssur la mise en œuvre.
Avez-vous signé des accords avec les organisationspatronales en 2014 ?
Laloi de 2008 sur la représentativité syndicale a modifié la donne. En l’absence decollège des cadres de directions, nous procédons essentiellement par accords deprincipes avec recommandations. Nous avons ainsi conclu avec le Gema l’extension du principe de la commission des bons offices aux directeurs pourleurs adhérents (mutuelles) appliquant la CCN de 1992. Et nous progressons avecl’association des employeurs des groupes de protection sociale avec une lettred’intention.
Quels sont vos chantiers cette année ?
Lesfonctions-clés qui nous ont beaucoup occupées restent d’actualité.
Deuxautres sujets nous amènent à conduire une réflexion avec les organisationsprofessionnelles. Le premier porte sur la transformation digitale et sesimpacts sur les missions des cadres de direction et les conditions d’exercicede leurs responsabilités. Un groupe de travail composé de directeurs de laprofession a été constitué, qui planche sur cette question.
Le second atrait à l’allongement des carrières et aux voies d’évolution professionnelledes cadres de direction pour leurs dix dernières années d’activité. Nousfaisons en effet le constat qu’en dépit de leur cursus et de toute cetteexpérience accumulée qui pourrait bénéficier aux entreprises, trop nombreuxsont les directeurs qui, après 55 ans, sont marginalisés. Quel gâchis pour laprofession ! Sans compter les plans de mise en retraite anticipée qui fontporter les conséquences financières par la collectivité.
Nous pensonsqu’il existe d’autres options alternatives à leur proposer, telles que le tempspartagé, le mentoring de start-up, …
Quelle est la gouvernance de l’Udap ?
Nousavons un conseil national de quinze membres dont les trois-quarts sont enactivité. Ils consacrent beaucoup de temps à faire vivre l’organisation :rédaction de notes, animation de groupes de travail, représentation auprès desorganisations patronales et pouvoirs publics, organisation d’événements, actionde défense et de solidarité. Contrairement aux syndicalistes en entreprise, ilsn’ont ni mandats électifs dans leurs entreprises, niheures de délégation. Tous sont bénévoles et élus pour deux ans.Personnellement, j’ai adhéré à l’Udap en 2003 et j’assumais déjà, avant dereprendre la présidence, la fonction de délégué général auprès de monprédécesseur, Michel Caron.
A la tête de cette organisation syndicale, quelle est votrepriorité ?
Jesouhaite renforcer le dialogue social par l’exemplarité et redonner seslettres de noblesse à un syndicalisme par trop décrié dans notre pays.
Nouspensons, en effet, que personne n'est mieux placé que les acteurs eux-mêmes,représentés par des organisations syndicales et patronales, pour faire vivre lecadre et les règles qui régissent le monde du travail. Le dialogue social n’estpeut-être pas parfait ! Dont acte. Raison de plus d’y travailler, avecvigilance et persévérance, dans le cadre du pacte républicain. L’Udap, quireprésente les directeurs de l’assurance et de la protection sociale, œuvre ence sens au sein de la fédération assurance CFE-CGC et de la confédérationCFE-CGC.