L'analyse de S&P

L'impact de Solvabilité II sur les investissements en infrastructures

Publié le 4 septembre 2014 à 6h00    Mis à jour le 18 décembre 2015 à 16h32

Merryleas Rousseau

Selon une nouvelle étude de Standard & Poor's en collaboration avec la Cambridge Judge Business School, Solvabilité II pourrait être globalement plus favorable aux investissements des assureurs dans les infrastructures que ne l'est Solvabilité I.

Merryleas Rousseau
directrice associée, secteur assurance de S&P

Cependant, l'engouement des assureurs pour cette classe d'actifs dépendra de leur capacité de modélisation. En effet, par rapport aux assureurs qui utiliseront la formule standard pour calculer leur ratio de solvabilité, ceux qui utiliseront un modèle interne approuvé par le régulateur local pourraient être amenés à investir davantage dans cette classe...

Selon nos études, les charges en capital appliquées aux placements en infrastructure sont onéreuses dans la formule standard de Solvabilité II. En effet, les taux de défaut sont plutôt faibles pour cette classe d'actifs par rapport à d'autres. A titre de comparaison, depuis le premier défaut observé sur des obligations d'infrastructures notées, en 1998, le taux de défaut annuel de cette classe s'est situé en moyenne à 1,5 %, contre 1,8 % pour les obligations d'entreprises. Le taux de recouvrement de 75 % est, en outre, plus élevé que pour les corporate.

Néanmoins, le régulateur européen (Eiopa) estime insuffisante la quantité de données sur la performance réelle des actifs d'infrastructures pour calculer les charges spécifiques à cette classe d'actifs dans la formule standard. De ce fait, les charges appliquées aux infrastructures sont déterminées par type générique d'actifs (actions, obligations, prêts) et ne tiennent pas compte de leurs spécificités sous-jacentes. Pour cette raison, les assureurs utilisant un modèle interne pourraient être mieux positionnés puisqu'ils pourraient bénéficier de charges plus adaptées aux risques sous-jacents auxquels ils sont exposés. Reste qu'un modèle interne doit être approuvé par le régulateur pour remplacer la formule standard. De plus, même si théoriquement un assureur pourrait utiliser des charges sur ces investissements qui diffèrent sensiblement de celles de la formule standard, le régulateur aurait toujours la possibilité d'exiger des charges plus lourdes.

Selon nous enfin, Solvabilité II aura un autre effet bénéfique : celui de discipliner les investissements en infrastructures. Nous pensons en effet que le caractère onéreux des charges en capital ainsi que les standards élevés exigés en matière de gestion des risques pour pouvoir investir en infrastructures limitera le nombre d'assureurs qui pourraient y accéder.

En conséquence, ceux qui ne disposent pas de systèmes suffisamment sophistiqués ou qui sont à la simple recherche de rendement, seront limités dans leurs investissements. Cela devrait préserver les niveaux de rendement des placements en infrastructures...

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