directrice associée, secteur assurance de S&P
Le 20 mars, Standard & Poor's a publié un rapport sur les différentes stratégies de taux crédités par les assureurs français en 2013 aux contrats d'épargne en euros, qui montre l'importance de ces stratégies dans la gestion des fonds propres, la rentabilité et la position concurrentielle. Nous estimons que les taux crédités aux assurés sur les produits d'assurance vie ont baissé en moyenne de 10 points de base en 2013 par rapport à 2012, à 2,80 %. Ce taux reste néanmoins compétitif, surtout par rapport au livret A à 1,25 % - ce qui est confirmé par une collecte nette de 11 Md€ en 2013, selon la FFSA.
Pourtant, cette baisse de taux de rendement intervient après une année où les taux de l'obligation d'Etat à 10 ans ont augmenté de 50 points de base, et où les marchés d'actions ont gagné 18 %. Vu la réglementation qui oblige les assureurs à partager au moins 85 % de leurs résultats sur les investissements avec les assurés, la hausse de l'OAT 10 ans et du CAC 40 aurait pu aboutir à une hausse des taux crédités en 2013. Nous considérons donc que la baisse constatée illustre la prise en compte d'autres facteurs pour les assureurs, en particulier la concurrence forte au sein du marché français, et l'environnement persistant de taux d'intérêts bas.
Cependant, tous les assureurs du marché n'ont pas suivi la même politique, puisque nous constatons une fourchette de variation des taux crédités de plus ou moins 0,40 %. Les assureurs de petite ou moyenne taille ont offert jusqu'à 4 % aux assurés au titre de l'exercice 2013, ce qui montre à notre avis leur politique encore focalisée sur la croissance. Les assureurs de taille plus grande ont généralement été plus prudents, dans un souci de préservation des fonds propres et des marges.
Ces différences de stratégie ont aussi un impact sur l'évolution de la provision pour participation aux excédents (PPE). Sur l'ensemble du marché, sur la base des chiffres de la FFSA, la PPE a légèrement baissé en pourcentage des provisions mathématiques (PM), de 1,6 % en 2012 à 1,5 % en 2013. Toutefois, certains acteurs ont préféré reconstruire la PPE au lieu de créditer des taux encore plus compétitifs aux assurés et donc reconstruire leurs fonds propres.
A notre avis, la pression vers la baisse des taux crédités pourrait persister sur les deux ans à venir, puisque la baisse des taux d'intérêts continuera à se concrétiser dans les rendements des investissements des assureurs. Ces derniers continueront d'utiliser ce levier pour répondre aux exigences contradictoires de la compétitivité, l'environnement de taux bas et les besoins en capitaux liés aux produits traditionnels.