Les inquiétudes du Gema

Publié le 3 novembre 2011 à 6h00    Mis à jour le 22 octobre 2015 à 12h43

Romain Beausoleil

Les mutuelles ont bien résisté au premier semestre. Mais s'inquiètent du contexte financier et des décisions prises par les pouvoirs publics.

Les mutuelles du Groupement des entreprises mutuelles d'assurances (Gema) ont enregistré, au premier semestre, un chiffre d'affaires en hausse de 4,5 % en dommages (contre 4 % pour le reste du marché). Dans le même temps, la collecte en assurance vie chute de 6 %, lorsque l'ensemble de la profession recule de 11 %.

Mais si les mutuelles résistent, l'heure est loin d'être à la satisfaction. La crise des dettes souveraines plombe le moral des dirigeants, y compris des mutualistes, a priori moins exposées que les sociétés d'assurance. « Les mutuelles, même si elles ne sont pas cotées, sont concernées par cette crise. L'exposition de nos membres à la Grèce est toutefois modérée et gérable sans difficulté », affirme Gérard Andreck, président du Gema. Plus que le sort de la Grèce, le groupement suit comme le lait sur le feu le moindre phénomène de contagion. « Nos inquiétudes portent principalement sur le cas des dettes espagnole et italienne. »

Agacement

Dans ce contexte, où l'idée d'une recapitalisation des banques fait son chemin, le Gema ne cache pas son agacement. Et cela, d'autant plus que les bancassureurs continuent de gagner des parts de marché dans les branches dommages du particulier, au détriment des opérateurs traditionnels, au premier rang desquelles les mutuelles sans intermédiaires (lire aussi p. 76). « Il n'est pas normal de privilégier un secteur par rapport à l'autre. Il ne faudrait pas que les mutuelles subissent une distorsion de concurrence au motif qu'elles adoptent une gestion prudente », insiste Gérard Andreck, qui n'exclut pas l'idée de demander « des compensations » si le gouvernement vient au secours des banques. Tout en précisant qu'il « n'était pas opposé à toutes aides aux banques dans la mesure où la survie du système bancaire est importante » .

Autre sujet de mécontentement : le report du chantier de la dépendance, alors que la profession avait formulé plusieurs propositions. Mais, dans la catégorie des sujets conflictuels, c'est bien la nouvelle taxation des contrats de complémentaire santé qui arrive en tête.

Un brin de fatalisme

Plus qu'un « acharnement » du gouvernement, le Gema évoque « un coup grave porté à l'accès aux soins », puisque la nouvelle taxe renchérira encore un peu plus le prix des contrats. « Nous n'avons pas les moyens, du moins temporairement, de nous opposer à cette décision », lâche, un brin fataliste, Gérard Andreck. Il faut dire que les mutuelles n'ont cessé, au cours des dernières années, d'être mises à contribution par les pouvoirs publics soucieux de dégager de nouvelles recettes. Résultat, la charge fiscale des contrats santé s'élève maintenant à plus de 13 %. Et, comme le souligne le Gema, « le gouvernement n'a pris aucun engagement d'en rester là pour l'avenir : peut être est-il dans ses intentions de poursuivre cette escalade fiscale en 2013 et dans les années suivantes » . En attendant, les mutuelles retravaillent leur tarification pour 2012.

Majorations tarifaires

Sans surprise, l'exercice prochain sera marqué par de nouvelles majorations. En santé, « les prix devraient croître de 2 à 5 % pour les acteurs disposant de portefeuilles significatifs », indique-t-on au Gema. De fait, tout le monde, ou presque, répercutera le doublement de la taxe sur les contrats responsables (de 3,5 à 7 %). Pour l'heure, seule la GMF a pris le contre-pied. Un coup marketing très habile qui, de surcroît, n'aura que très peu d'impact sur ses comptes, dans la mesure où elle ne dispose "que" de 20 000 polices.

En auto, les augmentations tarifaires oscilleront au global « entre 1 et 3 % du fait de la dérive du coût moyen des sinistres corporels » . Concernant la branche habitation, la situation est beaucoup plus contrastée entre les sociétés. Selon toutes vraisemblances, les majorations seront comprises entre 2 et 5%.

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