L'analyse de S&P

Les assureurs vie britanniques dans l'expectative

Publié le 2 janvier 2013 à 6h00    Mis à jour le 17 février 2016 à 11h23

Virgine Crepy

Virgine Crepy
directrice associée, services financiers de S&P

Dans un contexte économique difficile et de baisse des marges du fait d'un environnement persistant de taux bas, l'assurance vie britannique connaît actuellement de nombreux changements réglementaires (pas moins de treize, définitifs ou potentiels, entre 2012 et 2014), ayant une influence importante sur le paysage concurrentiel. Parmi ceux-ci et à court terme, la Retail Distribution Review modifiera la structure de rémunération des intermédiaires pour la plupart des produits d'assurance vie, hors prévoyance. Celle-ci ne pourra plus être basée sur une commission pour les conseils fournis, et les assurés devront formellement rémunérer ce service (lire aussi p. 54). Or, il faut rappeler que ce modèle de commissionnement est adopté par la plupart des conseillers financiers indépendants au Royaume-Uni, qui représentent 78 % des ventes en 2011, sur la base de primes annualisées. De plus, selon nous, la réaction des assurés face à ce changement demeure incertaine.

Dès lors, nous anticipons une baisse des affaires nouvelles en assurance vie en 2013 et 2014, liée à un réajustement nécessaire du marché aux nouvelles pratiques de tarification. Les assureurs ne distribuant pas leur contrat via les conseillers indépendants ou ayant un réseau propriétaire, devraient toutefois être moins touchés. A plus long terme, nous projetons que des facteurs qualitatifs comme les caractéristiques des produits, la qualité de service, ou la réputation, deviendront des avantages compétitifs encore plus importants qu'aujourd'hui.

Certains assureurs voient dans l'introduction de l'Auto Enrolment - un autre changement réglementaire intégrant automatiquement les employés au fonds de pension de leur compagnie - des perspectives de croissance. Néanmoins, certains employeurs pourraient profiter de cette opportunité pour renégocier leur contrat et les bénéfices associés. En outre, les employés ont toujours la possibilité de sortir du fonds de pension de leur compagnie. Car les cotisations à verser constituent pour eux un coût supplémentaire.

A l'instar de leurs homologues européens, l'environnement persistant de taux bas constitue aussi un challenge pour l'ensemble des assureurs vie britanniques, et ce, en dépit de taux garantis plutôt faibles ou de politiques de couvertures déjà existantes. Bien qu'ils aient souvent pu réajuster leurs tarifs, les rendements des placements s'affaiblissent du fait de réinvestissements à des taux plus faibles qu'anticipé lors de la souscription des contrats. Les pratiques solides en gestion d'actif-passif ou la capacité à réduire les bonus attachés aux contrats "with profits" nuancent toutefois ces éléments. La dégradation de la qualité de crédit n'apparaît pas encore matérielle chez les assureurs britanniques, mais la baisse des taux pourrait conduire certains d'entre eux à rechercher des politiques d'investissements plus offensives.

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