« Les assureurs santé font preuve d’inertie face à un modèle usé »

Publié le 6 septembre 2012 à 8h00    Mis à jour le 22 octobre 2015 à 12h41

Géraldine Bruguière-Fontenille


Ancienresponsable du département santé/prévoyance chez Maaf assurances, puisdirecteur marketing de La Mutuelle générale, Xavier Toulon a notammentparticipé à la conception des premiers produits modulaires en santéindividuelle. Fort de cette expérience, il vient de publierun ouvrage explosif sur les complémentaires santé. Il revient pour La Tribunede l’assurance sur les lacunes du système.

Vouspubliez un ouvrage intitulé Complémentaires santé, il vafalloir assurer ! Est-ce un signal d’alarme ?

J’ai rédigé cet ouvrageparce que je pense que le modèle actuel de l’assurance complémentaire santé s’essouffleprogressivement. Il est donc important de le mettre en perspective et sedemander s’il sera viable à moyen terme. D’ici cinq ans, les besoins d’unepartie des assurés en assurance santé serontdifférents et plus orientés vers les risques lourds tels que l’hospitalisation.Le point sensible aujourd’hui, c’est l’augmentation des tarifs. Au rythmeactuel, ces augmentations ne pourront pas durer car elles ne pourront plus êtreabsorbées par beaucoup de ménages. C’est ce phénomène qui fera bouger leslignes du côté des organismes de complémentaire santé.

Lahausse des tarifs en assurance santé est surtoutliée au désengagement du régime obligatoire…

Oui c’est vrai, mais passeulement. Il y a aussi l’augmentation des taxes. Et il faut également parler del’explosion des taux de chargement, notamment d’acquisition. Ces taux sontdevenus très élevés. Ils peuvent atteindre jusqu’à 35 %. Avec les taxes, cela faitpratiquement la moitié des cotisations. Autrement dit, l’intervention descomplémentaires a un coût élevé. Il est donc crucial de bien déterminer lespostes où elles ont une réelle utilité.

Dansvotre ouvrage, vous portez un regard critique sur les stratégies des acteurs dela complémentaire santé. Pourquoi ?

Je trouve que lesorganismes de complémentaire santé font preuve d’une certaine inertie face à unmodèle usé. Aujourd’hui, il y a trop de faux débats. S’il est vrai qu’il y aune réelle difficulté d’accès aux soins pour environ 20 % de la population, ily a aussi 80 % de la population qui a la capacité de s’assurer pour lesdépenses courantes. Les assureurs doivent concentrer leurs efforts et leursstratégies vers cet objectif : apporter une meilleure prise en charge desdépenses importantes qui pèsent sur les budgets et qui peuvent amener une partcroissante de ménages à renoncer aux soins. Pour contenir les prix, il faudraalors moins se concentrer sur les frais de santéles plus courants ou sur le remboursement d’actes de consommation, commel’optique par exemple. De manière générale, les complémentaires devront cesserde déroger aux principes de base de toute activité d’assurance.

Maisles organismes de complémentaire santé sont contraints par le cadreréglementaire des contrats responsables. Pensez-vous qu’il y a tout de même unemarge d’innovation ?

En individuel, avec un différentiel de 2 pointsde taxes, l’intérêt de rester dans le cadrefiscal avantageux du contrat responsable s’est considérablement amoindri. Celadevrait pousser les assureurs à en sortir et à être plus libre de proposer desoffres produits innovantes. Une solution serait, par exemple, de proposer descontrats avec des franchises de faible montant mais cela nécessite de sortir ducadre des contrats responsables. Si le contrat responsable empêche de trouverdes solutions intelligentes, alors il faut lever le tabou et en sortir.

A lireégalement notre dossier "Santé individuelle : l’état d’urgence"dans le numéro de septembre.

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